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Ibrahim, gentil immigré en son pays

mardi 10 octobre 2006 par Moussa Ka
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Ibrahim, jeune camerounais, s’interroge sr les véritables raisons de son exode rural vers Yaoundé.

Originaire du nord du Cameroun, Ibrahim, la vingtaine souriante, a longtemps fait confiance aux autorités. Ainsi, quand sa maison a été anéantie par une méchante pluie, l’été dernier, il a sagement attendu l’aide promise par le préfet pour la reconstruction. Ne voyant rien venir après six mois de faux espoirs, il a fini par comprendre que les autorités vivent davantage aux crochets qu’au service de leurs administrés. Alors, en avril dernier, il a décidé d’émigrer.

Ibrahim n’est pas un de ces vilains Africains venus s’échouer sur les plages européennes sous le regard rapace des caméras de télévision. Non ! Il a eu la gentillesse d’émigrer près de chez lui, loin des regards, à seulement quelques centaines de kilomètres de son village. Il a vendu son vélo, son seul bien, et s’est acheté un billet de train pour Yaoundé. Là-bas, croyait-il, il trouverait sans doute de quoi financer la construction d’une nouvelle maison. Dans la capitale, Ibrahim a retrouvé son père.

Un père inconnu, qui l’avait abandonné avant même sa naissance mais qui l’héberge d’autant plus généreusement que le jeune homme contribue largement au loyer. Car Ibrahim est un garçon aussi débrouillard qu’impatient de retourner s’installer au village : à peine débarqué à Yaoundé, il a dégoté un emploi de gardien dans une villa huppée, deux jours et deux nuits par semaine, pour 36.000 F CFA (55 euros) par mois. Pour profiter à plein des possibilités financières qu’offre la ville aux sept collines, il s’est aussi transformé en marchand ambulant, cinq jours par semaine, grossissant ainsi le flot ininterrompu des promeneurs solitaires qui trimballent inlassablement leur marchandise en toc de quartiers en quartiers. Vendeur de sacs à main, ses bénéfices peuvent atteindre jusqu’à 1.200 F CFA par jour (1,8 euros).

Ainsi, calculait-il dans les premiers temps, la reconstruction de la maison ravagée par les eaux ne devait pas prendre plus de quelques petites années. Mais la rentrée scolaire de septembre a bousculé ses prévisions. Car l’école, officiellement gratuite, coûte en réalité fort cher aux Camerounais. Si cher, que le pays entier se serre la ceinture pendant des mois pour payer les fournitures scolaires de leur progéniture et… les exorbitants frais d’inscription indûment ponctionnés par l’administration. Ainsi concurrencé, le vendeur de sac à main ne fait plus guère recette depuis quelques temps. Et son père, qui lui a donné une ribambelle de petits frères et sœurs ces vingt dernières années, ne cesse d’augmenter le loyer du fils providentiel. Au point qu’Ibrahim se demande pourquoi il est venu user ses guibolles sur le pavé de Yaoundé. N’aurait-il pas du, lui aussi, orienter ses pas vers des contrées plus fortunées ?


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