La vengeance d’un parrain marseillais. Un nanar XXL produit par Luc Besson, avec Jean Reno, impayable en caïd old school, laconique et loyal. Interview bidon.
Alors Jean, ce nouveau film ?
- Jean Reno. Génial. C’est exactement ce que j’aime. Un grand sujet, un grand réalisateur et un grand producteur. C’est adapté d’un livre de Franz-Olivier Giesbert, inspiré de la vie du truand Jacques Imbert, dit Jacky Le Mat, réalisé par Richard Berry et produit par la boîte de Luc Besson, EuropaCorp. C’est mon chef-d’oeuvre, l’aboutissement d’une carrière, je crois.
Mieux que "La Rafle" ?
- J.R. Ah La Rafle, un grand film…
Aussi grand que "Thérapie de couples", la comédie américaine dans laquelle vous jouez, sortie il y a deux semaines ?
- J.R. Je sens poindre un peu de cynisme là, c’est l’esprit Bakchich, c’est ça ?
- Pour être franc, "L’Immortel" est un des pires nanars que j’aie vus depuis très longtemps.
- J.R.…
Le scénario est aussi palpitant qu’un épisode de "Derrick". Laissé pour mort par des anciens associés, un truand old school va se venger. S’il ne peut plus tenir un stylo, ça ne va pas l’empêcher d’exterminer une nuée de malfrats marseillais. Richard Berry voudrait refaire "Le Parrain", avec un morceau d’opéra avant chaque séquence d’action, mais on dirait plutôt un remake du "Grand pardon"… Sa mise en scène est digne d’un Pierre Morel ou d’un Louis Leterrier. Avec EuropaCorp, on a l’impression que c’est toujours le même robot interchangeable derrière la caméra. On est dans le tape-à-l’oeil et les effets clips. Par exemple, au début, Berry, qui s’est offert un petit rôle de caïd, torture un dealer. Il décide ensuite de lui coller une balle entre les deux yeux. Le pauvre bougre s’envole au ralenti et fait un vol plané de dix mètres. Une horreur !
- J.R. On est dans le polar pour d’jeuns. Ils veulent de l’action, du cinéma qui déménage.
C’est pour ça que le film est monstrueusement sadique ? Il y a une multitude de scènes de torture hyper complaisantes, dont ce pauvre mec qui subit la séance des penalties : des coups de pieds dans la tête jusqu’à ce qu’il en crève, avant de se faire bouffer par des molosses.
- J.R. Ca rigole pas chez les truands marseillais.
Pourtant, le spectateur se marre dès qu’il aperçoit Kad Merad en truand à Ray Ban, hypocondriaque et très méchant.
- J.R. Kad, il tourne plus que moi. Possible qu’il ne soit pas toujours au meilleur de sa forme.
J’ai maintenant une question de mon rédac’ chef, X. M. Huuum. Je cite : « Vous avez tourné dans plus de 70 films. Comment avez-vous fait pour ne jamais en tourner un seul bon ? » Désolé !
- J.R. (il s’étrangle) Mais putain, tu sais à qui tu parles, p’tit con, je fais partie des acteurs français les mieux payés avec deux millions d’euros par an ! Je suis un dieu vivant au Japon. J’ai fait Le Grand bleu, Léon, Godzilla, Les Rivières pourpres, Les Visiteurs, Subway, Nikita, Le Jaguar, Wasabi, Ca$h, Da Vinci Code, L’Empire des loups, La Panthère rose, L’Enquête corse, Ronin, Le Premier cercle… J’ai 62 ans, mais ça va pas me gêner pour t’en coller une.
Vous savez, je ne suis pas toujours d’accord avec mon rédac’ chef. D’ailleurs moi, j’aurais sauvé "Mission : impossible" de Brian De Palma. Bon, je vais vous laisser…
"Hana-bi" (reprise) de Takeshi Kitano
C’est le mois Kitano. Décoré par Frédéric Mitterrand, honoré à la Fondation Cartier et célébré à la Cinémathèque du Centre Pompidou, Takeshi Kitano vient de sortir un vrai faux autoportrait, le jubilatoire Achille et la tortue. Également en salles, Hanabi, le chef-d’oeuvre de Kitano-san, Lion d’or à Venise en 1997, l’histoire d’un flic laconique et ultra-violent qui tente d’adoucir les derniers jours de sa femme mourante. Poignant, élégiaque, somptueusement mis en scène : le plus grand film des années 90 ?
"Dream" de Kim Ki-duk Pendant des années, Kim Ki-duk a été un de mes chouchous, réalisateur de bijoux inclassables comme L’Île, Bad Guy, Coast Guard ou Locataires. Dream, une histoire de rêve imbitable entre deux personnages, confirme la mauvaise passe du Coréen. C’est toujours très beau, mais désincarné et vide.
"Alice au pays des merveilles" de Tim Burton
Comme Martin Scorsese ou Roman Polanski, Tim Burton n’en finit plus de décevoir. De son cinéma, il ne reste que des tics, un savoir-faire, des recettes. C’est triste, mais on peut également décider d’en rire en regardant sur le Net le petit film parodique de College Humour sur la recette de l’entrepreneur Tim Burton. Absolument hilarant.
Le démontage systématique ou le "cassage" est à la mode et nombreux sont ceux qui en font leur fond de commerce. Seulement pour que cela marche, il faut au moins un minimum de talent et un fond de vérité dans la critique.
Le film n’est pas bon, mais cette pseudo critique gratuite est juste nulle. Tout le monde ne s’appelle par Guillon.
BiBi est tombé, lui, sur un vrai interview de Jean Reno dans un article du 19 mars paru dans le magazine "Migros-Magazine".
Il y a comme certaines ressemblances entre lui et son pote Nicolas : par exemple, Jean Reno dit une chose (dans Paris-Match du 18 mars) pour dire complètement le contraire ailleurs( dans les propos rapportés par "Migros-Magazine")
Avec en prime une magnifique photo des deux amis très décontractés dans un petit port de la côte corse.