Dans une banlieue française, calme et propre, plutôt bourgeoise, voici des ados glandeurs et fumeurs de pétards. Parmi eux, Gianni et Corentin. Rien de grave, ils n’agressent pas, ils ne volent pas, mais le directeur de la police municipale et l’Education nationale sont convaincus qu’ils sont en danger et qu’ils vont délinquer prochainement. En route pour la rééducation, filmée par « Strip tease » (« Police et polissons », France 3, dimanche soir) !
Et en route pour le malaise ! Dans les locaux de la police municipale, le réalisateur Eric Cardot a surpris un mélange douteux de compassion et de brutalité. Appel à la confiance, menace de coups…
A la manœuvre, outre les policiers, il y a une éducatrice municipale, qui ne décline pas d’autre compétence que d’être « maman de quatre enfants ». Si on ajoute à toute cette équipe les profs du collège, cela fait beaucoup de monde mobilisé pour un ado boutonneux et non violent, pathétique de mollesse, dont le seul crime est de refuser de faire ses devoirs et d’encombrer la cage d’escalier avec ses potes.
Au fil de l’émission, le malaise grandit. De quel droit un directeur de la police municipale, mélangeant tous les rôles, joue-t-il à la fois le moniteur de sport, le père, le psy, alternant les bisous, les menaces et les baffes ? A le voir s’occuper ainsi de Gianni, on peut penser qu’il s’occupe à plein temps de cet ado, comme s’il n’y avait pas de vrais délinquants dans la commune ou de jeunes réellement en danger.
Même pour aider Gianni à faire ses devoirs, les autres flics du commissariat sont mobilisés (« remercie la société ! »). Mieux que de la police de proximité, voici la police d’intimité ! Michel Foucault nous aurait fait un bon bouquin là-dessus… On se contentera de la télé, avec des adultes pathétiques, paumés entre psychologie à deux balles et abus de pouvoir.
Car l’abus est flagrant. Et c’est Gianni, filmé pendant des semaines dans le rôle de « la merde » et de la « fiote » (dixit le chef policier) qui pose finalement la bonne question : « elle est où, la loi qui m’oblige à écouter le directeur de la police ? » A l’écran, toutes ces mesures préventives et répressives se font sans l’intervention – et la garantie - d’un juge. C’est dommage dans un Etat de droit. Que vaut l’autorité d’un flic livré à ses bons sentiments et à ses frustrations ? Sous le verbiage de l’autorité, où est passée la vraie loi ?
Le pire, c’est que les auteurs de « Strip tease », excellent programme au demeurant, semblent cautionner ce qu’ils ont filmé : en guise d’épilogue, un écran vante les mérites de cette action en rappelant (« qui aime bien châtie bien »). Sans ironie apparente. Dimanche soir, « Strip tease » aurait mieux fait d’aller se rhabiller.
Post-Scriptum (1er avril, 16H) : C’est vrai que ma conclusion est un peu sévère à l’égard de "Strip Tease". Néanmoins, après re-visionnage, j’ai pu noter le contenu de l’écran final, qui sert de "moralité" au reportage. Le voici :
"L’école manque à sa mission La police prend la succession Sans baffes et sans humiliation Y a pas de bonne éducation".
A mes yeux le second degré n’est pas évident.
N.B.
Cher Nicolas Beau,
J’ai lu votre papier sur « Police et polissons », et je dois vous avouer que, même si j’ai pris un peu de distance avec l’émission Strip-Tease que j’ai co-créée, votre dernier paragraphe m’est resté en travers de la gorge. « Les auteurs de Strip-Tease semblent cautionner ce qu’ils ont filmé »
Ce n’est pas l’avis des commentateurs qui vous suivent, et je n’ai pas vu d’ « écran vantant les mérites de l’action » et proclamant « qui aime bien châtie bien ». > Les seuls commentaires de Strip-Tease (écrits par votre serviteur) sont les quatrains qui arrivent en fin de films :
« L’école manque à sa mission
La police prend la succession
Sans baffes et sans humiliation `
Y a pas de bonne éducation
Retrouvons les vertus viriles
Dézinguons les soixante-huitards
L’alcool plutôt que le pétard
Et pour nos enfants des vigiles »
Et je vous livre en prime celui du dernier épisode :
« Pour discipliner nos enfants
Tout en dépensant moins d’argent
Fusionnons deux institutions
L’Intérieur et l’Éducation »
Je n’imagine pas qu’un ancien journaliste du Canard puisse y voir une quelconque caution…
Si d’aventure vous pensiez que je n’ai pas tout à fait tort, ayez la gentillesse de le faire savoir à vos lecteurs. Amicalement,
Marco Lamensch
Ah mais moi, je sais pas pour vous, mais moi… J’m’en remet pas…
Là, hier, un sans pap’ s’est foutus à la flotte, poursuivis par la BAC (Brigade des Amis Câlins). Sa famille dis ne pas comprendre pourquoi il aurait fais ça… Que c’est pas son genre… Qu’il aurait jamais fais ça tout seul…
Mais vous voyez, ça moi, j’m’en fous. C’est normal, faut pas être sans papiers, c’est une connerie de faire ça, tout le monde le sait…
Par contre le gamin dans strip tease qui se fait engueuler… Ah non, j’peux pas tolérer ça, moi.
J’peux pas, c’est trop dégueulasse.
alors,
je suis bien d’accord pour reconnaître l’ignorance générale des différents protagonistes du reportage… c’est vrai que ça vole bas, j’en conviens.
Mais bon… sans déconner… il est où le problème ? je comprend pas qu’on tape une crise parce qu’on a mis une bonne paire de tartes dans la gueule à un branle couilles. Y a pas de mal à se faire secouer un coup (blague). Le môme c’est une chiasse, il mérite bien qu’on lui tarte la gueule… je dis pas qu’on doit retourner aux châtiments corporels, hein… non non. Juste bah là… ouais une bonne claque et ça repart. Ca pouvait lui faire que du bien. Et même si c’est un flic qui met une claque… bon… bah on s’en cogne serieux ! pourquoi on s’attarde là dessus ? sans déconner les mecs ?
je peux porter plainte contre mes parents si je prend une gifle ? éh… coups volontaires sur mineur… qu’est ce que vous en dites ?
Antoine
Mesdames et Messieurs,
Le syndicat que je dirige sur le plan national est à l’origine de la plainte contre les agissements et le comportement de ce responsable d’un service de Police Municipale, considérant que l’interessé à failli aux règles régissant notre profession et dont l’observation par tous est de rigueur.
Outre cette plainte auprès du Parquet d’Evry, nous avons solliciter la prise d’une mesure conservatoire qui nous paraissait normale et tout à fait justifiée eu égard aux circonstances.
contrairement à ce que nous avons pu lire ici et là ce responsable n’est ni limogé, ni viré de la Police Municipale il est suspendu de ses fonctions , ce qui constitue une mesure conservatoire, ce qui lui permet entre autre de continuer à percevoir l’intégralité de son traitement et conserver le statut de fonctionaire.
Nous n’avons pas la prétention de remettre en cause le reportage, ni l’existence de l’émission, l’interêssé en se livrant à nu en connaissait les risques, il ne pouvait les ignorer
Outre les agissements et le comportement de ce respsonsable de service, qui n’est d’ailleurs pas Directeur de Police Municipale, ni Chef de Police, mais Brigadier Chef Principal de Police Municipale, d’autres aspects sont à prendre en considération que nous avons développé dans notre plainte, notamment nous avons sollicité que le parquet s’interesse dans les conditions dans lesquelles ce personnage a assurer la formation de "policiers" Camerounais à l’usage du taser.
Le reportage diffusé ce dimanche nous montre que nous sommes bien loin de la simple formation, mais plus proche de la mission du VRP ou d’un Chef d’entreprise.Il y a là matière à s’interroger.
Pour conclure, j’entends ici préciser que les méthodes de ce personnage font l’objet unanime d’un rejet de la profession et qu’elles ne sauraient donc être considérées comme étant le reflet de notre métier.
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