Après plusieurs semaines de conjectures sur l’absence du président de la République de la scène politique, ce dernier a repris ses activités samedi 2 septembre, coupant court aux rumeurs voire aux inquiétudes.
La rentrée politique a été lancée en fanfare : annonce d’un référendum sur la réforme de la constitution, renvoi devant le parlement du projet de loi sur les hydrocarbures, préparation des élections générales de mai 2007, prolongement de la date butoir pour les repentis islamistes qui ne se sont pas encore rendus et un agenda diplomatique chargé (sommet des non-alignés à Cuba, session des Nations Unies à New York). Jusqu’au ramadan, Abdelaziz Bouteflika sera très occupé.
Pendant tout l’été la presse algérienne et la population se sont interrogés sur son retrait de la vie publique. Sa maladie a alimenté les hypothèses les plus sombres, certains imaginaient déjà une vacance du pouvoir, il n’en était rien.
Le gouvernement a géré la crise libanaise et le premier ministre Abdelaziz Belkhadem a reçu les visiteurs, notamment l’émissaire du président russe Vladimir Poutine pour tenter d’apaiser la colère des Algériens, qui n’avaient pas été invité au dernier sommet du G8 à Saint-Pétersbourg.
On peut tirer au moins deux enseignements de ces quelques semaines de gestion gouvernementale sans immixtion du chef de l’Etat : tout d’abord Abdelaziz Bouteflika a une grande confiance politique dans son premier ministre. Alors qu’ il n’a jamais laissé le terrain libre à Ahmed Ouyahia, dont il se méfiait en raison de ses liens avec une frange de l’armée, qui dirige également le Front de libération nationale ce qui lui permet d’avoir au parlement l’autorité nécessaire sur les députés du parti pour imposer les réformes.
D’autre part certains observateurs ont relevé qu’il s’agit également d’un message à l’intention de ceux qui auraient oublié l’épisode de la confrontation avec un ancien premier ministre, Ali Benflis, candidat malheureux à l’élection présidentielle. La compétition entre les deux hommes avait tourné à l’affrontement et failli casser le FLN.
Avec Belkhadem rien de tout cela. Il a été choisi par le président, il appartient au sérail, diplomate et fin politique il incarne l’aile traditionnelle et conservatrice, ce qui lui permet de dialoguer avec les islamistes. Il a, au milieu de l’été, avancé l’idée qu’il fallait accorder un délai supplémentaire aux islamistes qui sont toujours dans les maquis, sans être repris par l’entourage présidentielle. Il pourrait incarner le moment venu un candidat naturel pour succéder à l’actuel locataire du palais d’El Mouradia.
Le premier conseil de gouvernement a porté sur la poursuite des réformes et un plan de 32 milliards d’euros pour améliorer la vie quotidienne des Algériens. Le pays est un immense chantier, partout les échafaudages poussent comme des champignons. Immeubles d’habitation, hôpitaux, routes, écoles, bureaux, gymnases, le secteur du BTP est en pleine expansion et la spéculation sur le foncier est devenue un des enjeux majeurs, parfois violent, auquel se livre les hommes d’affaires à l’appétit aiguisé par l’appât du gain rapide et facile.
Il faut dire que l’urgence est partout dans tous les domaines et l’augmentation du prix du pétrole donne à l’Algérie les moyens d’agir. Le paradoxe de cette situation est, comme tous les systèmes en transition, une paupérisation grandissante de la population qui ne voit pas encore concrètement les effets positifs de cette accumulation de pétrodollars. Les élections législatives de 2007 approchent et l’Alliance présidentielle, dans laquelle se retrouve tous les courants politiques, sait bien qu’elle pourrait être sanctionnée si les résultats tardent à venir.