Suite du feuilleton de Bakchich destiné à célébrer le 20ème anniversaire du coup d’État médical du président Ben Ali. Cette semaine, le neveu présidentiel, empereur des duty-free.
Paradis des voyageurs en déshérance, ou en attente de leur vol, les duty-free génèrent de grosses sommes d’argent. En Tunisie comme ailleurs. Et quand il y a du grisbi au royaume de Ben Ali, ben…il y a une taxe estampillée famille Ben Ali-Trabelsi. Ici, c’est le pauvre neveu du Président qui s’empiffre, le malheureux Soufiane, dont le père, aujourd’hui disparu, avait été impliqué dans la sombre affaire de la « couscous connection », un trafic de drogue entre la France, la Hollande et Carthage. Avec un tel héritage, le fiston aurait pu mal tourner. Mais son chemin est un peu plus éloigné des lignes blanches. Il a en revanche hérité d’une petite particularité de son oncle, Zine Ben Ali, dit Bac moins trois, son peu de goût pour les études. Le garçon a été viré, dans sa jeunesse, d’une modeste école de commerce suisse.
Gênant mais pas paralysant quand le Président tunisien vous charge de négocier avec les opérateurs, les cessions des six duty free du pays. Il suffit de s’adjoindre les services d’un expert. Et l’ami Ben Ali a trouvé l’oiseau rare. Grand brasseur d’affaires, entre l’Afrique du Sud, l’Irak, Monaco, et quelques autres places offshore, Youcef Zarouk s’est attelé à la tâche. Youcef est un homme serviable, qui loue à l’année au fils de Charles Pasqua, Pierre, une des plus jolies demeures de Sidi Bousaïd. Lequel Pierre, qui a fait l’objet d’un reportage dans Paris-Match, où on le découvrait en compagnie d’une charmante blonde, fait l’objet d’un mandat d’arrêt international lancé par le juge Courroye.
Bref, Youcef a fort bien bossé et obtenu de belles commissions pour le neveu. La société suisse Weitnauer, qui a obtenu le marché de gré à gré en 2003 et jusqu’à 2015, verse désormais 25% des droits au régime, contre 35% précédemment. Une mansuétude de 10% versée directement dans les poches du neveu…
Reste un dernier souci pour Soufiane, récupérer la fortune amassée par Abderramane Tlili dans sa brillante carrière de patron des aéroports tunisiens, soit quelques centaines de millions de dollars. Enfermé faute de ne pas avoir partagé le gâteau avec la smala Ben Ali, Abdherramane a reçu en 2004 la visite de ses quatre frères, venus le sermonner. Sur l’air du « Laissons à Ben Ali la moitié du magot et gardons le reste ». Pas question, a répondu le frérot, notre cher Président n’attend que cela pour me massacrer… Abderramane est incontestablement un homme d’expérience… et croupit depuis trois ans et demi en taule.