Ça ne rigole pas, chez poulaga, depuis que la Patrie au coq s’est oubliée à élire un flic dans l’âme à la tête de l’Etat.
Police partout, justice aux mains des puissants. C’est ce qu’on a pu lire dans les yeux exaspérés des parents d’un Gitan, flingué alors qu’il tentait une folle belle en sautant, cheville et mains entravées, de la fenêtre de la cognerie par un cogne tout fier d’être aux ordres et d’appliquer la consigne à coup d’arme de service. A l’issue du procès, le pandore acquitté se déclara désolé et le ministre de l’Intérieur satisfait.
Trois mois ferme pour avoir outragé harengs et chardonnerets, en leur jetant noms d’oiseaux et fils de… sur Facebook : la taule saura policer l’internaute malappris clament les juges et les braves gens.
Mille euros d’amende avec sursis pour avoir comparé la politique d’expulsion du préfet des Pyrénées-Atlantiques à celle de Vichy. La comparaison, établie par des quidams défenseurs de sans-papiers, avait profondément heurté la sensibilité si délicate du grand-condé expulseur de métèques.
Ça ne rigole pas, chez poulaga, depuis que la Patrie au coq s’est oubliée à élire un flic dans l’âme à la tête de l’État. De nos jours, ces messieurs de la police se montrent un brin chatouilleux sur le respect, un tantinet susceptibles sur l’amour-propre, un rien sourcilleux sur l’autorité. Les procès pour outrage se multiplient, les sanctions fusent comme des balles de flash-ball. On en viendrait presque à prendre une pub rigolarde vantant l’excellence des poulets fermiers pour un placard libertaire et les contorsions du Gendarme de Saint-Tropez pour de la propagande anarchiste.
L’esprit policier a envahi les consciences. On tourne dix fois sa langue dans sa bouche avant de l’ouvrir, on pèse chacun de ses mots, on modère ses figures de style, on use de circonlocutions, on utilise les éléments de langage précuits par les pros de la com’, on apprend par cœur les réponses aseptisées des avocats. Au moindre écart, c’est la garde à vue, ou la honte quand le lapsus vengeur déboule à l’improviste sur la langue de bois.
Et l’on se prend à rêver d’un autre monde quand, tombant par hasard sur un vieil exemplaire du quotidien de référence, on lit ces lignes du très regretté Arthur, qui publia à la une du 7 octobre 1980 ce petit billet :
Question. – Pourquoi la police ne trouve-t-elle pas les néo-nazis ?
Réponse. – Parce qu’on lui a demandé de trouver les gauchistes.
Question. - Combien y a-t-il de policiers néo-nazis en activité ?
Réponse. – Beaucoup moins que de gauchistes en prison.
Question. – Le terrorisme d’extrême gauche est-il plus dangereux que le terrorisme d’extrême droite ?
Réponse. – Oui, beaucoup plus : il est antifasciste !
Mais où sont les neiges d’antan ?
Ce n’est vraiment pas en abusant de tels raccourcis que l’on résoudra le problème.
La Police Nationale est composée d’un grand nombre de fonctionnaires qui n’adhèrent pas à ce qui se passe aujourd’hui et dénoncent comme ils le peuvent des dérives qu’ils sont souvent les premiers à regretter.
L’amalgame ainsi fait dans l’article auquel je m’autorise à répondre ne peut avoir pour effet, en réaction à cette injuste stigmatisation globale, que de renforcer un esprit corporatiste tenté de rejeter toute atteinte à l’institution.
Bref, une telle réflexion fait finalement le jeu de ceux auxquelles elle prétend s’adresser. Et j’ose espérer que c’est le fruit d’une certaine inconscience et non d’une stratégie machiavélique…