C’est une petite histoire qui a le mérite de montrer à quoi certains éminents membres de la mission diplomatique de Sa Majesté à Paris occupent leur temps. La dernière semaine de juillet, l’épouse de Fouad Ali El Himma, très proche collaborateur du roi Mohammed VI et ministre délégué à l’Intérieur, est à Paris avec sa fille et sa bonne. Le jour du retour vers Rabat, Madame découvre avec horreur qu’elle est bookée sur un vol de la Royal Air Maroc en première classe mais que sa bonne n’a droit qu’à un siège en économie. Et réclame illico-presto que cette grossière erreur soit rectifiée. Curieusement, c’est le chef de la DST marocaine à l’ambassade, appelons-le AB, qui hérite de cette mission. Sans peur ni reproches, il s’empare de son téléphone, appelle, menaçant, la Royal Air Maroc qui le remet vertement à sa place. À n’en pas douter, ce camouflet a dû ravir le service d’espionnage de Sa Majesté, la DGED, dirigé par le vertueux Yassine Mansouri. Il y a quelque temps, son antenne parisienne aurait cru bon d’envoyer à Rabat une note confidentielle particulièrement croustillante signalant que la dizaine de chauffeurs recrutés par AB pour en faire des indics se réunissaient tous les soirs ou presque au bar attenant à l’ambassade pour se gausser des frasques de leur supérieur hiérarchique… AB !
L’incident du billet d’avion de la bonne de Mme. El Himma aurait pu, aurait dû en rester là. Hélas, c’était sans compter sur la lumineuse intervention du Consul général du Maroc à Paris, Abderrazak Jaïdi. Il faut dire que ce dernier a toujours su garder le contact avec le ministère de l’Intérieur marocain et ne veut surtout pas froisser Fouad Ali El Himma. Alors qu’il est au Maroc pour la Fête du Trône, le Consul saute sur son téléphone et appelle la Royal Air Maroc pour sévèrement tancer ces insolents. Il aurait de surcroit prétendu être envoyé par Sa Majesté. Et paf ! Se voit répondre que non seulement la compagnie aérienne n’a fait que son travail et, qu’en plus, la bonne de madame voyagera en seconde. Foi de Jaïdi, les privilèges se perdent…