Dimanche 17 février, les 23000 médecins parisiens votent pour élire leur nouveau conseil de l’Ordre. Le précédent avait été dissous par Roselyne Bachelot, la pétulante ministre de la Santé, suite à un rapport accablant de l’IGAS. Les révélations de « Bakchich » sur ce bras de fer qui rebondit…
En octobre dernier, le conseil de l’Ordre des médecins de Paris avait été dissous – non sans résistance – à la requête de la ministre. Une décision sans précédent dans l’histoire de cette vénérable institution fondée par le maréchal Pétain et supposée veiller au respect de la déontologie par la profession. Une décision motivée toutefois par les conclusions d’une enquête menée par l’IGAS (Inspection Générale des affaires sociales), dont Bakchich a pu consulter de jolis passages. Dans ce rapport, peu de gentillesses : « graves dysfonctionnements », « manque de transparence », conseil « scindé en deux clans », « instance délibérante dans l’impossibilité de fonctionner », « rémunérations versées en marge de tout cadre juridique », des faits « susceptibles d’être pénalement qualifiés », voilà un bref florilège des découvertes de l’IGAS. Au demeurant pas sérieusement contesté par les intéressés.
Seul l’Ordre national des médecins (l’autorité de tutelle de l’ordre parisien) relève que les investigations de l’IGAS n’avaient mis à jour « aucune malversation établie ». Juste « susceptible » d’être établie ! Ben voyons…
Entêtée, Roselyne Bachelot qualifie, elle, ce rapport d’ « accablant ». Pas moins. Et le message de l’IGAS, qui concluait que seul « un renouvellement du conseil » permettrait au conseil départemental de sortir de la crise, n’a apparemment pas été entendu… Moins de quatre mois plus tard, dimanche 17 février prochain, c’est sans états d’âme que l’équipe de conseillers démissionnés d’office… se présente de nouveau aux suffrages des 23000 blouses blanches parisiennes ! Du jamais vu. C’est que la noble tâche de faire respecter « les bonnes pratiques et la déontologie » s’avère à la fois peu contraignante tout en étant grassement rémunératrice.
En principe bénévole, l’activité de certains des conseillers parisiens donne lieu à de copieuses indemnités annuelles : 85 000 euros pour le président de l’ordre, 80 000 pour son secrétaire général, 46 000 pour le trésorier. Des indemnités supposées compenser le « préjudice financier » engendré par la perte d’activité (consultations) des élus au conseil. Pas illogique au demeurant.
Mais comme le relève l’IGAS, ces rémunérations ne reposent sur aucune base légale : absence de contrat de travail, liberté quasi totale d’organisation du travail, absence d’objectifs fixés et de résultats mesurés. Le montant de ce manque à gagner n’est « en aucune façon calée sur les revenus réels du médecin avant son élection », explique encore le fameux rapport de l’IGAS. Du saupoudrage à la bonne franquette et parfois d’un niveau élevé.
« Six conseillers, soit 20 % de l’effectif total (salariés + conseillers rémunérés), perçoivent donc 43 % du total des rémunérations, détaille le rapport, pour, dans la plupart des cas, équivalent au plus à un mi-temps ». Et effectué à l’unisson de préférence « le matin ». Ça laisse au moins du temps pour la sieste.
Ces bons et désintéressés descendants d’Hippocrate ont aussi prévu une indemnité de fin de mandat. Il s’agit cette fois de compenser « le préjudice financier occasionné par la perte du mandat », une sort de golden parachute, en quelque sorte. L’idée étant de permettre au professionnel de se reconstituer une clientèle, celle–ci ayant été délaissée au cours de la période ou l’élu s’est mis au service des intérêts supérieurs de la profession. Très, très supérieurs.
Plus d’info dans l’hebdo 67 de Bakchich, ici.