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L’homme qui murmurait à l’oreille des veaux et celui qui a fait péter la baudruche

« Là-bas si j’y suis », l’édito de rentrée / mardi 2 septembre 2008 par Daniel Mermet
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C’est la rentrée sur France Inter. Sauf pour Jean-Marc Sylvestre qui quitte la station, une immense perte. En revanche, l’équipe de « Là-bas si j’y suis », avec une audience en forte hausse, reprend à 15 heures du lundi au vendredi, sur les chapeaux de roue. Nos amis témoignent dans le texte qu’ils nous ont livrés de leur bonne humeur.

C’est la rentrée, mais malgré sourires et entrain, nous avons le cœur bien lourd. Jusqu’au bout nous avons espéré, mais on ne peut plus le cacher, Jean-Marc nous a quittés. Oui, l’éditorialiste économique Jean-Marc Sylvestre a quitté France Inter. Sans esclandre, sans tapage, le hussard noir du capitalisme a rejoint la direction de l’information de TF1.

Alors, d’abord nous pensons à ces centaines de milliers d’auditeurs désemparés, sans guide et sans boussole désormais. Voilà 22 ans que chaque matin à 7h25, le dalaï lama du CAC 40 nous dit ce que nous devons penser. 22 ans qu’il réveille la France en lui parlant de l’horreur des 35 heures, des grèves qui prennent l’usager en otage, des privilégiés des régimes spéciaux, du Oui à la constitution européenne ou de la nécessité de « moderniser » le financement de la Santé et des retraites dans un pays archaïque où les entreprises sont écrasées par les charges.

Comment combler le manque que laisse cet infatigable télévangéliste du marché, cet humble propagateur de la foi ultralibérale ? Et quelle simplicité ! Jamais dans les couloirs de France Inter on ne l’a vu arborer la légion d’honneur que son ami Nicolas Sarkozy lui avait remis en 2004. Toujours prêt à défendre les intérêts des nantis et des puissants et à nous enseigner la résignation par la modestie ou par l’évidence : « Le libéralisme n’est pas une construction intellectuelle comme le marxisme, le monde a été créé ainsi, tel était le message de Jean-Marc, le libéralisme est inscrit dans la nature humaine, parfois violente et injuste », nous répétait-il (Interview à VSD, 20/01/05)

Pendant 22 ans, cet homme a murmuré à l’oreille des veaux. Un homme toujours prêt à lécher les maîtres du monde jusqu’entre les doigts de pieds là où ça sent pas toujours très bon.

Alors, bien sûr, France Inter lui a trouvé un successeur. Mais de partout monte le choeur des auditeurs déboussolés « Pourvu que le prochain soit aussi caricatural ! », disent-ils « Jean-Marc n’avait pas son pareil pour vous faire monter l’adrénaline dès le matin, c’était bon pour démarrer la journée ! Jean-Marc Sylvestre, c’est le type qui est la caricature de tout ce qu’il défend. Il a fait réagir tant d’auditeurs, tant de colères et tant de rigolades entre le café et la brosse à dents, qu’il a plus fait pour dévoiler l’horreur économique que pour la faire avaler… Jean-Marc, tu vas nous manquer ! Jean-Marc reviens ! »

Sylvestre s’en va, heureusement il reste Val

Bref, Jean-Marc nous abandonne , mais heureusement, nous avons une consolation, Philippe Val est toujours là, toujours sur France Inter, le philosophe Philippe Val, le patron de Charlie Hebdo, celui qui a eu le courage de virer l’infâme dessinateur Siné ! La grande affaire de l’été à laquelle personne n’a pu échapper.

Ah, comme l’équipe de Là-bas était malheureuse d’être en vacances au milieu des vahinées, et de ne pas pouvoir soutenir l’ami de BHL et de Laurent Joffrin, celui qu’Alexandre Adler prend pour Emile Zola, celui qui a eu le courage de faire lyncher le vieux Bob Siné, tout comme il a réglé son compte au tout puissant Denis Robert, tout comme il a anéanti le révisionniste Noam Chomsky et tous les autres antisémites qui encombrent cette planète !

Les antisémites sont partout

Car ils sont de plus en plus nombreux ces serpents, ils sont partout ! Ce n’est plus seulement Edgar Morin et Eric Hazan, plus seulement Pierre Bourdieu ou Hugo Chavez qui sont antisémites, plus seulement Bruno Guigue, Pascal Boniface, José Bové, Alain Badiou, Jacques Bouveresse, la rédaction du Monde diplomatique, Eyal Sevan ou Charles Enderlin, mais combien d’autres (sans parler de celui qui vous parle ! ) combien d’autres ? C’est pourquoi Charlie Hebdo a rejoint la chasse contre ces sorcières. Depuis des années, un petit réseau d’inquisiteurs zélés ont trouvé une ficelle très efficace pour discréditer ceux qui leur déplaisent, c’est de les accuser ou de les faire accuser d’antisémitisme. Un mot qu’ils jugent douteux, une critique de la politique israélienne, ou de la politique de Washington, ou de l’Otan, ou même de l’occident, et ils font de vous un nouveau Drumont, ou un nouvel Eichmann.

Ils se disent « sionistes », ils disent défendre Israël, mais ils sont de droite avant tout, même d’extrême droite, souvent proches des néocons américains, leur objectif c’est de salir leurs adversaires politiques, des gens classés à gauche, en les faisant passer pour antisémite. Ça ne marche jamais, devant les tribunaux, ces accusateurs perdent toujours, mais peu importe, pour eux, c’est la calomnie qui compte. C’est salir qui compte. Et ça, ça marche, toutes les personnes qu’on vient de citer ont subi des conséquences dans leur vie professionnelle ou privée. C’est quelque chose d’ assez ignoble qui s’est collé à la vie politique, médiatique et intellectuelle en France, surtout depuis 2001, 2002. Quelque chose qui inhibe, qui pervertit l’information, qui bloque les débats, c’est une immense censure non dite. C’est un terrorisme intellectuel tout à fait comparable au Maccarthysme américain ou à la terreur que faisaient régner les staliniens français dans les années 50/60.

« Val a fait péter la grosse baudruche ! »

Or, tout ça vous le savez. Voilà des années qu’on en parle dans Là-bas si j’y suis. Tout le monde le sait. Et tout le monde se tait. Nous traversons des temps de résignation et de désespérance morne. Mais sous la lâcheté, ça fermente quand même, ça couve, ça pue c’est vrai, mais ça s’accumule comme du gaz dans une bombonne.

Et voilà que début juillet, BOUM ! Val a fait péter la grosse baudruche ! Ce maladroit s’est pris les pieds dans ses grosses ficelles. Il est tombé dans son propre piège et une immense poubelle de merde l’a entièrement recouvert, lui et ses « collaborateurs ».

Quelle injustice ! Alors même qu’il est celui qui aura le plus efficacement mis en évidence l’ignoble imposture du chantage à l’antisémitisme. Il l’a fait involontairement, sans aucun doute. Mais peu importe. Car cette imposture est criminelle. La banalisation de l’antisémitisme est un crime contre la mémoire des victimes. A voir des antisémites partout, on en voit nulle part. La banalisation de l’antisémitisme détourne et rend impossible la vraie lutte contre l’antisémitisme et le racisme. Ce détournement doit être combattu partout et par tous, au grand jour.

Beaucoup d’autres choses ont surgi et cette histoire n’est pas terminée.

Celle-ci et d’autres nous attendent au coin du bois, au coin de la rue, au bout du monde.

Tiens bon la rampe Sally Mara, Là-bas repart pour un tour !


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29 MESSAGES
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Forum

  • L’homme qui murmurait à l’oreille des veaux et celui qui a fait péter la baudruche
    le mercredi 29 octobre 2008 à 11:08, Marcus a dit :

    Tout acheteur de SINE-HEBDO est un antisémite !

    Toute personne ayant résilié son abonnement à Charlie-hebdo est un milicien

    Si, en plus, il s’est abonné à SINE-HEBO, c’est un SS.

    Mais s’il rit encore en lisant Charlie-hebdo, c’est un CRS

    (2nd degré)

  • L’homme qui murmurait à l’oreille des veaux et celui qui a fait péter la baudruche
    le vendredi 19 septembre 2008 à 19:27, Alain Pauche a dit :

    Sylvestre va manquer aux auditeurs de France Inter. Lever à l’aube, il travaillait vite et éditorialisait à droite toute sans complexe et sans se poser des questions oiseuses sur les systèmes de redistribution des richesses et de la réduction des inégalités. Chassant le fonctionnaire avec zèle, il s’était amendé. Il y a quelques années il avait été hospitalisé dans un hôpital public, où il avait été bien soigné, et il avait aussi sec défendu des fonctionnaires compétents et dévoués.

    Sylvestre est un journaliste engagé qui réconforte les actionnaires accablés par les taxes, les impôts et "la frilosité" des politiques. Comme il ne connaît pas bien la micro-économie et que ses reportages sur le terrain sont de l’histoire ancienne, il est déconnecté de la réalité et surtout des hommes et des femmes qui travaillent dans les usines, les bureaux, les magasins, les administrations. Sa petite musique matinale est froide, convenue, bien dans le moule. Qu’il soit idéologiquement de droite n’est pas gênant. Il y a pléthore de journalistes de droite. Sylvestre,lui, ne s’affichait pas comme tel, mais comme un journaliste "de bon sens", pragmatique et à l’écoute du monde des affaires. Qu’il soit dépourvu d’humour, l’est en revanche plus. A rebours, la chronique hebdo de Bernard Maris est marrante, souvent surprenante et idéologiquement marquée, mais à gauche. Mais supporterait-on Maris tous les jours ?

  • L’homme qui murmurait à l’oreille des veaux et celui qui a fait péter la baudruche
    le lundi 8 septembre 2008 à 09:50, Djinn a dit :

    "La banalisation de l’antisémitisme est un crime contre la mémoire des victimes. A voir des antisémites partout, on en voit nulle part. La banalisation de l’antisémitisme détourne et rend impossible la vraie lutte contre l’antisémitisme et le racisme."

    Heureusement Daniel que vous ajoutez la précision toujours indispensable. J’ai failli croire que vous étiez un mal-pensant.

  • L’homme qui murmurait à l’oreille des veaux et celui qui a fait péter la baudruche
    le mercredi 3 septembre 2008 à 18:54, franoise, AMG de là-bas a dit :
    On reconnaît bien là l’amateurisme de ces gauchos-antisémito-journaleux. Vous avez oublié Edgar Morin dans la longue liste des antisémites notoires. Ses parents l’ignoraient, ses amis aussi, lui même n’en est probablement pas conscient mais ça n’a pas échappé nos visionnaires (c’est un peu notre chomsky à nous…). Alors faites votre boulot avec un peu plus de sérieux, SVP, sinon j’achète Charlie Hebdo…
  • Eyal
    le mercredi 3 septembre 2008 à 14:53
    Sivan, c’est mieux sans faute
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