En Turquie, une famille se désagrège sous le poids des mensonges et du silence. Un chef-d’œuvre envoûtant.
Bon, sur ce coup-là, il va falloir me faire confiance. Si je vous dis film turc, primé à Cannes, une œuvre lente sur l’implosion d’une famille, le souvenir d’un enfant disparu, des plans à couper le souffle, je suis sûr que vous aller hurler et vous mater pour la quarantième fois The Dark Knight en DVX. Tant pis, je vais essayer quand même…
Il y a en Turquie un cinéaste immense, Nuri Bilge Ceylan. Egalement scénariste, producteur, acteur, directeur de la photo et monteur, Ceylan filme l’incommunicabilité, les fêlures des hommes et des couples, sonde l’âme, compose ses histoires comme des successions de tableaux, économisant le pathos, les rebondissements et même les mots. « Je déteste expliquer, insister, convaincre ; il faut que les gens devinent », assure ce roi de l’épure contemplative, grand formaliste, fils spirituel de Bergman et d’Antonioni. Déjà auteur de Kasaba (1997), Nuages de mai (1999), Uzak (2003) et Les Climats (2007), des films le plus souvent autobiographiques et tournés avec de non professionnels, Nuri Bilge Ceylan a survolé la Croisette l’année dernière et raflé un prix de la Mise en scène fort mérité pour ces Trois singes. S’il creuse encore et toujours le même sillon, son histoire s’apparente cette fois au film noir et au mélo.
Une nuit, un homme politique exténué renverse un passant sur une route quasi-déserte. Il prend la fuite. A l’approche d’une échéance électorale importante, il propose à son chauffeur d’endosser la responsabilité de l’accident et d’aller croupir en prison à sa place, moyennant une forte récompense à la sortie. Le chauffeur passe donc par la case prison, laissant sa femme et son fils ado se débattre dans un quotidien dépressif, dans une maison-géôle d’une banlieue glauque d’Istanbul. Mais bientôt, la femme se jette dans les bras du politicien et le fils, effondré, va découvrir l’infidélité de sa mère. Le mari sort enfin de prison et les trois personnages principaux se bouchent les yeux, les oreilles et la bouche, comme les trois singes de la fable de Confucius. Les silences, les secrets et les mensonges vont faire voler en éclats la cellule familiale…
Derrière sa caméra numérique HD, Nuri Bilge Ceylan filme donc cet objet obscur et mortifère : une famille. Ici, un enfant décédé autrefois empêche les principaux protagonistes de vivre. Le défunt jette un voile morbide sur la réalité et l’image même du film s’en trouve altérée, gangrenée, évoquant un cauchemar glauque à la Kieslowski. En gros plan, avec des séquences longues et lentes, le cinéaste isole ses personnages et sculpte les visages. Comme Pialat, Ceylan s’attaque à la chair, traque la vérité, l’humanité, ouvre grand les blessures. A coups de micro événements – la sonnerie musicale d’un portable, une cigarette dans un cendrier, un regard qui s’éternise – Ceylan danse sur les abymes. Mais au lieu de jouer les situations paroxystiques, il dilue les haines conjugales, les fait sombrer dans l’inaction, enlise la narration dans sorte de mort cotonneuse, silencieuse, insoutenable. Il ne reste que le ressentiment, les remords, qui rongent les âmes et les corps. Si les personnages paient cash le prix du silence, dehors, la ville bruisse de bourdonnements électriques, de cris, de bruits industriels. A la fin, Ceylan ose un des rares plans larges du film. Il cadre la maison de ses « héros ». Le ciel s’ouvre, une lumière apparaît, incroyable, majestueuse, et avec elle, peut-être, la vie. C’est simplement extraordinaire. Les Trois singes est un film unique, rare, une œuvre déchirante qui a la grâce.
Les trois singes de Nuri Bilge Ceylan avec Yavuz Bingöl, Hatice Aslan, Ahmet Rifat Sungar, Ercan Kesal
Sortie en salles le 14 janvier.
chiantissîme !
un calvaire.
ces 3 singes évoquent peut être Antonioni
mais alors celui déjà mort à qui un nécrophile (Wenders) tenait la main pour (co-) signer un arthritique Par delà les nuages…
entre the Spirit et les 3 singes, je ne sais pas lequel est - numériquement - le plus boursouflé. Mais j’atteste que, pour peu que le projectionniste ne pousse pas trop le volume, on dort très bien à la vision du second.
la bise
S.
yep !
un peu violent, un rien excessif, je vous l’accorde (forcément, en 3 lignes).
mais je ne retire rien au fond : j’ai eu l’impression, entre deux piquages de nez (et j’étais plutôt en forme), d’une belle mécanique, superbe, huilée, réglée au quart de poil, tournant totalement à vide.
Rien.
Le non-dit à ce point-là, le spectateur qu’est pas sous amphètes ne doit pas passer la première demi-heure.
Je maintiens aussi la comparaison avec l’Antonioni moribond.
Par ailleurs, j’suis bien d’accord : théoriquement AUCUNE œuvre ne mérite d’être évacuée en trois phrases.
reconnaissez que ça fait parfois du bien !
amicalement
S.
ps : pire, dans la sélection cannoise, y’avait guère que la Femme sans tête de L. Martel)
PIERROT ROCHETTE CREATEUR D’ART NUMERIQUE
ma trilogie numerique ipad :))
ici Pierrot, du colloque epaper world bravo pour votre magnifique page web
je voulais vous partager une réflexion sur l’écosystème numérique
1) chaque membre de production de la chaine numerique risque de devenir a tour de role un sous-traitant de qualite pour le projet soit d’un auteur, soit d’un auditeur, soit d’un réseauteur international. Pour moi c’est en ce sens que l’éditeur ESS (ECONOMIE Sedentaire solide) va etre remplacé par l’éditeur ENN (editeur nomade numerique).
2) j’ajouterai deux sections sur mon blog http://www.reveursequitables.com dont les deux oeuvres d’art numerique constituent deux approches suivant l’évolution du numerique (Monsieur 2.7 K, l’age d’or de la decouverte) et le journal-courriels du dernier homme libre (l’age d’or du courriel)
3) la derniere oeuvre de ma trilogie s’intitulera BOOK BLOG et sera écrite en directe sur un blog avec commentaires ou je serai virale sur facebook et twitter sans qu’on ne puisse jamais me parler personnellement, sauf par comemntaire entre les chapitres…. le tout étant accompagne par un BOOK CAM, soit une camera web qui tous les matins a 6h.30 am jusqu’a 7h permettra au lecteur d’assister a une discussion de créativite entre mon partenaire master web Michel Woodard et moi le master art numerique.. le tout sera suivi d’une publication papier ou le MAKING OF servira a donner une valeur ajoutée à la marque REVEURSEQUITABLES.COM de facon à ce que je puisse me passer de tous les acteurs de la chaine de production numerique, vendant mes oeuvres à $1.00 chaque, cherchant plutot 100,000 personnes qui paieront pour l’ensemble de mes oeuvres dans un panier (ex : mes 3 ebook, mes 19 emissions de t.v. deja canees sur le work progress du pays oeuvre d’art, mes 105 chansons …
Puis une fois mon ier million fait, j’écrirai un livre sur le design du modele d’affaire pour l’auteur numerique roi par son contenu, parce que selon moi, le createur, qu’importe son domaine d’expression a droit au meme privilege que Picasso qui n’a jamais demande a ce qu’un editeur formate au dessus de son epaule pendant qu’il peint…
Puis une fois ces deux millions en poche, je donnerai tout et repartirai vagabonder la beaute du monde
Pierrot ermite des routes