Les tiraillements des derniers mois entre les enfants du Guide ont contraint ce dernier à bouger ; et, à ne plus se contenter de verbaliser les uns (Seïf al-Islam), mettre en garde un autre (Assaâdi), ou punir un troisième (Hanibaâl). Cette fois, Kadhafi père a réuni toutes les composantes de sa progéniture du premier et deuxième mariage dans la maison familiale à Syrte (fief de la tribu des Guedadfas) pour tirer la sonnette d’alarme. « Jusqu’à présent, leur dit-il, c’est mon Djilbab (burnous) qui est votre seule et unique couverture. C’est elle qui empêche les Comités révolutionnaires, la vieille garde et même une partie de l’armée de réagir à vos actes dépassant les limites sur tous les plans, » ajoute Kadhafi. Cela dit, « si vous voulez rester là où vous êtes maintenant, préserver vos intérêts et privilèges, il faut que vous soyez soudés. »
Cette réunion d’urgence a permis, selon un des proches collaborateurs de Seïf al-Islam, de remettre les pendules à l’heure, provisoirement certes. En effet, chacun a tenu à marquer clairement son territoire. À cet égard, Seïf s’est reconcilié avec Assaâdi. Par ailleurs, celui-ci a fini par accepter d’accorder plus de temps à son travail au sein des Forces spéciales au détriment du business. Quant au colonel major, Al-MouatassemBillah, il jouera un rôle plus actif au sein des comités révolutionnaires (soupape de sécurité du régime) aux côtés de son cousin paternel Sayyed Kadhafeddam, principal coordinateur de cet organisme avec les chefs des tribus et dignitaires libyens. Pour ce qui est de l’aîné Mohamed, qui a commis le moins d’erreurs, il continuera à gérer le secteur des télécommunications sans jamais toucher à la politique étrangère. Un champ qui restera gardé relativement par Seïf.