Il y a juste 15 ans, le 1er mai 1993, l’ancien premier ministre socialiste se tirait une balle dans la tête près de Nevers. Un suicide qui fait encore l’objet de controverses, dont France 3 donnera, samedi soir 3 mai, un écho dans un documentaire qui tente de mettre en cause la thèse officielle. Mais le suicide ne fait guère de doutes aux yeux du journaliste du Monde Jacques Follorou, dont le livre « Bérégovoy : le dernier secret » (Fayard) retrace tout l’itinéraire politique et personnel d’un socialiste, dont la fin tragique, après l’échec de la gauche aux législatives de mars 1993, continue d’embarrasser bien des consciences. « Bakchich » a publié il y a quelques semaines des extraits exclusifs de cette enquête approfondie, notamment des révélations sur la descente aux enfers de Bérégovoy. Les revoici, en ce jour anniversaire.
Article déjà publié dans Bakchich le 13 avril dernier
Extraits exclusifs, sur les dernières semaines de l’ancien premier ministre, passablement déprimé (les inter-titres sont de Bakchich)
« « Plusieurs semaines avant sa mort, mon beau-père, Pierre Bérégovoy, m’a remis deux lettres », confie l’avocat Vincent Sol, alors marié à l’une de ses filles. « La première m’était adressée, je l’ai ouverte, il me demandait de m’occuper de la famille après sa mort. La seconde était au nom de François Mitterrand. On ne l’a pas ouverte, mais il devait lui annoncer la même chose qu’à moi ; sa volonté de disparaître. Je lui ai dit que vraiment il ne pouvait décemment pas envoyer une telle lettre au chef de l’Etat, alors on l’a déchirée. »
Pour en savoir plus sur cette lettre, regardez cette vidéo :
Aux yeux de ses confidents, dont Vincent Sol mais aussi Olivier Rousselle, le fidèle des fidèles, tous deux ayant de Béré une image paternelle, les tourments de l’ancien Premier ministre sont loin d’être une découverte. Pierre Bérégovoy, depuis des semaines, n’en fait pas mystère ; il les lance à la figure de ses interlocuteurs qui s’en lassent vite. Seuls ses très proches acceptent le monologue de cet homme qui se coupe peu à peu du monde.
Ses propos, rares, ne traitent que de son désastre personnel. Les témoignages du perpétuel auto-accablement de l’ancien Premier ministre quant à son affaire de prêt se comptent par dizaines. Cette histoire catalyse, à ses yeux, tous les échecs.
Tout d’abord le sien, bien sûr, à la tête du gouvernement, lui qui se voyait limiter brillamment la casse électorale des législatives pour mieux rebondir vers un avenir présidentiel. Plus grave encore à ses yeux, les investigations du juge Jean-Pierre mettent en danger sa famille par la possible révélation de ses faiblesses du passé. Il assaille son entourage politique, dont l’ancien garde des Sceaux Michel Vauzelle, de questions sur l’évolution de l’enquête. Sa propre famille s’inquiète de le voir craindre « l’arrivée imminente de policiers qui vont lui mettre des menottes et le conduire en prison ».
Deux jours avant sa mort, il demande à son avocat Patrick Maisonneuve de prendre contact avec le procureur de la République du Mans, Yves Bot, qui avait fermement soutenu les premiers pas de l’affaire Pelat instruite par le juge Jean-Pierre. On dit M. Bot promis à de hautes fonctions au sein de la hiérarchie judiciaire, promotion qui représente pour Bérégovoy un danger supplémentaire de voir exhumer ses affaires. Puis, il sollicite lui-même un rendez-vous avec le nouveau ministre de la Justice, Pierre Méhaignerie. Dans les deux cas, il cherche à connaître l’état des investigations du dossier Pelat, et notamment à savoir si la justice dispose d’indices sur les mouvements survenus sur son compte bancaire.
Enfin, il consulte ses conseillers sur une éventuelle visite au juge Jean-Pierre afin de « régler ça en politique », dit-il, lesquels le lui déconseillent.
Il se sent aussi responsable envers la gauche tout entière qu’il estime avoir fait sombrer plus bas que terre. « Juste après le deuxième tour des élections, se rappelle Michel Sapin, ministre des Finances du gouvernement Bérégovoy, éliminé dès le premier tour dans les Hauts-de-Seine, Pierre me répétait sans cesse qu’on avait été battus à cause de lui, et il montrait la liste en disant : “Tous ceux qui ont perdu de moins de 5 %, c’est ma faute” » (…)
« Ils ne me lâcheront pas », s’évertue à répéter Pierre Bérégovoy à ses amis politiques ou personnels. Mais de qui parle-t-il vraiment ? Défait politiquement, il n’est plus une cible. Dans son propre parti, il est redevenu ce qu’il fut si longtemps, un homme d’appareil couleur muraille auquel personne ne prête vraiment attention. Tout juste le fuit-on plus qu’avant à cause de ses propos déprimants et obsessionnels.
Quant à la machine judiciaire, elle a été arrêtée et ne semble pas sur le point de repartir. L’homme est enfermé dans une bulle hermétique. Ne serait-il pas lui-même son principal et unique détracteur ?
Le choc du passage de la suractivité de Matignon au rythme tranquille de l’élu de province l’a conduit au repli sur soi. Il paraît enfermé dans un dialogue profondément intime où résonnent les accusations violentes et douloureuses d’un tribunal personnel. Personnage si méthodique, comment ne pas l’imaginer faire et refaire les comptes d’une vie dans un face-à-face glacial ? Pierre Bérégovoy s’est condamné lui-même au terme d’une démarche intérieure à la fois rationnelle et excessive. Une sentence morale. (…)
Averti par l’un des conseillers de Mitterrand, Maurice Benassayag, qui se soucie du moral de Bérégovoy, le secrétaire général de l’Elysée, Hubert Védrine, prévient le chef de l’Etat. « J’ai eu Bérégovoy plusieurs fois au téléphone pour fixer un rendez-vous avec le président, mais aussi pour lui proposer d’être le porte-parole de l’opposition sur le volet économique et répondre aux attaques de la droite pour défendre notre bilan, relate Hubert Védrine. Je lui ai proposé, avec l’accord de Mitterrand, de mettre à sa disposition le conseiller économique de l’Elysée, Dominique Marcel, mais il me répondait comme un zombi, de manière automatique, et disait que cela était inutile, car il n’avait plus d’autorité. »
Cette autoflagellation d’avoir conduit les siens dans une telle situation ne suffit pas à expliquer l’acte final du suicide. Elle met en lumière le chemin parcouru par cet homme dont on aurait tort de minorer la force intérieure. Car si ses propos, au cours des dernières semaines de sa vie, révèlent de vrais signes pathologiques de dépression, il n’en démontre pas moins une détermination froide et méticuleuse, fidèle à son goût de l’organisation. Ses collaborateurs nivernais les plus proches sont, en effet, surpris par sa volonté affichée, dès la première quinzaine d’avril 1993, de régler au plus vite les dossiers municipaux les plus lourds en suspens. Certains fonctionnaires locaux parlent même de précipitation. De même, il met à jour les demandes d’avis de ses collaborateurs et s’efforce de régler la situation de ses conseillers à Matignon. Son entourage familial remarque enfin son désir de visiter chaque membre de sa famille dans les semaines qui précèdent sa mort.
Comptable de sa propre vie, il décide froidement d’en reprendre le contrôle. Voilà, peut-être, l’une des pistes les plus convaincantes pour tenter de mieux comprendre ce destin hors norme. Un acte éminemment personnel pour lui-même et pour protéger les siens sur fond d’une histoire collective, celle de la gauche et de son rapport à l’argent. Celle de la République française, qui voit l’un de ses enfants les plus méritants atteindre le plus haut sommet de l’Etat avant de se tirer une balle dans la tête. (…) »
©Fayard, avril 2008
« Trois jours avant le jour fatal, poussé par son entourage, Pierre Bérégovoy consulte un médecin psychiatre à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce, le même établissement qui accueillera son corps sans vie. « Peut-on hospitaliser d’office un Premier ministre ? » s’interrogera le médecin après la mort de celui qui était venu le voir. « Il aurait fallu lui imposer une cure de sommeil », confie également le psychiatre à la famille du défunt. Il lui prescrira donc des antidépresseurs dont les effets, à court terme, lèvent les inhibitions du patient,notamment lorsqu’ils sont associés à l’absorption d’alcool. »
Bérégovoy, le dernier secret, Fayard, avril 2008.
Pour relire les premiers extraits du livre sur les « Les affairistes qui "tenaient" Pierre Bérégovoy », c’est ici.
Si cette lettre existe, elle prouve que Bérégovoy se sentait en danger de mort, pas forcément de sa main !
La famille Bérégovoy n’a pas fait de scandale au moment où l’enquête a été escamotée et la thèse du suicide imposée sans une seule preuve. Il ne faut pas oublier que cette famille y compris les filles (et peut-être le gendre) étaient tenus par les largesses reçues pendant des années de personnages aussi compromis que Pelat et Traboulsi. P. Bérégovoy tentait de tirer ce dernier des mains de la justice, sans succès.
Eh eh doucement …ne parlez pas sans savoir. Il faudrait d’abord s’ entendre sur ce que l ’on appelle un "cadeau de valeur". Quand Gilberte Beregovoy reçoit deux reproductions d’oeuvres de Greuze , ces deux reproductions sont estimées au moment de la succession à moins de 5000 francs -les deux- par l’Expert de la Compagnie Drouot !Ce ne sont pas des VAN GOGH ou des MANET !!! 5 000 FRANCS à l’époque , c’est une somme non négligeable, et cela l’est toujours, mais combien de cadeaux d’entreprises, dès cette époque, sous forme de caisses de vins fins , champagnes, invitations à des spectacles, dépassent de loin cette somme ? Alors il faut relativiser ; et puis Pierre et Gilberte étaient des gens sympathiques, ils étaient invités -sollicités- partout ; ils répondaient pour ne pas passer pour des "ours". Un point qui relativise encore : chaque Ministre peut aller à l’Opéra de PARIS où il y a une loge toujours disponible pour les membres du Gouvernement.Et "gratos".
Georges Cottineau - gendre de Pierre Beregovoy
Monsieur Cottineau, pouvez-vous affirmer que votre belle-soeur Lise Bérégovoy n’a pas profité financièrement de sa proximité avec Messieurs Pelat et Traboulsi ?
Pensez-vous qu’un avocat comme son mari, aurait jeté une lettre aussi importante, même d’un point de vue affectif ? je n’y crois pas une seconde, pas plus qu’à la fiction du petit carnet noir dissimulé par la fille pour ne pas faire de peine à madame Bérégovoy. Ou alors, qu’elle le produise maintenant, expertisé. Pourriez-vous expliquer devant la justice (le cas échéant) pourquoi la famille n’a pas exigé une enquête ? on ne sait même pas quelle arme a tué Pierre Bérégovoy !
Je remarque que M. Cottineau, "l’autre gendre" de Pierre Bérégovoy, ne répond pas à mes questions qui sont pourtant polies et sans gros mots.
Il y aurait moins de rumeurs s’il y avait une recherche des faits, avec des preuves, des expertises, des confrontations de témoins, et la possibilité de contrôle de tout cela dans la légalité. Au fait, que devient la famille du gardien de camping qui a changé sa version dans la nuit, et puis maintenant il est "suicidé" ? je suppose que la famille l’a vu et entendu, ce pauvre homme, monsieur Cottineau ? Et le jeune musicien qui a vu deux hommes à l’endroit du corps, vous avez eu à coeur de vous entretenir avec lui, j’imagine ?
cher monsieur
Lyse n’ a jamais eu en mains le carnet noir -en fait un répertoire téléphonique - c’est Vincent, son mari qui, y compris après la mort de Gilberte en 2001, a conservé ce répertoire ( j’y vois un geste d’affecton, de nostalgie : moi, j’ai bien conservé comme des reliques les lunettes de soleil de Pierre, ses boutons de manchette -tout cela offert par ma belle -mère : or, je n’utilise jamais de lunettes de soleil ou de boutons de manchettes !!!) Quant aux avantages financiers obtenus par Lyse… Un jour si j en ai le temps et l’envie, j’écrirai ce qui se passe autour des proches de gens de pouvoir -dans certains cas c’est INIMIGINABLE- Ce que je sens mal c ’est Samir Traboulsi ou RP PELAT se pointer dans le bureau de Béré et lui dire : "on a prêté des sous à ta fille , alors il nous faut "un retour sur investissement" !!! Enfin, au moment de la succession, et Gilberte Bérégovoy m en a confié les démarches ( là aussi ce que j’ai entendu chez le Notaire, dépasse l’entendement)je ne vois pas pourquoi les dettes éventuelles de Lyse n ’auraient pas été remboursées : ce, avant que Gilberte ne fasse un don de 500 000 Francs à la Fondation de l’ABBE PIERRE Les "avantages" devainet donc être fort" mesurés"
j eprouve un certain mal etre a croire que l’on peut devenir premier ministre a coup d’autoflagellation.
D autre part pour les lettres, elles n’expliqent pas la presence de ted maher dans sa voiture une heure avant.
ted maher est le tristement celebre personnage a l origine de l’ "incendie" qui cause la mort d edmond safra.
Accessoirement aussi le seul detenu qui a pu s echapper de la prison de monaco…avec des sacs plastiques !!!
faites vous votre opinion…