Catherine Ringer chante Les Rita Mitsouko and more à La Cigale. No comprendo ?

Les Rita Mitsouko n’ont jamais été un grand groupe de scène. On les a aimés pour les extravagances de leurs chansons des années 80 - quand ils trônaient en tête des hit-parades aux côtés de Niagara, Téléphone, Indochine -, et pour la fraîcheur retrouvée dans les années 2000 avec les puissants albums Cool frénésie et Variety. Ce dernier marquait en 2007 le retentissant retour médiatique du duo autour de déclarations non politiquement correctes du plus bel effet, notamment sur l’état du rap en France. Après la participation à quelques festivals d’été et à la veille d’une tournée des Zénith qui s‘annonçait triomphale, la mort brutale de Fred Chichin en novembre de la même année a annihilé tout espoir de voir le groupe renouer avec le leadership du rock français.

Que faire après la disparition d’un partenaire qui, bien plus qu’un membre d’une importance capitale (guitariste et compositeur), partageait votre vie depuis près de trente ans ?

Trois solutions se présentaient à Catherine Ringer : se retirer, poursuivre sous son propre nom ou prolonger l’aventure Rita Mitsouko. Elle a choisi – pour l’instant - la solution alternative de continuer sous son nom, avec le répertoire des Rita émaillé de reprises.

La diva rock a donc poursuivi la tournée, selon les dernières volontés de son alter ego, à partir de mars 2008. Courageuse décision. La question se pose alors de la publication de ce tour de chant amputé d’une clef de voûte. Un live inédit de l’époque où Fred tenait la guitare sur scène pendant le rodage de cette tournée eut mieux fait l’affaire sans doute, puisque son absence résonne lourdement pendant tout le set.

En guise de témoignage post mortem de la formation, nous avons droit à un objet qui offre une transition entre le passé et l’avenir, mais qui sonne un peu comme du réchauffé (la faute incombe en grande partie à un mixage sans relief, on a connu Mark Plati plus inspiré). Alors bien sûr, « Ding Dang Dong », « Terminal beauté » et « Ma vieille ville » témoignent de la fraîcheur et de la magie retrouvées sur Variety, Catherine Ringer joue la carte du plaisir, nous épargne tout pathos, reste digne et insuffle à ce live beaucoup de cœur. C’est une chanteuse émue - comme l’atteste le DVD joint au disque audio -, qui porte le spectacle, les musiciens sont appliqués, les chansons défilent comme une séance diapos familiale : sans l’ombre d’un angle osé, sans recadrage audacieux, sans flash directionnel, sans surprise. Agréable. Seulement agréable.

On aurait aimé la présence d’invités pour l’occasion, en signe d’amitié, des gens qui ont collaboré avec les Rita, comme l’ex-Téléphone Louis Bertignac, le variéteux Marc Lavoine, le marin d’eau douce Axel Bauer - ou encore Etienne Daho et Philippe Katerine cités avec admiration par le duo en 2007 -, des intervenants qui auraient pu attester que Catherine ne se retrouve pas vraiment toute seule aujourd’hui. Jusqu’au visuel de la pochette, sur lequel la chanteuse affiche une mine angoissée, un certain malaise reste prégnant devant cette solitude nouvelle et totale. Au final, ce live restera l’instantané mat d’une transition difficile, mais les compositions rappellent la grandeur du groupe, l’éternelle flamme de sa créativité sinusoïdale, c’est déjà ça.