Imaginez une armée en déroute, noyée sous une pluie continue, sans véritable chef et sans artillerie, ses officiers se chamaillant sans cesse et ses soldats désabusés, accablés par de nombreuses désertions et n’ayant toujours pas compris les raisons de la défaite - ou, peut-être, se refusant à essayer de les deviner. Scènes pénibles : des soldats affamés, en guenilles et craignant leur propre ombre. En un mot, imaginez une débâcle.
Ce qui rend les débâcles moins difficiles à supporter pour la troupe, c’est l’agitation d’une minorité qui entend continuer le combat, qui refuse la défaite et qui veut encore y croire. C’est le refus de l’humiliation totale qui guide alors le dernier carré. C’est la volonté de ne pas se dédire, de ne pas trahir ses engagements et c’est aussi la certitude qu’un coup d’éclat, même s’il s’agit du dernier, en vaut toujours la peine.
Ceux qui ont, ne serait-ce qu’une seule fois dans leur vie, connu les affres d’une correction sur un stade comprendront ce que je veux dire. Je ne vais pas évoquer mes souvenirs de l’équipe de basket-ball de l’ex-Enita, c’est encore douloureux…
En revanche, j’ai toujours en mémoire le naufrage de l’équipe du Zaïre lors de la Coupe du monde de football 1974 en Allemagne. Menée au score neuf à zéro par la Yougoslavie, ses membres erraient comme des zombies sur le terrain à l’exception d’un seul, un avant, qui continuait à se démener pour marquer et sauver l’honneur. Il y eut aussi un certain Tunisie-Brésil en 1973, de Bizerte à Zarzis, on ignora la défaite (4 buts à 1) pour ne retenir que « l’exploit », les Tunisiens ayant réussi à marquer un but aux champions du monde (à l’époque, on se contentait de ce genre de joies simples…)
D’exploit, le parti socialiste français n’en semble guère capable. À en croire les médias et la majorité des politologues, les législatives, dont le premier tour a lieu ce dimanche, risquent de déboucher sur un résultat encore plus désastreux qu’en 1993.
Triste perspective pour un parti à qui tout semblait promis il y a moins d’un an et qui, aujourd’hui, se donne en spectacle et se déchire sous les quolibets de ses adversaires et les soupirs de ses partisans. La pièce est pathétique et plutôt que d’évoquer une comédie ou un drame, je me contente de parler de farce.
Mais revenons au dernier carré. Il y a quelques jours, j’attendais le bus à un arrêt situé juste à côté d’une bouche de métro.
De grosses gouttes de pluie commençaient à s’écraser sur le sol, des rafales soulevaient papiers gras et sachets en plastic et des nuages noirs s’installaient au-dessus de nos têtes. Bref, un nouvel orage s’annonçait (je remarque au passage que le temps est vraiment pourri depuis l’élection de qui vous savez…).
Et puis, il y avait cette jeune fille, les cheveux déjà trempés, installée entre l’arrêt de bus et la station de métro.
Une pile de tracts électoraux coincésentre sa poitrine et son avant-bras gauche, elle distribuait des appels à voter pour Anne Hidalgo, une candidate socialiste, adjointe au maire de Paris. Des mains, pas toutes, acceptaient le feuillet tendu. Coupd’oeil rapide, rares sourires, moues fréquentes et, souvent chiffonnés, les papiers finissaient sur le sol avant d’être emportés par les bourrasques. Edifiant. Vint soudain, un quadragénaire, qui prit le temps de lire le tract avant d’offrir une mine chagrine à la jeune militante. « Vous devriez être chez vous à réviser vos examens », dit-il sans aucune trace de méchanceté dans la voix. « Pensez à vous, c’est déjà plié. Ils ont perdu. La prochaine fois peut-être. Il faut ménager ses forces ».
La jeune fille, d’une voix un peu trop aigu et des phrases trop souvent conclues par des « on » ou des « heu », « j’crois pas-on ! », « vous avez tort-heu ! », a protesté. Elle a parlé d’engagement, de refus d’une défaite annoncée à l’avance par des médias qui sont désormais sous contrôle et de la nécessité de ne pas laisser une Assemblée devenir pire que ce qu’elle a été au cours des dernières années, c’est-à -dire l’empêcher de passer du statut de chambre d’enregistrement à celui de place d’acclamations. Elle n’a pas tort. Le pouvoir total que met en place Sarkozy n’est pas sain.
Vous me direz, c’est le résultat d’un vote et que c’est le jeu de la démocratie. Cela reste vrai tant que la démocratie ne débouche pas sur un parti unique omnipuissant. La démocratie, c’est normalement le meilleur système pour que le choix populaire s’exprime mais aussi pour que des mécanismes solides permettent l’exercice de contre-pouvoirs efficaces.
« Pourquoi cherches-tu souvent à faire croire que la France est au bord de la guerre civile ? », m’a demandé récemment un confrère. Ce n’est pas mon but mais c’est vrai que la situation politique m’inquiète. La facilité, pour beaucoup, est de penser que les choses vont enfin s’améliorer dans l’Hexagone parce que le président élu ne subira aucune contestation sérieuse. C’est une vision qui est très fréquente sous toutes les latitudes. Pourtant le changement le plus efficace est celui qui est mené dans un processus où l’opposition est constante. Pour avancer, et quel que soit le contexte, on a toujours besoin de contradicteurs et de critiques y compris les plus acerbes et cela vaut autant dans la vie d’une nation que celle d’une organisation ou d’une entreprise. C’est pourtant de cela que ne veut pas entendre Sarkozy, ce qui le rapproche d’une certaine façon des dirigeants et responsables arabes pour qui la moindre critique est une insulte à l’honneur et qui, du coup, mérite le garrot.
Mais Sarkozy n’est pas responsable de l’enlisement de la gauche. Les dirigeants socialistes font actuellement honte au parti qu’il prétendent défendre et aux militants qui, eux, n’ont pas abandonné la partie. Au lieu d’avoir des discours volontaristes qui refusent l’hégémonie de l’UMP, nous avons droit à des petites phrases, des petites manoeuvres et des combines. Voilà pourquoi de nombreux électeurs socialistes vont malheureusement aller à la pêche ce dimanche.
Pour terminer, et pour prouver que la débâcle annoncée ne mine pas mon moral, je vais vous livrer une prédiction.
En 2012, la gauche sera au plus haut dansles sondages, la victoire ne lui échappera pas, la droite sera laminée, divisée et le TSS (Tout sauf Sarkozy) fera rage. Quant à l’ouvrage qui se vendra le mieux dans les librairies, il s’agira de « Qui connaît monsieur Sarkozy ? » d’un certain Eric Besson avec préface de Bernard Kouchner…
"la droite sera laminée, divisée et le TSS (Tout sauf Sarkozy) fera rage en 2012". Peut-être bien avant si l’on en juge par ceux qui comparent le clan sarko aux Kennedy ! assassiné un an aprés les elections, le fiston qui devait reprendre la relève, disparu dans les eaux troubles d’un océan , la mère emportée par un cancer qui lui a rongé tous ses os ! et d’ailleurs ça commence bien pour sarko pour sa première conférence au G8, bourré plus qu’Estine !la vidéo circule sur le Net !pourquoi Bashchich ne la diffuse pas et n’en parle pas ?
ne va-t-il pas plutot subir le sort de Louis 16 , c’est ue un flash que j’ai eu , au moment des émeutes de 2005, arte avait programmé toute une série sur la révoltion française jusqu’à la décapitation du roi et de son épouse !!!!prémonitoire ! qui vivra,verra !!!!
Il n’y a pas si longtemps encore on parlait de la droite la plus conne du monde
en 10 ans
la bascule est assurée
gauche inaudible et sans idée
qui depuis 2002 nous dit qu’elle réfléchit et travaille pour ne sortir rien de construit et de crédible
Je reste convaincu que l’élection de M. Sarkozy doit beaucoup à la faiblesse de Ségolène Royale Que le fonctionnement du PS pose problème car vu de l’extérieur du PS, le candidat le mieux placé était DSK Qui n’avait pas à construire durant la campagne la stature d’un homme d’état (il l’avait déjà) et était le plus a même de rassembler au centre comme le déplacement à droite de M. Sarkozy était déjà perceptible
Le référendum en est un autre exemple troublant.
Vote des militants pour le "oui"
Ligne non suivie par la moitié des dirigeants, qui se prévale après coup de la victoire du "non". Après ces mêmes barons sont laminés par les dirigeants actuels pour leur "coup" (voir certaines investitures aux législatives)
donc du PS sort des choix incohérents plus d’idée ou de force de proposition audible spectacle désastreux de combat des chefs
pour mobiliser, effectivement il y a mieux