Le temps des journalistes « embedded », ceux qui couchent dans le lit de l’armée, est de retour. La dernière expérience de cette chaleureuse promiscuité, l’invasion de l’Irak en 2003, aujourd’hui analysée comme une erreur déontologique, n’y fait rien : les Rambo de presse à carte tricolore remettent leurs couverts dans les popotes qui sentent le fayot et la poudre. Si vous avez un petit cousin qui s’ennuie, dites lui de créer une agence de presse bidon, et de téléphoner au service de presse de l’Armée. Dans quinze jours il sera, gratis, à Kaboul. « Fram voyages » ne fait pas mieux.
Les journaux, les télés sont encombrés des images d’une guerre surgie de nulle part. Soudain, la patrie est en danger et l’on ne nous avait rien dit. Voilà que le Taliban est déjà sous notre moquette. Dans un an ou deux, les mêmes, ceux qui sont embeddés aujourd’hui, diront et écrirons que cette guerre, que leurs « reportages » de journalistes aux Armées, étaient des erreurs. Pas grave, aujourd’hui il faut occuper le terrain par un tapage de mots et d’images. Demain on verra bien. Personne ne va écrire que si Sarkozy expédie des soldats en plus à Kaboul, ce n’est pas pour tuer du Taliban (en fait du pachtoun). Mais pour vendre des Rafales, pour blinder l’achat par les États-Unis d’un gros paquet d’Airbus ravitailleurs, et pour que Bush dise à notre président « Je t’aime ».
Dans cette campagne afghane lancée par nos confrères, il y a le reporter ami du bidasse qui va traîner ses Timberland dans la poussière de l’antique royaume. Puis il y a les soldats de l’arrière, ceux qui chauffent le moral des troupes. Ces marraines de guerre sont accrochées à leurs armes fatales, micros et caméras.
Mais loin des micros, il y a d’autres experts que l’on n’entend pas, Mariam Abou Zahab (faut dire qu’elle a un nom pas « crédible »), Emmanuel Todd (voir Marianne2.fr), Eric Margolis, Jean-François Jarrige, Olivier Roy. Je vous les cite sans dictionnaire mais il suffit de taper sur CNRS point quelque chose ou langues O point machin et vous trouverez de vrais gens qui ont fait de vraies recherches dans un pays qu’ils connaissent vraiment bien bien. Ils vous diront tous que, depuis les Mongols, l’Afghanistan a toujours étripé ses envahisseurs. Que les fameux Talibans d’aujourd’hui ne sont pas les mêmes que ceux d’hier et que la guerre actuelle est faite, en réalité, aux pachtouns. Que c’est la Cia et l’Arabie Saoudite qui ont imposé les « Arabes », c’est-à-dire Ben Laden et sa clique aux Talibans (versus 1) alors que ces derniers ne demandaient rien. Que deux mois avant le « 11 Septembre », ces mêmes Talibans étaient reçus à Washington (il s’agissait alors de leur demander de laisser passer un pipe line). Qu’un coup de téléphone peut actionner un bombardier, qui en quelques minutes lâchera sa bombe.
Tant pis si sous la bicoque écrasée par un missile il y a une noce trop bruyante ou un groupe de chasseurs rentrant de battue. Que cette opération est un moyen de fabriquer du terrorisme plutôt que de le combattre. Le principal est que, chaque matin à l’heure du café, ces les journalistes qui font leurs lits au carré et les marraines soient prêts à nous dire la bonne météo. Le temps qui va bien.
typo : uqi > qui
Pyramides.
"Personne ne va écrire que si Sarkozy expédie des soldats en plus à Kaboul, ce n’est pas pour tuer du Taliban (en fait du pachtoun). Mais pour vendre des Rafales, pour blinder l’achat par les États-Unis d’un gros paquet d’Airbus ravitailleurs, et pour que Bush dise à notre président « Je t’aime »".
Vous l’écrivez bien…. et il semble que nous puissions tous vous lire ici même ! Et après ???
Quand bien même ce que vous avancez serait exacte, pensez vous être suffisamment informé pour connaitre tous les tenants et aboutissants de ses opérations ???
Si elles sont dites "spéciales", c’est peut être qu’elles correspondent aussi à des impératifs de non-divulguation pour être efficientes ! Dans ce cas, en débattre ne changera rien à leur programmation. Par définition, l’expression démocratique n’a pas prise sur ce genre d’action. S’il fallait débattre de tout, avant "recherche et destruction", nous ne serions jamais sorti d’aucun bourbier historique.
soupirs !
il y a toujours une sorte de méprise sur l’image du soldat…
ceux qui sont partis en Afghanistan comme dans les autres Opex, ne sont pas de jeunes écervelés célibataires avec des idées faschisantes puisées dans la bière…
la plupart sont des hommes, beaucoup dans la trentaine, mariés et père de famille, quelques femmes militaires également…
Avez-vous pensé donc à ces familles, ces épouses qui attendent en France, plusieurs mois durant, seules, dans l’inquiétude ? Ces épouses que tout le monde ignaure ou/et méprise qui lisent vos articles pleins d’images qui sentent le fayot sur nos militaires d’époux. Evitez également l’image d’un bobonne attendant en jouant au bridge…
Il n’y a pas que des soldats, il y a également des sous-officiers et des officiers et ils sont le reflet de notre société : ni mieux ni moins bien…
merci d’y réfléchir avec un peu plus d’objectivité…
N’oubliez pas non plus que les militaires sont au service des hommes politiques que NOUS avons élus.
Vous avez du vous tromper d’article, il parle de journalistes, pas de soldats.
Vous vous trompez aussi d’élection, les français ont voté pour ça :
Sarkozy poursuivra le retrait des troupes françaises d’Afghanistan
Le COS en afghanistan sous commandement américain, a réalisé un formidable boulot. Souligné par les américains eux mêmes d’ailleurs.
Loin de "raviver" le terrorisme chez nous, ces opérations l’endigue, bien au contraire. Croyez vous vraiment que c’est en restant "neutre", que les actions contre nos intérêts et nos populations dans le monde seront assurés ? Il faut une bonne dose de naïveté et de méconnaissance pour penser cela.
Le storytelling de l’état et de ses représentants n’est évidemment pas toujours à la hauteur pour soutenir ou expliquer clairement ses opérations. Normal, par nature leur efficacité repose aussi sur le silence.
Un militaire sert son pays. Soutenir nos troupes devrait être un devoir. Elles ne font pas de politique. Elles sont l’instrument d’une politique. Que cela vous plaise ou non. Ces hommes protègent nos intérêts. Et cela ne peut jamais se faire sans pertes humaines. De part et d’autre. C’est ainsi "depuis que le monde est monde".
Ce qui vous ne soutenez pas au fond, c’est la quête de puissance de nos nations. Celle-ci est consubstantielle à notre existence même en tant qu’Etat Nation souveraine. Et ceci ne se fait jamais sans combattre.
Vous n’êtes peut être pas d’accord avec ce projet de société, mais vous vivez pourtant tous les jours dans ce projet réalisé ! Libre à vous d’en vivre un autre… Ailleurs.
Bonne quête à vous !
Le "formidable boulot" du COS ne semble pas avoir été si formidable, pour preuve on a pensé à les y envoyer à nouveau, et finalement devant le bilan apparemment mitigé des 3 ans de leur première mission l’état-major y a renoncé.
En effet, sans mettre en doute les capacités des forces spéciales, le travail qu’on leur a demandé de fournir s’apparentait aux missions de l’infanterie légère, hors la formation des hommes du COS n’était apparemment pas idéale dans ce genre de missions, eux dont l’apanage est l’action rapide et ponctuelle.
PS : par ailleurs, effectivement l’Afghanistan est un pays extrêmement hostile aux présences étrangères quelles qu’elles soient, de tous temps seuls les seigneurs de guerre ont détenu le pouvoir là-bas. Nous sommes dans un jeu de dupes, qu’en plus par la faute de l’engagement US en Irak (qui limite fortement le nombre total maximum de troupes disponibles envoyables sur le théatre afghan) nous sommes et serons totalement incapable de stabiliser (je ne parle même pas de victoire).