Pas grand chose à espérer du 38ème forum économique mondial, qui va se tenir dans la station suisse. Des Chinois, des seconds couteaux, un poil de finance et des débats en pente douce.
Le 22 janvier commence à Davos le traditionnel rassemblement des leaders du capitalisme international. Ce genre de rencontres, comme les G8 du début de l’été, permet aux alter mondialistes et autres nostalgiques des grandes aventures marxistes du XXe siècle de communier dans la haine des puissants. Or, que vont-ils se dire justement, ces puissants, à Davos ? A priori, pas grand-chose. Le mythe de Davos, du World Economic Forum (WEF), le nom officiel de cette manifestation, tend à s’estomper parmi les grands responsables économiques mondiaux. Même si le WEF est de moins en moins occidental et si les Chinois y envoient de plus en plus de participants, dans les couloirs de 2007, beaucoup s’étaient plaints de la faible représentation de pays comme le Brésil, la Russie, l’Inde ou la Chine qui sont en passe de devenir pourtant des puissances économiques de référence.
Cette année, les organisateurs ont multiplié les appels à participer dans ces pays sans rencontrer un succès conforme à leurs attentes. D’autant que d’une façon générale, beaucoup de leaders mondiaux ont fait valoir que les têtes d’affiche annoncées étaient accessibles indépendamment de Davos. Résultat, dans les grandes entreprises comme les grands pays, on constate une tendance de plus en plus nette à se faire représenter certes par des membres des équipes dirigeantes mais de moins en moins par le président en personne.
À l’occasion de la préparation, les responsables du WEF ont reçu quelques remarques sur leur programme qui les ont surpris : la première est l’ironie qui consiste à prendre comme personnalités de référence cette année Tony Blair et le responsable des télécoms en Chine Wang Jianzhou : le capitalisme s’auto-promeut au travers de personnalités qui se définissent comme socialistes : Marx revient, ils sont devenus mous…
La deuxième est le peu d’écho que rencontrent les chantiers sur le développement durable. Sauver la planète oui, mais pas à n’importe quel prix. Les Chinois supportent de moins en moins les longues déclamations contre le charbon et ses rejets de gaz carbonique et cette irritation se répand au fur et à mesure que leur marché s’ouvre. Fait aggravant, à l’heure du réchauffement climatique, cela fait deux années qu’il fait particulièrement froid à Davos, au point que certains y voient une cause de désaffection et militent pour un forum plutôt en mars ou en avril…
La troisième est en revanche le relatif succès des ateliers sur l’évolution des techniques de gestion financière. La crise bancaire secoue tout le monde et les dirigeants économiques ont comme le besoin de se rassurer sur la maîtrise théorique des processus à l’œuvre par les gourous plus ou moins autoproclamés de la finance. La soirée du 23 janvier, consacrée à une conférence des derniers prix Nobel d’économie, fait le plein. Elle devrait tourner autour des réponses de ces spécialistes en microéconomie et en théorie des incitations sur ce qui va se passer dans la sphère financière.
En attendant d’en savoir plus, force est de constater que le grand absent prévisible à Davos sera en fait… la récession économique. Car c’est désormais acquis : la récession de 2008 que d’aucuns annoncent mais que la plupart des économistes considèrent encore comme improbable a rejoint ce statut mythique des problèmes auxquels on se doit de penser toujours sans jamais en parler.