La France, gardienne des droits de l’homme et du citoyen, et ses confrères européens ont une fois de plus jouer aux grands timides face au régime de Ben Ali.
Tout s’est passé lors d’une émission de TV5 consacrée à la presse au Maghreb et diffusée le dimanche 25 juin : une des interventions a été sucrée lors du montage final. C’était justement celle consacrée au rôle (timoré) de l’Union européenne pour faire respecter les droits de l’Homme en Tunisie. À un intervenant qui dénonçait le fait que « l’UE, ne fait rien en matière de droits de l’Homme en Tunisie », l’animateur aurait répondu « Oui, mais elle (l’UE) finance cette émission ». Bien sûr, le présentateur dément tout censure et explique qu’il fallait couper quelques minutes par-ci et par là. Mais c’est quand même curieux qu’un bout aussi intéressant ait sauté. Non ?
Cette anecdote n’est d’ailleurs pas sans rappeler le silence poltron des dirigeants européens, et ce à maintes reprises, quand il est question d’aborder le sujet au combien sensible des droits de l’homme au pays de Bac moins 3. Le comble a été certainement atteint quand aucun de nos représentants ne s’est insurgé contre l’organisation du Sommet Mondial de la Société d’Information (SMSI) en novembre dernier à Tunis. La presse, avant l’arrivée des délégations était déjà hors d’état de nuire. Et les contestataires derrière les barreaux. On aurait pu croire à une blague de mauvais goût, même pas !
Finalement il est désolant de constater qu’une fois de plus les Français et leurs collègues européens font preuve de tolérance et clémence face à ce régime qui emprisonne à tour de bras les dissidents, comme c’est le cas de Mohamed Abbou, le célèbre avocat tunisien défenseur des droits de l’homme, toujours à croupir dans sa cellule… Doit-on aussi passer sous silence que de grands quotidiens arabes - après Al-Hayat, c’est au tour d’Al-Quds al-Arabi- mettent un terme à leur diffusion en Tunisie pour protester contre les fréquentes interdictions et les problèmes récurrents de distributions ?