Marsaud l’ingénu

Plutôt connu pour son langage fleuri, ses coups de gueule (contre Outreau, les officines de renseignement etc.) voire ses coups de poing dans les grands hôtels, l’ancien député Alain Marsaud s’avère aussi un petit cachottier, comme ont pu le constater les flics de la DNIF (Direction nationale des investigations financières). Cité dans une note de la DST sur l’affaire Clearstream – un vilain texte qui prétend que M. le député a rencontré Imad Lahoud, le bidouilleur présumé des faux-listings – Alain Marsaud reçoit bien volontiers à l’Assemblée nationale les enquêteurs pour une petite audition, le 16 janvier dernier. Les présentations d’usage et de menues questions assez anodines passées, la conversation devient fort distrayante.

Surtout pour la flicaille qui s’amuse à piéger le témoin. Le commissaire ingénu cherche en effet à comprendre comment la note de la DST mentionnant Marsaud, et inscrite au dossier Clearstream, s’est retrouvée dans les mains du maître maçon, Alain Bauer, également auditionné comme témoin. Et use d’une belle petite filouterie. « Je connais M. Bauer depuis une dizaine d’années, je ne souhaite pas qualifier la nature de nos relations », annonce tout de go Marsaud. Mais la flicaille un peu butée insiste. « Reconnaissez-vous avoir transmis à Monsieur Alain Bauer ce document ? ». « Non je ne fréquente pas M. Bauer donc ce n’est pas moi qui lui ai fait parvenir », réitère sans faiblir l’ami Marsaud. Las, le poulet s’avère fourbe et sort de sa sacoche, « un bordereau de fax (…) démontrant que vous avez transmis le 3^ème feuillet de la note précitée à M. Alain Bauer (…) depuis votre permanence de Haute-Vienne, assorti du commentaire suivant “pour aiguiser ta curiosité, bien à toi” ». Et l’ancien juge anti-terroriste de se confesser benoîtement : « Effectivement, ce fax émane de ma permanence ». Dur de devoir picorer devant un poulet