Cette semaine une revue de presse régionale tout en figures de style. Du pléonasme, avec des entreprises très peu portées sur la philanthropie et de l’oxymore, avec des journalistes très inspirés !
Sous la plume de François Ruffin, le journal amiénois Fakir revient sur une année sombre pour les salariés picards de Goodyear-Dunlop. Un scénario devenu assez classique ces dernières années : des profits qui grimpent, et des emplois qui sautent. Un vase communiquant qui a prouvé son efficacité pour les actionnaires. Et que le bon maire d’Amiens – centriste converti au sarkozisme – Gilles de Robien n’entend pas remettre en cause. « Pour donner un avenir au complexe d’Amiens, acceptez-vous ce projet qui devra être finalisé par un accord avec les représentants du personnel ? ».
Voilà la question que la direction de Goodyear-Dunlop a posée, le 20 octobre dernier à ses salariés. Avec, dedans, un chantage clair : c’était « oui » ou le désastre, « oui » ou le « complexe d’Amiens » n’avait pas « d’avenir ». Le projet, c’était rien de moins que la suppression de 450 postes. Hé bien « malgré ces intimidations, les salariés ont voté “non” (…) Dix jours après le référendum-couperet, une dépêche Reuters tombait dans l’indifférence : “Goodyear monte en Bourse après un 3e trimestre très supérieur aux attentes”. L’entreprise fonctionne à merveille, mais si on ne licencie pas, c’est le chaos. Ce refrain capitaliste est devenu bien classique. « Gilles de Robien se range aux côtés du fort, de l’employeur, et encourage les salariés à ‘adhérer’ à la régression sociale – bien sûr déguisée en un ‘projet de modernisation’ ».
Le mensuel du Bas-Rhin Tonic magazine s’arrête, dans son numéro de février, sur les conditions de travail des salariés de Striebig Logistique à Hatten.
« Des dizaines d’employés se plaignent de harcèlement moral, de mauvaises conditions de travail et, cerise sur le gâteau, ils ont eu droit à une véritable rafle…(…) Depuis plusieurs mois, les témoignages s’accumulent chez Tonic. Des employés ne supportent plus les méthodes de gestion et les différents types de harcèlements. (…) Chez Striebig, il faut pointer 10 minutes avant de commencer pour être opérationnel à temps. Pour certains, la pause casse-croûte de 20 minutes est tout simplement impossible (…) Enfin, toute la journée, des employés de Mercedes jalonnent tout le site en vélo pour surprendre toute personne qui ne filerait pas au carré…Une femme vient de démissionner. Elle a craqué après une longue maladie due à une déchirure musculaire. Certains paquets avaient un poids dépassant ce qu’une femme de corpulence normale pouvait supporter. (…) Pour monsieur Striebig, proche de Loos et des élus locaux, il n’y a pas de problème … »
In La Feuille , hebdo qui tire en Lot et Garonne (31 janvier - 7 février).
« Quand on était petit on rêvait souvent. Les filles voulaient devenir danseuses, les garçons pompiers, trapézistes ou… journalistes ! On fantasme plus rarement sur le métier d’huissier à moins d’avoir un karma très particulier. On ne sait pas pourquoi mais on dirait que les serviteurs du pouvoir ont honte de leur boulot, de ce salaire ou de cette indemnité qui leur donne largement de quoi vivre. Du coup, ils se disent journalistes !
Ainsi, prenez notre ami Martinez. Sa carrière dans le fromage départemental est connue de tous ceux qui gravitent autour du microcosme politique depuis vingt-cinq ans. Il a été dircab de l’ancien président du Conseil général, J. François-Poncet (UMP), puis mis sur la touche et chargé de mission à l’Agropole dans l’espoir de venir conseiller général de Port Ste Marie. Les sondages et les tripatouillages politiques en ont décidé autrement. Exit le métier de cantonnier. Mais comme la soif de pouvoir le tarabuste, on a retrouvé notre Ludo sur la liste du "nouveau centriste" Dionis du Séjour pour les municipales d’Agen. Où est le problème ? Ce sont des métiers que l’on peut éventuellement rendre honorables. Dès lors pourquoi indiquer sur son CV, "cadre bancaire" ( ?) et – mieux – journaliste. Sur la vidéo de présentation de la liste sur Internet, il le dit et le répète clairement, péremptoire, un poil arrogant, en tout cas très content de sa personne et de son timbre de voix, "d’homme de radio". Et Dionis le chef de liste précise le trait. Lors de la présentation à la presse, il insiste, manière de dire "il est des vôtres" : "il est journaliste, il a sa carte de presse". Et personne ne bronche.
Alors non, Ludovic Martinez n’est pas journaliste et il est complètement grotesque de l’entendre présenter sur une radio une revue de presse en omettant juste de dire qu’il est candidat.
Le mélange des genres provoque la confusion et le discrédit dont souffre la presse vient de là. Pour le public, tous ces gens se tutoient, se côtoient, ils sont "à mettre dans le même panier"… Faut dire que notre profession tresse des cordes pour se faire pendre. Et les exemples nationaux (Catherine Pégard du Point passée au cabinet de Sarko, Christine Ockrent, etc.) ne redorent pas notre blason.
Ajoutons à ce sac d’embrouilles des gratuits financés par la majorité et les quotidiens un poil arrosés et on comprend mieux pourquoi ces collusions écoeurent. » Et on comprend mieux la baisse des ventes des payants. Sauf quand on cause de Sarko et / ou d’histoires de fesses…
in La Lettre à Lulu , irrégulomadaire satirique nantais.
« Pour lancer les municipales, Ouest-France sortait trois affiches (décembre 2007). Ca fait un peu première année d’école de communication, mais pour un journal trempé dans l’eau bénite, c’est audacieusement olé olé. Sur les trois, une Marianne découvrant un peu son écharpe tricolore pour donner le sein à son bébé. Avec ce subtil slogan : "Nourrissez le débat".
Cette odieuse atteinte aux bonnes moeurs a poussé la mairie de Châteaubriant à faire retirer des sucettes de l’affichage municipal. Le maire Alain Hunault se défausse lâchement sur un subalterne trop zélé, un fonctionnaire alerté par des administrés outrés : "Des gens se sont plaints à la mairie. Un de mes collaborateurs pris l’initiative, que je comprends". Désormais, pour éviter toute provocation, les femmes devront au moins diviser leur nombre de seins par deux. »
in Tonic magazine
« Il a subi pour la deuxième fois l’amputation de la jambe droite » (L’auvergnat de Paris)
« Les médecins ont également réussi à éviter l’amputation au-dessus du genou de l’autre jambe du blessé, ce qui permettra d’y adapter un oeil artificiel » (Le journal de Montréal).
Pour relire quelques-unes de nos revues de presse SATIRE EN REGIONS