Aux municipales, après le temps du scrutin, vient le temps des recours. Mais peu ont une genèse aussi tourmentée que celle déposée par les villiéristes à la Roche-sur-Yon et acceptée par le tribunal administratif. Chouan devant !
Michèle Peltan, candidate villiériste aux municipales de la Roche-sur-Yon, qui avait pris grand soin de se présenter sous l’étiquette « Nouveau centre », et d’obtenir en prime, le soutien officiel de l’UMP, a finalement été battue par le candidat sortant, Pierre Régnault (PS) qui l’a emporté dès le premier tour, le 9 mars, à la majorité absolue de… 17 voix !
Fins stratèges, les conseillers (MPF villiéristes) de Michèle Peltan, l’avaient même persuadée de prendre en position numéro 2, le premier adjoint socialiste de Pierre Régnault, un certain Gilles Bourmaud en délicatesse avec son patron (qui ne voulait pas le reconduire à son poste) et avec la Seconde Internationale.
Cette ruse de Sioux devait, avec le renfort du « Félon » Bourmaud, amener Michèle Peltan en palanquin à la tête de la capitale de la Vendée. Le restant des co-listiers de la belle Michèle, horrifiés de voir arriver ce « gauchiste » sur leur liste, ne l’entendaient pas vraiment de cette oreille. Pourtant, Michèle Peltan comptait, en rêve, les oeufs dans le derrière de la poule municipale.
Conseillère régionale sur la liste commune « MPF Majorité départementale » et conseillère générale du même métal, elle espérait sérieusement ajouter un titre de maire d’une grande ville à ceux déjà acquis à force de démocratie intensive. Quitte à abandonner le moins rémunérateur des trois, une fois élue.
Las, les électeurs, ces ingrats, n’ont pas tous compris l’urgente nécessité pour cette indigente d’accéder à la mairie de la Roche-sur-Yon, ex-Napoléon-Vendée.
Déçue, et pleine d’amertume partagée avec son mari André Peltan, qui ne décolèrait pas devant la défaite de son épousée, et qui voyait s’envoler les indemnités de maire d’une grande ville (quelques milliers d’euros), la cumularde contrariée décidait de réunir une cellule de crise au cours d’un déjeuner fin.
Curieusement, le directeur de campagne de « l’amère Michèle », un certain Patrick Ferezou, nourrit au lait du feu R.P.R., n’était pas convié aux agapes. On ne lui pardonnait pas la défaite de la liste de Michèle Peltan : « La Roche gagnante », comme son nom ne l’indique pas. A l’ordre du jour : « Doit-on faire un recours au vu du résultat obtenu par l’adversaire Pierre Régnault ? » Le chant des partisans du recours se faisait entendre avec véhémence. Parmi eux, Jean-Gilles Dutour, Jean-Marc Forge, le « félon » Gilles Bourmaud, et surtout Madeleine David, conseillère municipale d’opposition depuis sept ans, qui n’était pas réélue, et emmenait la meute.
Dans cette liste pittoresque et fraternelle, Madeleine David, 73 ans aux prunes, surnommée affectueusement « la Mère Lachaise », était la plus virulente et la plus déterminée. Au point que certains de ses chers amis co-listiers s’interrogeaient entre eux « qu’est ce qu’on fait avec la vieille ? » mêlant la tactique à l’élégance…
Dans l’état major villiériste, qui avait remplacé au pied levé le directeur de campagne Ferezou, on n’était pas vraiment emballé pour faire appel, même si l’idée était séduisante pour le « fun », bien que risquée pour l’avenir de Michèle Peltan, encore – pour l’instant – protégée du Vicomte…
Au sein de la liste même, une majorité de co-listiers autres que les « Faucons » motivés par Madeleine et le « Félon », ne trouvaient pas l’initiative plus heureuse que ça. D’autant que, selon eux, la campagne n’avait pas toujours été fraîche et joyeuse. Ces défaitistes allant jusqu’à reprocher à Michèle son côté pingre lors des réunions conviviales dans les cafés de la ville, où chacun devait mettre la main à la poche, pour payer sa consommation. André Peltan, le mari de « l’Amère » veillait scrupuleusement aux cordons de la bourse.
C’est alors que le légendaire génie politique vendéen arriva à point nommé. Pour ne pas hypothéquer sur le devenir politique de Michèle Peltan, ce sera une poignée de colistiers qui déposera un recours. En tête : Madeleine David, qui, en cas d’échec de la réclamation, ne risquait plus grand chose. Et « l’Amère Michèle » n’y était pour rien.
Aujourd’hui, le Tribunal administratif a reçu favorablement le recours, en attendant de statuer sur les suites à donner. Les « Faucons » et le « Félon » sont satisfaits. Provisoirement.
Comme un malheur n’arrive jamais seul, Michèle Peltan, qui était aussi candidate cumularde aux élections cantonales, s’est vu ravir la victoire par sa concurrente Sylviane Bulteau (PS). Pourtant instruite du triomphe qu’elle avait obtenu aux municipales, en prenant une icône socialiste sur sa liste, elle aurait peut-être dû, aux cantonales, renouveler cette fine tactique, en prenant par exemple, comme suppléant, Jacques Auxiette, président de la Région des Pays de la Loire, ancien maire de la Roche-sur-Yon et… socialiste.
On parie qu’elle n’avait pas pensé à ça !