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CULTURE / CHRONIQUE BOUQUINS

PPDA en ballotage avec Giscard

best seller / mercredi 30 septembre 2009 par Jacques-Marie Bourget
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Chronique du livre de PPDA "Fragments d’une femme perdue » chez Grasset.

Un jour qu’un casse-pieds, au prétexte qu’il affirmait « savoir écrire », tannait Jean Anouilh afin que ce dernier lui donne un sujet sur lequel écrire, le père d’Antigone lui balança « Un homme aime une femme. Avec ça vous pouvez écrire Bérénice ». On croyait le conseil tombé dans l’oreille d’un sourd… Ce n’était qu’une affaire de temps, le livre arrive en librairie sous le titre Fragments d’une femme perdue. Il est signé Patrick Poivre d’Arvor. Ne lui tenons pas grief pour ce délai d’écriture, retrouver une femme égarée n’est pas simple. Mais ce dont nous sommes sûrs c’est qu’il y a du Bérénice en PPDA, comme du Tennessee en Johnny, de l’Emma en Flaubert et de la dioxine dans la buffala.

L’histoire est le tricotage de deux destins. Celui d’une femme fatale et d’un homme pendu à ses jarretelles. Depuis Le Démon de Midi (Paul Bourget 1914), la littérature n’a rien connu de semblable. PPDA nous raconte le drame d’une jeune fille à laquelle son papa demande trop. D’aller « toujours plus haut » et lui fait même pratiquer le saut en hauteur. Lassée d’une existence en Fosbury flop, à dix-huit ans (« révolus », précise PPDA pour sauver la morale bretonne) la belle Violette fiche le camp à New York. Là, comprenant l’usage de la vraie vie, elle montre son cul à un vieil anglais contre 5 000 dollars. Chaud derrière !

Munie de ce MBA (My Big Ass), Violette a donc tout pour réussir dans la vie. Lui tombe un mari, pas très bien cerné par l’auteur, si ce n’est que, comme tous ses héros bouyguiens, il a assez de fric pour voyager de Tahiti à Venise, ou de Maurice au Brésil sans assez de temps pour user les miles de sa carte FlyingBlue. Car, dans le livre de PPD, et c’est très bien ainsi, on ne trouve pas de personnages sentant mauvais et ouvrant les portillons du métro d’un Navigo.

Mais Violette, alors ? Violette, toujours d’une « saisissante » beauté, a donc un mari. Mais, un peu marrie de son mari, elle le délaisse pour aller où ? A la fête de l’Huma ? Non, à Roland Garros où elle rencontre Alexis de… Type magnifique, la cinquantaine, culturé et cultivé qui circule à scooter pour égarer les paparazzi. Toutes les femmes envient « ses assistantes » qui ont le privilège de ramasser son crayon, au bureau. Ce livre est écrit comme rarement. Un exemple. Que fait la sueur quand elle monte au front (pas comme un poilu en 14) ? Et bien elle « perle ».

Ce lob linguistique m’éloigne de Roland-Garros (« éclaboussé de soleil ») où Alexis, donc « homme à femmes », fond face à Violette. Sans trop « perler » quand il lance : « Par quoi voulez-vous donc que nous commencions aujourd’hui, mademoiselle Blanche Colombe ? » Un style, un ton (« résolument » écrirait PPDA), modernes ? Regrettons quand même l’usage de ce Colombe qui fait trop penser à Kléber, à du pneu. Vous avez bien compris que le torride vient : « Ce n’était pas une femme que l’on pouvait crocher - elle avait la souplesse d’un félin- mais rien d’un carnassier en apparence ». Là il ya un risque : qui félin fait l’autre… Pourtant l’amie de Violette, présente aussi à Roland, n’est pas « crochée » comme on le fait si bien à Concarneau. Car Alexis, devenu subitement monogame, est bien « pris dans les rets » de Violette. Attendez, en dépit « du halot d’innocence » qui « émane » de sa personne, le sexe va finir par arriver, et Violette par tomber sur le dos. Du cul ? Ecoutez : tel un concierge du ministère de la Justice, Alexis contemple « la colossale érection de la place Vendôme » avant de se laisser « bercer, caresser, masser par les mains expertes de » son « aimée qui déployait des trésors d’invention pour » lui « faire découvrir des jouissances inédites » ! Dommage que, tel le dernier bouquin d’Attali, le roman de PPD ne soit pas interactif avec images en illustration sur le portable.

Un regret, d’abord celui de tous les arbres coupés pour imprimer ce livre, mais aussi une joie, celle d’avoir jadis peiné dans l’apprentissage de la lecture pour, aujourd’hui, découvrir ces Fragments. En conclusion observons, concordance des temps, après avoir été jeune giscardien notre PPDA suit le chemin littéraire de son maître. La fidélité est une chose trop rare pour ne pas être signalée.

"Fragments d’une femme perdue » de Patrick Poivre d’Arvor Grasset 18 euros
Voir en ligne : In Bakchich Hebdo n° 2 du 30 septembre 2009

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