Inspiré de l’histoire vraie d’un politicien texan haut en couleurs ayant armé les Afgans contre l’invasion soviétique, un film de stars (Hanks, Roberts) qui frôle le niais et le ridicule.
Mais où donc a-t-il passé les dix dernières années, le Mike Nichols du Lauréat (67), de Birdcage (96), et même de Closer (98), son dernier film ? Quelle refuge a-t-il si mal embrassé pour revenir au cinéma avec un film aussi moyen ?
Le choix du sujet de Charlie Wilson’s War était pourtant passionnant puisque basé sur l’histoire vraie d’une figure politique texane haute en couleurs des années 79-80, Charlie Wilson, qui chercha alors à armer la résistance afghane pour défaire les soviétiques, et s’assura, dans ce but, nombre de collaborations des plus improbables. A Washington, il était surtout connu à cause de ses frasques, de ses assistantes belles et farouches, de ses innombrables conquêtes, de son penchant pour le bourbon, enfin des scandales auxquels il avait été mêlé, mais l’homme accomplit toutefois de formidables exploits.
Ce "libéral de Lufkin" (Texas) s’était forgé une image pour le moins originale dans une région des plus bigotes de l’Amérique par son soutien aux minorités, aux personnes défavorisées, par sa défense de l’avortement. Mais surtout, il parvint pendant la guerre froide à mettre à genoux l’empire soviétique en finançant l’opération clandestine la plus énorme de tous les temps. Dit comme ça, c’est indéniable, le personnage est une star ; il mérite un film.
Quatre Minutes, de Chris Kraus. Avec Monica Bleibtreu, Hannah Herzsprung, Sven Pippig.., 1h52, Allemagne
Drame à quatre mains qui frôle, sinon le classicisme formel et assommant, du moins l’ennui très ferme. Celui, de drame, de Traude Krüger, vieille et lesbienne, qui enseigne depuis soixante ans le piano à des détenues dans une prison d’Allemagne et d’une jeune virtuose incarcérée pour meurtre, Jenny.
On devine la suite : Jenny est prodige en plus d’être charmante sous ses airs de sauvageonne réfractaire à toute forme de discipline mais doit tenter une entrée au Conservatoire de Musique. Traude y croit. Mais nous, traumatismes, blessures inavouables et désirs refoulés, on s’en passe.
Smiley Face, de Gregg Araki. Avec Anna Faris, Adam Brody…, 1h34, USA
Retour à la tradition de la stoner comedy américaine ( ou "comédie de défonce") pour le réalisateur largement reconnu de Mysterious Skin (2005), Gregg Araki. Ici, Anna Faris interprète une jeune actrice au chômage super-défoncée pour avoir engouffré - par gloutonnerie et par erreur, du coup - la vingtaine de space-cakes que son coloc’ avait préparés la veille. Le récit déglingué de sa journée homérique, donc, est mené de façon très originale, faisant alterner plans hallucinogènes, temps stroboscopique, bande-son marrante et humour virtuosement décalé. S’il pouvait écourter l’expérience d’une vingtaine de minutes, l’amateur du genre serait tout a fait conquis.
Tous les ingrédients sont là pour : actions, débauche, hommes d’influence, pittoresque, sex, drugs et même une brochette d’acteurs formidables : Tom Hanks a rarement été aussi sympathique dans le rôle de ce politicien folklo qu’une vie privée de jouisseur n’empêche pas de travailler dur et généreusement.
A ses côtés, et pour lui faciliter une tournée à travers les pays du Moyen-Orient : Julia Roberts. Convaincante dans son look, façon héroïne de Dallas bien qu’elle soit devenue plus Roberts que Pretty, cette dernière interprète une milliardaire catho et lubrique - mais pas assez toutefois pour céder aux avances du troisième larron, un espion intraitable et malappris qu’incarne à la perfection le Philip Seymour Hoffman du dernier Mission Impossible (2006), de Truman Capote (2005)…
Sauf qu’à force de vouloir mêler ici le politique et le hautement divertissant, le grave et le stardom, on frôle le bêta. Les camps de réfugiés afghans que visitent Charlie et ses drôles de petites dames sont caricaturaux à l’extrême. Vision très cinématographiquement américaine des pays arabes : fait exprès, dans le but de choquer par le ridicule, ou purement inconscient ? Le message, on l’a compris, oui : vingt ans après la défaite de l’armée soviétique grâce aux armes financées par le bonhomme, les intégristes contrôlent la région entière…
La guerre selon Charlie Wilson, de Mike Nichols. Avec Tom Hanks, Julia Roberts, Philip Seymour Hoffman…, 1h45
Les afghans ne sont pas arabes, il y a des turkmènes, des ouzbeks, des tadjiks, des pachtounes, des baloutches et j’en passe, mais pas d’arabes. La CIA a commencé à intervenir en Afghanistan dès 1979, après l’assassinat de l’ambassadeur US, et avant l’invasion soviétique, sous l’administration Carter. Zia Ul Haq, Turki Al faycal, Reagan, et autres n’ont pas eu besoin de Wilson pour créer le système de "pipeline" fournissant des armes pour les afghans. Par contre, les armes étaient remises au pakistanais, pas aux afghans. Le système est très bien expliqué par M Youssaf, chef pakistanais du bureau afghan de l’ISI dans les années 80. ("the bear trap", son livre, dispo sur le net).
Le film tente de faire accroire que le "jamiat e islami" de Massoud aurait été principal bénéficiaire de la manne, alors que la réalité est toute différente : le Pakistan a donné ces armes en priorité aux groupes fondamentalistes pachtounes, afin d’éviter le nationalisme afghan et les revendications territoriales qui auraient suivi la prise de pouvoir de gens comme Massoud. Ce sont des gens comme Hekmatyar (hezb e islami)qui ont eu ces armes, ceux qui furent ensuite les plus liés au terrorisme islamiste.
Ré-écrire l’histoire donne comme résultat la perpétuation de l’idée que les USA poursuivent des buts justes, avec des moyens justifiés, même si le résultat est mauvais. Alors que le soutien inconditionnel de la dictature pakistanaise et des groupes les plus extrémistes fut une constante connu des pouvoirs US.
les Afghans font partie de la grande Famille des Perses… leur langue est d’ailleurs tres proche du Farsi, langue nationale Iranienne.
Quand aux Americains, malheureusement, il est difficile de faire un Bloc buster complexe et précis pour eux comme pour tous, les cinéastes sont soumis aux producteurs executifs qui brident l’imagination et simplifient les scénarios en se basant sur des études sociologico marketing alambiquées, soit disant garantes du succés commercial des films… c’est pourquoi vous ne verez pas de film réaliste ou même fidéles à Hollywood, à moins d’autofinancer son film, le cinéaste n’a pas le choix.
Mais vous le savez j’imagine.