Pour draguer les gonzesses, deux nerds inventent un réseau social et révolutionnent le Net. Un pur objet de mise en scène du réalisateur de Se7en et Fight Club.
Un film sur Facebook. Un film sur Facebook ! A priori, rien de moins sexy ni cinématographique que Facebook. Deuxio, j’ai plutôt rien à foutre de ce réseau social où tu punaises ta vie et tes photos de fêtes alcoolisées sur un mur virtuel (t’imagines le Facebook de Jean-Luc Delarue !) où tes « potes » viennent te laisser des posts indispensables style « Trop cool », « Génial ». Question de génération, peut-être…
Grand formaliste du cinéma américain, Fincher a dû adorer le défi que représente "The Social Network", à savoir raconter la vie du créateur de Facebook, Mark Zuckerberg, avec des kilotonnes de dialogues, mais surtout sans aliens, sans serial killers, ni bébés-vieillards qui rajeunissent en images de synthèse. Un challenge relevé haut la main par Fincher qui, depuis "Zodiac", révèle un talent absolument époustouflant pour une narration apparemment plus classique. Fincher a donc été emballé par le tour de force formel où il s’amuse avec la temporalité et jongle avec les flash-backs dans ce faux film de procès.
"The Social Network" est donc un pur objet de mise en scène : c’est sa force, mais aussi sa faiblesse. Fincher a néanmoins un bel atout en main, le script étincelant d’Aaron Sorkin, auteur de la série "A la maison blanche", mais aussi de daubes comme "Des hommes d’honneur" ou "Malice". L’idée de l’ascension de Zuckerberg vers la gloire (le mec pèse 2, 5 milliards de dollars alors qu’il n’a que 26 ans !) se transforme en cours de route en critique de la course effrénée à la réussite et une peinture sans concession du vide existentiel de la jeunesse américaine présentée comme une bande d’ectoplasmes obsédés par leur premier million de dollars.
Facebook n’est qu’un prétexte et le cœur de l’intrigue film est l’histoire universelle de la trahison d’une amitié. Car à la base de Facebook, il y a l’amitié entre deux ados, deux nerds qui n’arrivent pas à emballer mais qui s’astiquent l’algorithme : Mark Zuckerberg et Eduardo Saverin, deux petits génies qui veulent se faire remarquer à Harvard. Zuckerberg pique alors l’idée d’un autre et crée Facebook, avant de virer son unique pote, Saverin.
De la frustration, de la haine, une vengeance, la quête du pouvoir… Tous les éléments d’un drame shakespearien sont en place, mais je suis sorti vaguement dubitatif de "The Social Network", lors d’une projo qui m’a pourtant semblé durer 15 petites minutes ? La faute à Zuckerberg - qui a exigé et obtenu des changements dans le scénario – décrit par un des personnages féminins comme un connard (« Tu peux ressembler un nerd, t’es juste qu’un connard »). Passer deux heures avec un connard, est-ce bien raisonnable ? En tout cas, je n’ai pas envie de devenir l’ami de Zuckerberg, moi.
Jean-Michel Basquiat : The Radiant Child
Après le très beau film de fiction signé Julian Schnabel (1996) et avant la grande rétrospective au Musée d’art moderne, voici le doc consacré à la rock star du graff, née dans la rue, pote de Warhol et de Keith Harring. Totalement inédites, les images d’archives sont extraordinaires et le film ressemble à une toile de Basquiat, éclatante, énergétique et tragique.
Au fond des bois
En 1865, dans le sud de la France, une jeune villageoise quitte la maison paternelle pour suivre un vagabond dans les bois. Toujours obsédé par les jeunes filles en fleur, Benoît Jacquot signe un conte sensoriel sur l’éveil du désir. Isild Le Besco est formidable.
Illégal
Tania, femme d’origine russe, et son fils de 13 ans vivent clandestinement en Belgique. Arrêtée, Tania est placée en centre de rétention en attendant son expulsion. Présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, Illégal est une attaque en règle contre les conditions de déportation des sans-papiers. Très fort.
La Vérité (reprise)
Un des plus beaux films de Clouzot et la meilleure performance de Brigitte Bardot. Quand on lui demanda si elle avait jamais ressenti la satisfaction profonde d’être véritablement une actrice et de ne vivre que pour cela, Bardot répondit : « Oui, dans La Vérité. » Voilà.
Arthur 3 : la guerre des deux mondes
Même mon fils de sept ans n’a pas venu m’accompagner tellement il avait été déçu pour le 2, c’est dire ! Eh Luc, et si c’était VRAIMENT ton dernier film ?
J’adore ce genre d’argument. C’est d’ailleurs celui qu’a employé la grande Nadine Morano hier soir au Grand journal, sur Canal +. Et qui disait en substance, "vous, les journalistes, vous ne faîtes rien, vous commentez l’actu, vous critiquez. Alors que nous, politiques, nous sommes dans l’action."
Je vous rappelle que c’est cette même Morano qui qualifie la presse du net de "fasciste". Enfin, bon.
Un journaliste, n’en déplaise à certains, enquête, dénonce, raconte le monde, le décrypte, met en perspective. Voilà.