La Chine est devenue en 2009 le plus gros consommateur mondial d’énergie. Et le gouvernement vient de lister les usines utilisant des moyens de production "arriérés".
On ne parlera jamais assez de la Chine, notre miroir absolu. Le lien entre notre niveau de gaspillage et la folie « développementiste » qui règne là-bas commence à être connu. En échange d’ordinateurs, de jouets, de vêtements, de colifichets et fanfreluches, nous lui vendons des turbines, des trains, des centrales nucléaires. Selon Fatih Birol, économiste en chef de l’Agence internationale de l’énergie, la Chine est devenue en 2009 le plus gros consommateur mondial d’énergie.
L’an passé, sur fond de crise mondiale, les Chinois craignaient une chute brutale de leur PIB. Mais la croissance du pays a finalement atteint 9,1% et frôlé les 12% au premier trimestre 2010. Personne ne peut décrire le chaos qu’entraîne une telle éruption. Sur place bien sûr, mais également dans des pays comme le Cambodge, le Laos ou, sur le continent africain, la République démocratique du Congo, dont les forêts et autres richesses naturelles sont aspirées avant de disparaître dans le chaudron chinois.
Ne croyez pas que les bureaucrates au pouvoir sont tous des aveugles. Certains des gérontes de Pékin, non des moindres, ont compris depuis plus de quinze ans que cette fuite en avant menait droit à une impasse écologique globale. De temps à autre, ils parviennent à imposer des mesures, aussitôt emportées par le tsunami de l’économie. Le gouvernement vient ainsi de dresser la liste de 2 087 usines utilisant des moyens de production « arriérés », les menaçant de leur couper tout crédit si elles ne changent pas leurs process. Une cimenterie de la ville de Huaibei, dans le Nord, a même vu son électricité coupée sans préavis, pour un mois, à titre d’avertissement.
Gageons qu’on n’en entendra pas longtemps parler, de ce coup d’épée dans l’eau. Et regardons plutôt ce qui se passait, ces derniers jours non loin de là, sur l’autoroute menant de la Mongolie- Intérieure à Pékin. La télé officielle China Central Television a fait ses gros titres, pendant des jours, d’un embouteillage démentiel long de 120 kilomètres, causé par la présence d’environ 10 000 camions, la plupart chargés de charbon. Ce charbon dont le rôle dans le dérèglement climatique est majeur.
La Chine sera-t-elle le premier pays au monde à connaître un krach écologique, rendant impossible la poursuite de cette aventure extrême ? Nul n’en sait rien, mais elle est bien placée pour une médaille d’or du désastre.
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