Sossé Sossou, directeur du mensuel Le Hérault, écrit aussi des romans. Le dernier, Afrique, Au-delà des larmes, plaide pour une reconquête de l’Afrique par elle-même.
On nous prévient d’entrée de jeu. « Le genre littéraire adopté ? Ne cherchez pas, c’est le sien ». En effet. Dans un stylé légèrement ampoulé, Sossou nous raconte l’épopée d’Adodougou. Comprenez : l’Afrique.
Je ne cacherais pas que ça a failli mal se passer entre Sossou et moi. Les épopées me crispent autant que les récits qui geignent. Pourtant, j’ai fini par me laisser prendre par l’histoire de ce fils d’Afrique qui chante la lutte d’Adodougou pour l’indépendance. S’il revient sur tous les maux du continent, ce n’est pas pour faire pleurer dans les chaumières mais pour dénoncer ses « démo-chanteurs » et ses élites corrompues.
Sorte de passage oblige, notre narrateur rejoint, un peu illégalement, « la capitale du pays de mai 68 ». Et quelle claque ! En lieu et place de l’eldorado rêvé, notre héros se clochardise dans les sous-sols de Paris avec son nouveau copain Poilocu. Dans le métro, il découvre le chômage, l’alcool mais surtout l’indifférence et le mépris avec lequel les « héritiers de Vercingétorix » le traitent.
L’univers de Sossou mérite qu’on fasse l’effort de s’en laisser imprégner pour comprendre la subtilité de son message. Ce livre hybride, entre essai, fiction et récit historique, interroge les rapports franco-africains à l’aune de l’expérience parisienne de l’auteur et ça décape.
Extrait
« Loin de toi aujourd’hui, je rumine tout ce que tu me disais de la culture des héritiers de Vercingétorix. Je suis désormais face à un malaise identitaire. Je crois comprendre que le pays de mai 68 fait semblant d’oublier qu’Adodougou faisait partie de son empire. Tous les jours, il donne l’impression de se croire envahi. La discrimination y est rampante. En venant ici, je croyais y trouver une tribune pour dénoncer l’inhumanité de la traite esclavagiste. Malheureusement, j’ai constaté que toutes les tribunes sont occupées par des débats qui ne condamnent que des crimes commis par les nazis pendant la deuxième guerre mondiale. Et je me rends enfin compte que ma personnalité ne sera utile qu’à tes côtés. Après la synthèse de tout ce que tu me disais, je comprends enfin que l’ambition n’est pas un crime quand elle est tournée vers la lutte qui sauve les peuples de l’abîme de la pauvreté. Et je ne cesse de répéter ta phrase qui m’enivrait à Adodougou : le charisme ne se transmet pas mais, le pouvoir peut changer de main. »
Afrique- Au-delà des larmes. Sossé Sossou Editions Cultures Croisées.
Sossé Sossou vient de publier aux Editions Cultures Croisées : "La rose Noire du Sahara". voici l’annonce de l’éditeur
"Nous vous annonçons la sortie du roman de Sossé Sossou : La Rose Noire du Sahara. Quand les ancêtres parlent aux femmes… Si la quête de la Rose Noire confère au texte sa part de poésie et d’aventure, les descriptions de la société, que celle-ci soit africaine, française ou culturellement métissée, y sont sans pitié. Face à ces réalités, la voix des femmes se fait entendre. L’auteur se situe ici dans la continuité de la dernière phrase de son précédent roman L’Afrique au-delà des larmes . ISBN : 978 2-9130 5933-3 188 pages – 19 euros + 3 euros de port. Réduction de 33% consentie aux libraires. Commander à l’adresse suivante : Editions Cultures Croisées, 1 Av.Maurice de Vlaminck – P.64 -77680 Roissy-en-Brie-France. Anne-Marie Hochet-Kibongui