"Le dernier des Mohicans" en bande dessinée. Du grain et de la sueur aux couleurs mates et sombres.
Avec des « si », on peut mettre Vierzon en bouteille et, avec du style, les débuts de l’Amérique dans un tableau.
L’oeuvre est celle d’un funambule qui tient son art en équilibre à l’aide de son seul pinceau, sur le fil des mots. Cet artiste, c’est Cromwell, un type passé des paras aux sépias, du fusil au fusain. Il vient de sortir l’adaptation dessinée d’un classique de la littérature américaine, le Dernier des Mohicans, de James Cooper, aux éditions Soleil productions. On pourrait dire que cet album est à la mystique de la BD ce que 2001, l’odyssée de l’espace est à celle du cinéma. De la volupté et de la mort. De l’organe et de l’esprit. Cromwell s’est créé à partir du roman d’aventure son propre musée en peinture. Chaque page est un tableau en miniature de sa fresque dessinée. On suit la guerre entre Français et Anglais qui se battent pour l’appropriation des terres indiennes en 1757. Le fil conducteur est le destin d’un officier de la Couronne chargé de conduire deux soeurs à leur père grâce à l’aide d’un chasseur mohican.
Sans utiliser la toile, Cromwell s’est servi d’un papier épais comme du papyrus pour donner du grain au dessin, de la sueur aux couleurs mates et sombres. On baigne au milieu d’âmes moites où il pleut sans discontinuer sur les chairs. Seul parapluie, vos yeux de lecteur pour apprécier la beauté d’un univers artistique. Ça vous changera de la crème solaire de la télé et des plages de Radio bleu. Et peut-être d’éviter l’insolation de la connerie.