« Bakchich » se doit de rectifier les assertions hilarantes de l’Ex publiées dans Le Monde le jour de sa mise en examen
Le Chi vient juste d’avoir 75 ans, mais reste visiblement en pleine forme. Bien sûr, la démarche est moins assurée qu’avant, notamment au moment de pénétrer dans le bureau où l’attend la juge Xavière Siméoni, la semaine dernière. Mais le nouveau retraité vient tout de même de faire la preuve que son humour restait intact. Il en a administré la preuve dans une tribune proprement désopilante publiée par le pourtant austère quotidien du soir, Le Monde, le 22 novembre dernier. Intitulé sobrement « La vérité sur les chargés de mission », le texte signé Jacques Chirac essaie bien de jouer l’opinion contre la justice. Mais aboutit surtout à provoquer l’hilarité des connaisseurs du dossier, qui lui vaut une mise en examen pour « détournement de fonds publics ».
Première saillie de l’ancien chef de l’État : il est très content d’être interrogé par un juge puisque ce « sera l’occasion de rétablir la vérité » affirme-t-il. Une défense très « années 90 », quand les ministres en délicatesse avec la justice proclamaient haut et fort qu’ils avaient eux-mêmes demandé leur mise en examen pour mieux se défendre… Qui peut croire encore pareille assertion. Ensuite, l’impayable Chirac en vient au fond, jurant la main sur le cœur que « jamais les moyens de la Ville de Paris n’ont été mis au service d’autres ambitions que d’agir pour les parisiens et les parisiennes ». Bakchich est en mesure de confirmer qu’effectivement, par exemple, Annick Demoustier-Perben, l’épouse de l’ancien ministre UMP Dominique Perben, qui a été rémunérée pour un vague emploi sans affectation précise à partir de 1994, était parisienne, plus précisément domiciliée rue d’Assas.
L’Hôtel de Ville a effectivement « agi » pour elle, à hauteur de 19 000 francs par mois. L’ancien maire de Paris précise également que « jamais il n’y a eu d’enrichissement personnel ». Même pas donc pour l’épouse de l’ancien ministre UDF Hervé de Charrette qui pendant un an a touché deux salaires de la mairie puisqu’elle avait deux contrats, l’un à son nom de femme mariée, l’autre à son nom de jeune fille… Boute-en-train en diable, le Chi poursuit son plaidoyer pro domo en assurant que les titulaires de contrats de complaisance étaient des personnes chargées de « l’éclairer sur des questions de fond ». Ainsi, Alain Costecalde, le chauffeur du sénateur UMP Lucien Lanier, payé sur les fonds du contribuable parisien, devait sans doute conseiller le maire sur les mérites comparés de la CX Prestige par rapport à la Safrane… D’autres chargés de mission fantomatiques étaient, toujours selon le comique Chirac « des femmes et des hommes de qualité traversant une période professionnelle difficile et à qui [il] a voulu redonner une chance ».
C’est sans doute le cas du jeune François Baroin, qui devait être plus proche de la porte que de l’augmentation de salaire au service politique d’Europe 1 où il travaillait en 1992. Et auquel Chirac a généreusement octroyé un salaire « hors échelle 1, 3ème chevron » (sic) c’est-à-dire 30 000 francs mensuels, le temps qu’il patiente jusqu’aux élections législatives de mars 1993 et aille siéger au Palais Bourbon. « C’est cette réalité, bien loin des caricatures infondées ou malveillantes, que je veux rappeler aujourd’hui à mes concitoyens », conclut, décidément pince-sans-rire, l’Ex le plus drôle de France.