Pauvre Dariga Nazarbaeva, la pulpeuse fille du président du Kazakhstan, Nazarbaev. Son autocrate de papa l’a forcée à divorcer de son mari, qui voulait être Calife à la place du beau-père.
Après vingt-deux ans de mariage, trois enfants et une petite-fille, c’est par fax que Rakhat Aliev, l’époux de Dariga Nazarbaeva, la fille aînée du Président du Kazakhstan, a appris son divorce. Sa signature aurait été imitée sur les documents. Fin d’un mariage tumultueux ? Que nenni ! Juste le dénouement d’un combat féroce entre Nazarbaev, le Président de la république kazakh, et son gendre. Pourtant, Dariga Nazarbaeva, quarante-cinq ans au compteur, passe pour être la femme la plus influente de cette ex-république soviétique.
Cette passionnée de chant lyrique, historienne et docteur en sciences politiques est membre du Parlement, Présidente du Congrès des journalistes du Kazakhstan et dirigeait avec son (ex-)mari, le premier groupe de presse du pays, Khabar. À eux deux, ils contrôlaient plusieurs chaînes de télévision et stations de radio sans compter des journaux et l’agence de presse Kazakhstan Today. En 2003, elle s’est même lancée dans la politique en fondant son propre parti : Asar, « Tous ensemble ». Au Kazakhstan, on parle d’elle comme du successeur potentiel de son dictateur de papa à la présidence. Hélas, c’était sans compter sur son époux aux dents longues, Rakhat Aliev…
Début 2006, deux opposants politiques sont assassinés à trois mois d’intervalle. Nazarbaev accuse son gendre Aliev, alors vice-ministre des Affaires étrangères d’avoir commandité ces crimes. À son tour, l’époux de la pulpeuse Dariga accuse son beau-père. Puis, quand Aliev exprime son intention de se présenter aux présidentielles de 2012, papa Nazarbaev voit rouge. Tout rouge. Et n’a plus qu’une obsession : se débarrasser de ce gendre insolent et encombrant. Se méfie-t-il aussi de sa fifille ? Toujours est-il qu’en juillet 2006, Nazarbaev fusionne Asar, le parti de sa Dariga, avec le parti pro-Nazarbaev, Otan. On n’est jamais trop prudent, surtout avec sa famille.
Puis, en janvier 2007, deux dirigeants de la Nurbank, une banque dans laquelle Aliev a des parts, sont enlevés. Le mari de Dariga est encore accusé mais aussi démis de ses fonctions de ministre et envoyé en exil diplomatique à Vienne, comme ambassadeur. Dariga ne le suivra pas en Autriche et, en mai 2007, Nazarbaev proclame un décret destituant son gendre de toutes ses fonctions officielles. Un mois plus tard, Dariga et Aliev « sont divorcés ». Aux mauvaises langues qui accusent fifille d’avoir sacrifié son mariage à la politique, il faudrait plutôt répondre qu’elle n’a probablement pas eu le choix, bien qu’elle s’en défende. « Ce fut une décision très difficile, mais prise en toute connaissance de cause », a-t-elle déclaré à son agence de presse, Kazakhstan Today.
Aujourd’hui, l’ex-époux de Dariga vit caché en Autriche dans un lieu tenu secret. Il a demandé l’asile politique. Selon lui, la mafia russe a reçu l’ordre de le tuer. Il vient d’être condamné à quarante ans de prison par contumace au Kazakhstan. L’Autriche refuse de l’extrader au motif qu’il ne bénéficierait pas, dans son pays, d’un procès équitable. L’homme traqué ne rend pas pour autant les armes et annonce la publication en juin d’un livre qu’il vient de terminer. Le titre ? « The Godfather-in-Law ».
Dans cette guerre impitoyable entre un père et un époux, Dariga a choisi le père et, sans doute, la voie de la future présidence. Pas folle la guêpe.