Enter the Void est un film éblouissant, hanté par la drogue, le sexe et la mort. Rencontre avec le réalisateur, Gaspar Noé, le plus visionnaire des cinéastes français.
Bakchich Hebdo : La première fois que je vous ai rencontré, il y a une vingtaine d’années, vous me parliez déjà de "2001, l’odyssée de l’espace", film matrice d’Enter the Void.
Gaspar Noé : Oui, et, à l’époque, je voulais déjà faire ce film. Ça a juste un peu traîné (rires). "2001…" est une odyssée très réaliste qui devient de plus en plus irréelle vers la fin. Mon film est irréel dès la 30e minute, c’est une odyssée psychédélique dans la tête du héros en train de mourir, une odyssée en forme d’impasse.
B. H. : "Enter the Void" s’apparente à un mauvais trip, mais c’est également un film sous influence.
G. N. : J’avais adoré "2001…", "Stalker", "Eraserhead", "Vidéodrome" et "Au-delà du réel" de Ken Russell. Je m’étais dit que ce serait drôle de faire un film en vision subjective – le plus bel artifice cinématographique – où l’on accompagne un personnage dans ses perceptions altérées et vers le tunnel de lumière tel qu’il est décrit dans tous ces livres sur la vie après la mort, notamment le Livre des morts tibétain.
B. H. : C’est le fait d’être consommateur de drogue qui vous a donné envie de tourner ce film ?
G. N. : Le sucre est une drogue, l’alcool est une drogue, la cigarette est une drogue, l’oxygène est une drogue… L’absence d’oxygène ou d’eau génère une crise de manque. Pour répondre à la question, je connais bien l’ecstasy, les boîtes techno…
B. H. : Pour la drogue, c’était open bar sur le tournage ?
G. N. : Si tu te drogues sur un film, tu ne peux pas bosser correctement. Sur le tournage, personne ne se droguait, même pas un joint. C’était la condition sine qua non.
B. H. : J’ai aperçu le cinéaste Jan Kounen lors de la projection de votre film. Êtes-vous, comme lui, adepte des trekkings-psychotropes en Amérique du Sud ?
G. N. : Avant "Irréversible", il m’a emmené au Pérou prendre de l’ayahuasca, une boisson « magique », faite à partir de lianes, qui contient du DMT. C’est la chose la plus hallucinogène et la plus dangereuse qui soit.
B. H. : Comparé à des films-trips comme "Blueberry" ou "Au-delà du réel", "Enter the Void" est beaucoup plus immersif.
G. N. : Grâce à la technologie numérique, c’est maintenant beaucoup plus facile de proposer des visions hallucinogènes, des distorsions visuelles, du « flicker » (effets de clignotements, ndlr)…
B. H. : "Enter the Void" dure 2 h 35. N’aurait-il pas gagné à être plus court ?
G. N. : Le scénario d’"Irréversible" faisait trois pages ; celui-ci, plus de cent vingt ! Pour la durée, il y a ceux qui acceptent de monter dans le train fantôme et de « mal triper », mais aussi ceux qui n’aiment pas lâcher prise. Les effets stroboscopiques peuvent provoquer une fatigue psychique, rétinienne. Le film est épuisant. Une version courte va sortir aux USA et au Japon avec dix-sept minutes en moins. Elle sera peut-être en bonus sur le DVD français.
B. H. : Avec un tel sujet, les scènes de sexe et de drogue, c’est quand même un suicide commercial, non ?
G. N. : (étonné) En tant que réalisateur, je me pose d’abord des questions quant à la réussite filmique et je suis content du résultat.
B. H. : Pourquoi ces plans provoc, notamment le fœtus et le pénis vu de l’intérieur du vagin ?
G. N. : Il n’y a rien de plus facile que d’épater le bourgeois, surtout à Cannes. Le fœtus dit bonjour à la caméra, c’est mignon (rires). Pourquoi ne pas montrer un avortement ? Au Japon, cela se passe exactement comme cela.
B. H. : Et l’on revient au "2001, l’odyssée de l’espace", de Kubrick.
G. N. : Oui et à un autre film que j’adore : "4 mois, 3 semaines, 2 jours" (film roumain, Palme d’or à Cannes en 2007, ndlr). Comme "Carne" et "Irréversible", "Enter the Void" renvoie à la condition de l’espèce humaine : nous ne sommes qu’un bout de viande.
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Que le seul réalisateur français qui se revendique de l’héritage de David Lynch ou de Lars von Trier soit cet homme, cela amène à beaucoup de questions.
Je crois que Gaspar Noé est un dilemme pour tous ceux qui s’intéressent de près au cinéma. Il est à la fois un des cinéastes français les plus avant-gardistes et intéressants, mais il est aussi un spécialiste de la virtuosité superficielle et de la provocation puérile. De toute évidence, Enter the Void, son film le plus extrême et le plus "abouti", a confirmé ces tendances divergentes.
Pour moi c’est un symbole de ce-qu’il-ne faut-pas-faire-avec-une-caméra. Évidemment, ses films sont des expériences uniques… Peu d’auteurs ont osé expérimenter avec tant d’arrogance juvénile. Peu d’auteurs ont importé les pratiques du clip et de la pornographie dans le cinéma en maniant aussi habilement les ambigüités sur leurs intentions. Mais chez Gaspar Noé, ce qui est troublant, c’est qu’il n’y a pas d’intention ! Ce réalisateur, un peu comme un Tarantino primitif et sans talent, cherche avant tout à s’amuser avec une caméra en recyclant les bas instincts de l’humanité.
Pour ceux que ça intéresse, nous avons ouvert un débat :
ou il en manque un bout, ou GN l’avoue sans détours (ou je n’ai rien compris) : il joue à épater le bourgeois.
Ce qui le rend un peu plus sympathique (être un (sale) gosse qui joue vaut mieux qu’une posture de génie définitif). Mais ça limite aussi l’intérêt qu’on peut porter à sa démarche.
S.
t’as fais irreversible paske on ta filer du pognon alors que t’avais pas d’idées, tu fais celui là pour nous faire croire que tout c’est bien passé là bas, mais t’as toujours rien à dire… on pourrais croire que tu deviens con en vieillissant mais non tu l’était dejà avant… aucun intérêt… et tous les adjectifs superlatifs ne ferons que masquer le vide…
ah tiens tu pourrais te mettre à faire du VJing !
Ca t’irait bien je pense…