Les deux candidats qui se retrouveront en lice pour la dernière ligne droite de la présidentielle américaine auront besoin des voix des chrétiens fondamentalistes qui pèsent 18 % de l’électorat américain. Parmi ces ultras, figurent les chrétiens pro-israéliens.
Le prédicateur et homme d’affaires Jerry Falwell qui vient de mourir était un des leaders appartenant à la mouvance des « chrétiens sionistes », tout comme Ed Mac Ateer. A 77 ans, cet ancien responsable du marketing chez Colgate Palmolive comptait parmi les principaux animateurs de ce lobby extrêmement organisé et déterminé, totalement incontournable, pour les dirigeants politiques américains.
Depuis maintenant plus de 20 ans, chrétiens sionistes et responsables gouvernementaux travaillent, selon les mots de Mac Ateer, « main dans la main » et ce « born again », comme George Bush, aime à dire : « Les meilleurs amis sur lesquels peut compter Israël sont ceux qui croient que la Bible ne contient pas le mot de Dieu, mais que la Bible est le mot de Dieu. »
Mac Ateer s’est lancé dans ce militantisme en 1976, à une époque où nombre de groupes chrétiens conservateurs affichaient des opinions ouvertement antisémites et des liens avec des organisations racistes d’extrême-droite comme le Ku Klux Klan et la John Birch Society. Plus inquiétant, bon nombre de ces mouvements fondamentalistes adhèrent aux prédictions de John Darby. Ce pasteur anglais du XIXè siècle considère qu’une série d’évènements annonceront les derniers jours de notre monde. Ces signes avant-coureurs sont la guerre, l’apparition d’un nouvel ordre politique et économique mondial et enfin le retour des Juifs sur la Terre sainte promise à Abraham.
Selon les prophéties de Darby, Dieu s’est détourné d’Israël qui rejetait le Messie pour créer, construire et miraculeusement évacuer l’Eglise avant la grande tribulation. Plusieurs phases précèderont cette fin du monde. Durant le « ravissement », « les vrais croyants rejoindront le Christ dans les airs ». La « tribulation » marquera l’arrivée de l’antéchrist qui prendra le pouvoir à travers le monde ; un épisode marqué par la bataille de l’Armageddon avant le second retour du Christ et l’établissement du royaume de Dieu. Cette fin heureuse dépend de la conversion des Juifs. Et ceci ne pourra avoir lieu que si les Juifs sont en possession de toutes les terres que Dieu leur a données. « En d’autres termes, comme l’écrit Matthew Engel dans le Guardian, ces chrétiens soutiennent les Juifs pour pouvoir les abolir. »
Cette interprétation biblique trouve de puissants relais politiques. Tout comme l’ancien ministre de la Justice John Ashcroft, Tom De Lay, ancien élu du Texas qui était jusqu’en 2006 l’homme le plus puissant du Congrès américain, partage ces vues. Durant la seconde Intifada palestinienne, De Lay, qui est pourtant un de ses amis, avait clairement mis en garde Bush et son administration contre toute tentative d’exercer des pressions sur Ariel Sharon pour obtenir le retrait des troupes israéliennes de Cisjordanie. « Nous devons soutenir Israël dans ses efforts pour démanteler la direction palestinienne qui fomente la violence et attise la haine », a-t-il déclaré à l’université de Fulton, dans le Missouri, lieu où Winston Churchill avait prononcé en 1946 son fameux discours sur le « rideau de fer » qui marquait le début de la guerre froide. « Si vous vous focalisez sur le pouvoir que les groupes juifs exerceraient sur la politique américaine, vous vous trompez de bateau, affirme Steven Spiegel, professeur de sciences politiques à l’université de Californie : « La droite chrétienne a eu, elle, une réelle influence en façonnant les vues du Parti républicain à propos d’Israël. »
Cette alliance ambiguë entre Israël et les chrétiens conservateurs se noua en 1977 quand Menahem Begin et le Likoud, parti de la droite israélienne, arrivèrent pour la première fois au pouvoir. Pour Begin, il s’agissait de contrer à tout prix les initiatives du président Jimmy Carter qui souhaitait lancer des négociations pour la reconnaissance du droit des Palestiniens à une patrie. Le Likoud s’efforça de rallier ces fondamentalistes aux ultra-conservateurs chrétiens soutenant l’intransigeance israélienne. Carter se trouva, du même coup, privé d’une base électorale importante.
De pleines pages, achetées dans les principaux journaux américains, déclaraient : « Le temps est venu pour les chrétiens évangéliques d’affirmer leur croyance dans la prophétie biblique et le droit divin d’Israël à sa terre. Nous affirmons, en tant qu’évangéliques, notre croyance dans la terre promise au peuple juif… Nous verrions avec grande inquiétude tout effort pour tailler une autre nation ou entité politique au sein de la patrie juive. » En 1980, le ralliement massif des chrétiens sionistes à Ronald Reagan fut une des raisons de la défaite de Jimmy Carter. En juin 1981, Menahem Begin téléphona à Jerry Falwell, avant même d’appeler le président américain, juste après avoir fait détruire la centrale nucléaire irakienne d’Osirak. Et lorsqu’en 1982 le gouvernement Begin décida d’envahir le Liban, le principal artisan de cette intervention, Ariel Sharon, alors ministre de la Défense, se rendit aux Etats-Unis pour s’assurer le soutien des chrétiens conservateurs.
Les apparitions d’Ariel Sharon devant les chrétiens sionistes lui valaient des ovations « réservées d’habitude, selon un témoin, aux rock stars ». L’ancien Premier ministre israélien tenait d’ailleurs une place à part. Pour certains extrémistes de la doctrine « dispensionnaliste », Sharon est l’homme choisi par Dieu pour accomplir les prophéties de la fin des temps. Ils se réfèrent à son parcours : il connut le pouvoir puis le discrédit pour son rôle supposé dans les massacres de Sabra et Chatila. Et ils se basent sur cette citation biblique : « L’homme juste chuta sept fois et il se releva » (Proverbes 24.16).
Ce soutien à Israël pour des raisons théologiques est fondé sur une interprétation littérale de la Bible. En soutenant le programme de grand Israël défendu par Begin et le Likoud, qui prévoit l’annexion des territoires occupés depuis 1967, les chrétiens sionistes affirment qu’ils ne font que répondre à l’appel de Dieu tel qu’il est formulé dans l’Ancien Testament. « […] Oh oui, acquiesçait Marion Pollard, une charmante dame de Dallas qui vendait du cristal de Jérusalem peint à la main dans le hall d’expo d’une réunion de chrétiens sionistes. « Dieu est le maître. Il fera ce qui Lui plaît. Mais d’après les écritures, ce sont les lignes directrices. » Elle se dit fervente supporter d’Israël, comme Lewis Hall de Caroline du Nord. « Je crois qu’ils [les juifs] doivent accepter le Messie. » Et s’ils ne veulent pas ? « Je crois qu’ils l’accepteront quand ils sauront qui il est. Je crois qu’un jour ils se réveilleront. Il faudra peut-être une troisième guerre mondiale pour faire ça. »
Avant d’insulter Éric Laurent et pour ceux qui ne connaissent rien au Chrétiens évangéliques sionistes, deux ouvrages par des universitaires ennuyeux, mais la connaissance est aussi une souffrance qui permet à la fin de comprendre :
S. Fath, Militants de la Bible aux États-Unis, Autrement, 2004.
et M. Ben Barka, La droite chrétienne américaine, Ed. Privat, 2006.
Il y a aussi, A. Lieven, Le nouveau nationalisme américain.
Ces ouvrages montrent que le philosémitisme de ces groupes évangéliques US est directement issu de l’antisémitisme dont ils se réclamaient par le passé. Ce nouveau philosémitisme est simplement un cache-nez, un moyen pour arriver à la fin du monde, à la rédemption, mais nécessairement par la destruction des juifs, qui, s’ils ne reconnaissent pas le Christ comme Mashiah, iront droit en Enfers. Ils sont assez cyniques ces chrétiens-là… Et les dirigeants israéliens qui se rapprochent d’eux, au moins naïfs.
Je rejoins la pensée d’Eric Laurent, et j’avais personnellement fait un petit papier sur le sujet pour Le Post, et notais la dérive parallèle où veut nous entrainer Nicolas Sarkozy.
Orages, et tornades (God bless américa) !
« Alors que les nuages de l’orage s’assemblent au loin sur la mer. » Ça ce sont les premières paroles de l’hymne Américain. Vous savez, le pays le plus puissant au monde tout de même. Les éléments se sont déchaînés le 5 et le 6 Févier sur plusieurs contrées de ce vaste pays. Ni voyez vous pas une intervention divine ? Et puis alors que les « Caucus » (c’est le nom de ces événements) sont en cours dans divers États, les tornades et orages s’abattent su les States. La campagne électorale où Dieu est omniprésent (sans le Seigneur, point de recours) et où chaque chambre d’ Hôtel possède une bible dans le tiroir de la table de chevet. Notre siècle sera religieux ou ne sera pas avait dit Malraux me semble t-il ! Sarkosy l’a également exprimé lien:Là Donc, Dieu partout, à toutes les « sauces » c’est notre lot !Ici Les liens s’ils ne fonctionnent pas sont des réferences tirées du Figaro.fr et de Wikipédia.