Cette semaine, la revue de presse vous donne des nouvelles des candidats aux élections municipales. Doutes et trahisons sont au rendez-vous.
(Par François Ruffin, Fakir , p. 8)
« "De Robien réélu haut l’Amiens". On titrait ça, avant les dernières municipales. On n’écrirait plus ça aujourd’hui. Y a comme un doute qui flotte dans l’air, comme un doux parfum d’incertitude.
Incertitude cause d’une usure à droite.
C’est étrange, car depuis six ans, Gilles de Robien a fait du chemin. Il est devenu ministre, il a participé à deux gouvernements. Ces responsabilités nationales devraient renforcer sa stature, seigneur et maître incontesté sur son fief. Eh bien non. C’est presque l’inverse qui se produit : il en revient fragilisé. Après une déculottée, même, aux régionales de 2004, minoritaire jusque dans sa ville, lui que même ses adversaires croyaient invincible. Peut-être d’abord parce que ce « centriste », qui apparaissait à l’Assemblée comme un homme de compromis, bonhomme, s’est dévoilé « de droite ». Parfois avec brutalité, et une inutile bêtise : à Paris, il a promu la précarité avec le CPE, servi les riches en allégeant leurs impôts, privé les pauvres de logement, a injurié le candidat de son parti, joué les toutous de Sarkozy. Tout cela est vrai, mais devrait peser bien peu dans la balance des municipales. Car les Amiénois n’élisent pas un ministre mais un maire.
Mais là aussi, sur le terrain « local », ça piétine.
C’est son atout : le bilan des années Robien est ressenti comme globalement positif : avec pas grand-chose côté culture, crèches, logements, etc., mais une ville dont l’aspect s’est transformé, de la place Gambetta au Beffroi, en passant par la Maison de la Culture, le parc Saint-Pierre, et même le quartier Nord. Sauf que, pour l’avenir, Gilles de Robien ne promet qu’un éternel recommencement. Alors qu’il a déjà tant bâti, alors que grâce à lui Bouygues et consorts roulent déjà sur l’or, à quelques mois des élections, quel signe adresse-t-il aux habitants ? Une démultiplication des chantiers ».
« On le sent ailleurs, en plus, Gilles de Robien. Un pied encore à Paris, avec ses souvenirs de grandeur. Un autre à Genève, au Bureau International du Travail. Et la tête dans ses voyages en Chine, au Brésil, en Egypte, etc. (…) Il envoie, à sa place, ses conseillers municipaux livrer des plateaux-repas à Noël pour les vieux : un grand concours, qui remplit son quota rempilera sur sa liste.
Et qui apparaît pour « renouveler » son équipe ? Alain Gest. Devenu président de l’UMP dans la Somme, moins « populaire » auprès des habitants que dans l’appareil du parti, le battu d’hier rebondit. Il se déclare « disponible » : « Si je peux être utile et si les militants le décident, pourquoi ne serais-je pas candidat ? » Cadeau empoisonné, car Gest – qui se prétend « plus jeune » – apparaît déjà bien réchauffé, du recyclage de vaincu. Et surtout, Gest, autoritaire président du Conseil Général hier, homme de main de Sarkozy ici, Gest ferait pencher Robien encore plus à droite. Ce n’est pas lui rendre service, dans uns ville où même Ségolène Royal atteint les 54,5 %… »
(p. 6 à 9)
Jean Dionis, faut pas lui dire que sa liste est de droite. « Il n’aimerait pas ça du tout. Ce n’est plus tendance. Ce qui se fait, cette année, c’est la liste « ouverte ». Comme ces jupes ouvertes sur le côté qui montrent plus qu’elles ne cachent (…).
Alors regardons de plus près comment est composée la liste. On y trouve un savant panache de jeunes, de moins jeunes, de sportifs, de toubibs, de chefs d’entreprise, de fonctionnaires. Et 15 encartés (de tous bords). Cela se fait beaucoup ces temps-ci d’être encarté au PS mais inscrit sur une liste de droite… Car s’en est une. Derrière une liste, présentée de manière neutre, on retrouve « la famille, au sens corse » » : on y retrouve les amis, les cousins… des anciens. Ainsi que des notables Agenais ( « Chambre de commerce, patronat local, 1 % logement, HLM, Tribunal de commerce, cliniques, syndicats, SUA »), et sur cette liste, « exit les pauvres ! » bien entendu.
« La liste “entièrement renouvelée” a une sacrée odeur de vieille boîte de gâteaux secs. Et surtout vraiment et profondément ancrée à droite ».
En supplément, La Feuille présente son petit chouchou, le « bling bling de la liste », « avec un côté trop sucré de fraise Tagada… » :
« Dans les personnages récurrents de la farce départementale il en est un que nous affectionnons particulièrement, c’est notre cher Ludovez Martinique (de son vrai nom Ludovic Martinez). On suppose que chaque département en a un comme lui, sorte de bateleur de foire, mi présentateur « d’événements », mi homme de com. Le grand chambellan a eu son heure de gloire sous Poncet dont il fut le dircab. Depuis, il est un peu tombé en disgrâce et cherche un nouveau rebond pour une carrière qui s’éboule un peu. Qu’on se rassure, il ne manque de rien, de ménages en missions, il a encore de quoi se gonfler la bedaine et l’ego (…).
Mais qui veut de lui ? Apparemment pas grand monde. Il sert de faire-valoir en tant que vrai-faux journaliste, mais de là à jouer dans la cour des grands… C’est une autre affaire. Alors on l’a retrouvé au cimetière des éléphants, chargé d’une improbable « mission » économique à l’Agropole (mis là pour éviter l’inégibilité s’il avait été candidat) et coucou le revoilou sur la liste de droite. Tout en faisant le beau à la radio… Cool, cool Raoul ! »
Tonic Magazine s’interroge sur une réunion de « concertation » douteuse.
(p. 25, par Pinprenelle)
« Récemment, dans les DNA, on a pu lire : « La réunion de concertation organisée samedi 15 décembre par la mairie de Wasselonne n’a rien à voir avec les élections, avertit le maire Joseph Ostermann, anticipant les critiques ». Peut-on le croire ? Le maire sortant est pourtant censé savoir qu’une municipalité n’a pas le droit d’organiser un événement spécial à l’approche des élections, mais qu’elle doit organiser des événements « conformément à une périodicité habituelle et dans des conditions identiques à une manifestation équivalente » (source : Mémento du Ministère de l’Intérieur pour les élections municipales de 2008, communes de 3 500 hab. et plus). Or, aucune réunion comparable à celle du 15 décembre n’a eu lieu, en mairie de Wasselonne, ces dernières années. La municipalité serait donc dans l’irrégularité. Alors, de là à soupçonner Joseph Ostermann de démarrer sa campagne dans les locaux de la mairie, à l’aide d’employés municipaux, et donc, avec de l’argent public, au lieu de faire campagne avec ses deniers personnels comme il se doit, il n’y a qu’un pas. Surtout que cette manifestation n’aurait jamais dû s’appeler « réunion de concertation ». En effet, selon les DNA, les projets présentés ont d’ores et déjà été validés par le Conseil municipal de Wasselonne ou de la Com Com ! Où est la concertation quand tout est déjà décidé d’avance ? On nous prend pour des truffes ? Les DNA avaient d’abord indiqué qu’Ostermann était candidat, puis ont mis un bémol en annonçant qu’il n’avait pas encore publiquement annoncé qu’il se présentait. Un flou volontaire ? Dans tous les cas, si un candidat issu de l’équipe sortante devait se déclarer, il risque d’emblée de se retrouver assigné en justice par une liste opposée suite à cette réunion douteuse ».