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Revue de presse / samedi 19 janvier 2008 par Anaëlle Verzaux
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Cette semaine, dans la presse régionale satirique, quelques gros plans sur le chômage, ses causes et ses effets, la course au profit et la privatisation des services publics. Enquêtes et reportages.

Commençons par une histoire. Une sale histoire de ville morte quelque part en Moselle, racontée par « Nadia » (s’agit-il d’Alexandra Vallat ou de Thierry Hans ?), une plume de Tonic Magazine . La commune en question s’appelle Sarralbe. C’est une de ces petites bourgades provinciales qui se vident tant les services fondamentaux se raréfient :

« Le petit commerce se meurt. La poste sous perfusion. La trésorerie en partance. Une centaine de licenciements en cours par le principal employeur sur Sarralbe. Mais en 7 ans, rien n’a été fait pour soutenir l’emploi et le petit commerce malgré la pluie de subventions accordées par le Conseil général ». La faute à la politique de monsieur le maire et de ses conseillers, selon l’auteur de l’article. Mais aussi de l’opposition, inconsistante :

« Aucune opposition n’existe pour dénoncer les choix faits par la municipalité et le gaspillage de l’argent public au détriment des habitants ». ( Tonic magazine , n°112, janvier 2008, p. 27)

Des préposés qui rament

Le journal La Feuille , lui, consacre sa page Social à la Poste, service public en voie d’extinction, "sous perfusion".

« Comment la grande boîte a-t-elle pu en arriver là ? Quel but poursuit-elle ? Quel intérêt a-t-elle à démotiver ses salariés, à les casser, à péter l’ambiance, à fractionner les univers des différents services jusque-là solidaires et unis dans le boulot donc efficaces car tendant vers la qualité ? L’argent ? La rentabilité ? »

L’auteur poursuit : « Ce n’est certainement pas en agissant de la sorte qu’elle fidélisera ses clients. Des clients qui ont des yeux et voient parfaitement ceux qui bossent pour La Poste se déglinguer physiquement et moralement (…) Tout ce qu’on lui demande c’est l’obéissance. Du coup, les préposés se referment sur eux, ne parlent plus, rament comme des fous et évitent de parler ». ( La Feuille , n°1343, décembre 2007, p. 7).

L’ANPE et les chômeurs aux oubliettes ?

« A La Poste, la SNCF, EDF-GDF et bientôt dans l’Education, la privatisation se fait « en douceur » et par secteur. A l’ANPE, la privatisation est « expérimentale ». Depuis 2005, des « lots » de sans emplois sont envoyés dans des cabinets privés et des boîtes d’intérim à l’appétit vorace. Le nouveau gouvernement entend finir le travail et renvoyer l’ANPE aux oubliettes », chapeaute l’auteur du long article de La Brique (n°5, décembre 2007 – janvier 2008, p. 12). C’est « la loi Borloo sur la « cohésion sociale » votée en janvier 2005 qui a mis fin au monopole de l’agence. Le mois suivant, l’UNEDIC livre 10 000 sans emplois à des boîtes d’intérim et des cabinets de reclassement privés, dans « un cadre expérimental ». C’est l’apéritif. Car « l’expérience » s’accélère. En septembre 2006, un appel d’offre est lancé pour sélectionner 17 sociétés. La mission : le suivi de 100 000 « demandeurs d’emploi » supplémentaires sur deux ans, à partir de janvier 2007. Pas moins de 143 entreprises portent alors la candidature pour se partager les 168 millions que l’UNEDIC est prête à débourser. En novembre, elle souhaite en vendre 50 000 de plus au privé, mais décide finalement de patienter un peu ».

« La privatisation accélère la « modernisation » de l’agence » (…) Ainsi, les réformes s’accumulent : avec le suivi mensuel, les sans emplois sont traités à la chaîne et l’absence à un entretien entraîne la radiation, dont le nombre explose ces dernières années »… Finalement, « à l’UNEDIC comme au gouvernement, il ne s’agit plus que de faire baisser artificiellement les chiffres du chômage, gage de paix sociale, et de remplir les poches du MEDEF ».

La Brique consacre un autre article sur le sujet, en complément du précédent. Ce sont des témoignages de « chômeurs et chômeuses passés par les griffes d’Ingeus… ou qui ont réussi à s’en extirper de justesse ». [Ingeus est une « société australienne qui a accompagné la suppression de l’ANPE locale, pour ensuite exporter son savoir-faire en Angleterre et en Allemagne »].

Un texte d’un précédent numéro de Tonic magazine (novembre 2007) raconte l’histoire d’un chômeur qui cherche du boulot. « Il était une fois un demandeur d’emploi qui, ayant échoué à plusieurs reprises dans ses tentatives de retour à l’emploi en raison d’un niveau insuffisant en Allemand [nous sommes en Alsace], souhaita faire une formation pour améliorer la pratique de cette langue. Après moult démarches, il trouva une formation idéalement adaptée à sa situation, mais celle-ci était dispensée à Wissembourg. Malgré la difficulté des déplacements, il souhaita quand même la suivre. Cependant, cette formation comportait une journée délocalisée en Allemagne, et notre chômeur devait emprunter une autre ligne de chemin de fer, ce que ne prévoit pas le dispositif pass-formation mis en place par le conseil régional pour les déplacements en formation des chômeurs ».

Et l’histoire se poursuit sur le labyrinthe qu’a dû emprunter notre gars et l’argent qu’il dépensa pour assurer sa formation. Le texte s’achève par une petite pique à l’égard de l’ANPE qui, « lorsqu’elle se rend compte qu’elle a une très mauvaise image auprès de la population, notamment des demandeurs d’emploi, ne trouve rien de mieux que de faire une coûteuse campagne de communication avec des affiches annonçant « nous nous adaptons à votre situation ».

Inventaire des emplois industriels disparus

Pour mesurer la « débâcle » du chômage en France, Fakir reprend « méthodiquement », les statistiques de l’INSEE pour le département de la Somme :

« Somme – les 30 plus grands établissements au 31 décembre 1996 ». C’est une enquête simple, et pourtant éclairante sur le chemin parcouru, en dix années, ici et partout en France. Dans cette liste, au milieu des administrations et des services publics (le « centre hospitalier régional » n°1, la « commune d’Amiens » n°2, le « département de la Somme » n°4, la « société nationale des chemins de fer français » n°5, etc.), on dénombrait encore quinze industries à l’époque. Qu’on les passe en revue. Froidement. Cliniquement ». Quelques exemples parmi les neuf proposés par Fakir .

« Numéro 29 : Flodor à Péronne. Fermée. 900 emplois en 1991, 350 en 1996, 0 aujourd’hui. On connaît l’histoire de ce « patron-voyou » qui a déménagé les chaînes pendant les vacances (voir Fakir n°17) ».

« Numéro 24 : Delsey à Montdidier. Partie en Asie. 450 emplois en 1996, 25 aujourd’hui. « Delsey, né pour bouger ». C’est le slogan qu’affiche cette marque de valises haut de gamme. Promesse tenue : les bagages ont « bougé » –via une « joint-venture créée avec les Chinois ».

« Numéro 23 : Sièges de France. Après une montée en puissance, le Groupe Parisot – dirigé par l’oncle de Laurence, patronne du MEDEF – a revendu cette usine à son directeur général. Et les licenciements s’accumulent déjà : 183 en 2006, 106 cet été ».

« Numéro 20 : Carbone Lorraine. 1200 emplois dans les années 80, 500 emplois en 1996, 400 en 2006. En parallèle, le 11 octobre 2007, Carbonne Lorraine inaugurait sa « nouvelle usine de Chonqing », son onzième atelier en Asie, « qui permettra d’ici quelques années de doubler la capacité de production de graphite isostatique ». Au cours du troisième trimestre 2007, le « Groupe » a enregistré « un chiffre d’affaires consolidé de 174 M€, en hausse de 13 % », le « résultat opérationnel a atteint 61 millions d’euros en 2006, avec une marge opérationnelle de 9,5 % », comme quoi « l’ambition de se transformer en société de croissance est désormais bien engagée ».

« Numéro 13 : Whirlpool. « Goodyear-Dunlop, c’est l’épée de Damoclès qui plane au-dessus d’Amiens. Mais au même moment, Le Courrier picard titrait sur « Whirlpool en quête de compétitivité ». Une façon d’annoncer un troisième « plan social » et « 195 suppressions de postes ». Les lave-linges étaient déjà partis en Slovaquie, en 2002, afin de « consolider les profits », dixit la firme américaine, et d’atteindre « l’objectif de rentabilité fixé à 6,3 % ». Restaient donc les sèche-linge, désormais sur la sellette : « Nous devons réduire nos coûts de 5 € par produit », explique le directeur. D’où le projet « Optima », qui prévoit d’abord, bien sûr, « la remise à plat des accords sociaux sur les horaires et les rémunérations », et ensuite, évidemment, « une réduction des effectifs ». Pendant ce temps, les « résultats flambent au troisième trimestre 2007 », avec « un bénéfice net des opérations continues de 175 M$, en croissance de 50 % par rapport aux 117 M$ de l’an passé. »

« Comment parler, comme la presse et les élus picards après l’affaire Whirlpool, d’un « projet injustifié », d’un « coup de tonnerre sur l’emploi », d’une « malédiction » tombée d’un ciel qui « s’acharne sur la région » –alors qu’en face, les managers ne pratiquent pas le vaudou mais la logique financière, pas la chiromancie mais la rationalité comptable ? »

« A la question “que faire ?”, notre logique répond “Protectionnisme”. C’est juste une intuition, d’abord, l’idée qui vient à l’esprit, naturellement. C’est un (gros) mot qui est rarement prononcé, pourtant. C’est une politique qui est encore moins menée. Il fallait voir plus loin… » Fakir n°35, hiver 2007-2008, p. 4.


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