Pour éviter le naufrage des banques, l’Etat pompe dans ses caisses. Une politique digne des Shadoks que le gouvernement prétend sans dommage pour nos finances.
Combien a coûté le plan de sauvetage des banques ? Des centaines de milliards d’euros ? rien ? ou bien, comme l’ont affirmé en choeur Christine Lagarde et Éric Woerth, le plan a-t-il rapporté aux caisses de l’État plus de 2 milliards ?
La Cour des comptes a levé un petit coin du voile le jeudi 20 mai en démontrant, calculettes à l’appui, que… les choses n’étaient peut-être pas si simples, ainsi que vous l’a raconté Bakchich Hebdo.
Certes l’État a déboursé près de 120 milliards d’euros, 77 sous forme de prêts et 20 en apport de fonds propres. Dans le même temps, Bercy a récupéré, en intérêts sur trois ans, 1,3 milliard. Sauf que, note finement la Cour, pour dresser un bilan complet de la massive intervention publique dans le secteur bancaire, il faut garder à l’esprit que l’État, pour apporter du cash, avait dû lui-même emprunter… aux banques. Tout cela ayant un coût non négligeable.
Ce qui fait qu’au final, selon les magistrats de la rue Cambon, le gain est sans doute nul pour les finances publiques mais « avantageux » pour les banques. Écœurée, notre ministre de l’Économie a rétorqué, en substance, que « nul », c’était déjà pas si mal au vu des risques d’un écroulement général.
Comment s’y retrouver ?
Pour comprendre les rouages de cette belle mécanique de sauvetage, un détour sur la planète Shadok s’impose.
À force de pomper trop fort pour gonfler leurs belles promesses (aux actionnaires qui en demandent toujours plus, aux épargnants à qui elles refilent des crédits tant qu’il y en a, etc.), les pompes à fric des banques étaient tombées en panne : en 2007, début de la crise des subprimes ; en 2008, les banques ne se prêtent plus entre elles et surviennent les premières faillites aux États-Unis.
Pour remédier à ce gros coup de pompe, les États renflouent le système bancaire. La France annonce donc un plan de 360 milliards d’euros ; une somme considérable mais un peu virtuelle puisqu’il s’agit d’un plafond de garanties en cas de panade. Ce sont 20 milliards qui sont en fait injectés par l’État pour renforcer les fonds propres des banques. Il n’y a rien à pomper dans leurs caisses ? Peu importe, l’État français s’endette un peu plus : la dette publique atteint un taux de 74 % du PIB. Un record !
Aidée à hauteur de 5,1 milliards d’aides, BNP Paribas profite de la crise pour racheter Fortis. Hélas, la pompe à fric des États s’engorge à son tour : en 2010, la Grèce est en faillite, l’Espagne et le Portugal ne vont guère mieux, et la France annonce le grand retour de la rigueur. C’est que la pompe à impôts est un peu cassée : le taux moyen d’imposition stagne à 20%, selon l’Insee, tandis que les autres pompent à la maison ou au bistrot en attendant un emploi.
Et on ne peut pas compter sur les 47 milliards d’euros de profits des 40 multinationales du CAC, car elles ne payent, elles aussi, que 20 % d’impôts en moyenne grâce aux paradis fiscaux et autres techniques d’évasion fiscale. Problème.
Dans cette mondialisation heureuse, les États doivent donc aider les banques à renflouer les États, qui renfloueront à leur tour les banques si besoin, et ainsi de suite. C’est facile ! Sauf pour le salarié moyen qui a… un gros coup de pompe !
Bonjour,
En résumé, cette "rigueur" imposée à tous, est le remboursement demandé aux citoyens contribuables, pour incapacité des ministres à négocier équitablement avec les banques. Dans ce jeu méprisable de : "je te sauve et tu me prêtes en empruntant et je te le rends au plus proche tournant" le sul et unqiue perdant, c’est le citoyen qui bosse, qui paye ses impôts, qui élève ses enfants et qui d’homme libre devient esclave d’une finance désormais clairement au service de ceux qui nous asservissent. CQFD : rentablité, nouveau FER D’ESCLAVE invisible… Comme du temps de Moïse, il y a toujours une Egypte à quitter et un pharaon à destituer.
La cour des comptes met surtout en évidence la bien meilleure capacité de négociation des banques : en empruntant à risque nul elles ne pouvaient que gagner plus que ce que leur coûteraient les intérêts qui n’auraient de toute façon pas été réclamés en cas d’échec.
La France a donc emprunté pour aider les banques proches du pouvoir à continuer à spéculer avec succès, la négociation a abouti à "tout le gain pour elles, coût nul pour l’Etat", mais ça fera beaucoup pour le soutien dans les élections futures.