Guillaume, le frère du président, guigne un fauteuil au Conseil de surveillance du vénérable quotidien, qui se réunit lundi. La place est presque libre, mais il doit franchir encore quelques obstacles…
Nouvelle veillée d’armes au Monde. Avant le prochain Conseil de surveillance du groupe, lundi 11 février, une nouvelle étape a été franchie pour Guillaume Sarkozy, le frère aîné de qui-vous-savez, patron du groupe Médéric et à ce titre depuis le 24 janvier président du Monde Prévoyance, actionnaire du Monde et qui détient un siège à son Conseil. Comme Bakchich l’a raconté, ce Sarkozy-là piaffe d’impatience pour intégrer le saint des saints. Mais le clan des grands patrons membres du Conseil, Alain Minc en tête, son président jusqu’au 31 mars, voit d’un très mauvais oeil son arrivée. Il n’a pas donné suite jusqu’à présent aux demandes par lettres recommandées de frérot Sarko. Un comble : ce dernier en est presque à faire alliance avec les journalistes de l’auguste quotidien pour contrer le patronat…
Le prédécesseur de Guillaume Sarkozy au Monde Prévoyance, qui continuait à occuper le siège convoité, tire néanmoins sa révérence. Dans une lettre adressée le 5 février à Alain Minc et d’autres membres du Conseil, Régis de Laroullière annonce qu’il démissionnera lundi 11 février - ou plus exactement, qu’il « remettra formellement » son mandat entre les mains du Conseil de surveillance. « Je suis très attristé par la communication qui entoure la crise de gouvernance du Monde », signale-t-il son courrier. Mais qui ne l’est pas ?
Laroullière met les pieds dans le plat. Selon lui, le nouveau titulaire du siège à pourvoir - que guigne frère Sarko - doit être coopté par une majorité des 20 membres du conseil de surveillance du quotidien : « Vous savez que la transmission [du mandat] passe par une cooptation. Ceci explique une sorte de mécanisme de double feu vert, par lequel Médéric estime que c’est le moment, et par lequel le Conseil de surveillance qui doit coopter, le confirme par la voix de son président, la cooptation ayant alors lieu dans la foulée ».
Il enfonce le clou, comme pour barrer la route à Guillaume Sarkozy : « J’ai publiquement confirmé qu’il appartenait à Médéric et au Monde de se mettre d’accord sur les modalités de mon remplacement ». Tant que Minc siègera, la procédure de cooptation risque d’être bloquée. Trois solutions, analyse un anti-Sarko : le Conseil refuse la démission de Laroullière pour ne pas avoir à se prononcer sur l’entrée de Sarkozy, et Laroullière accepte de rester un peu plus au Conseil ; ou bien sa démission est acceptée mais son successeur n’est toujours pas coopté, et c’est le blocage du Conseil de surveillance du Monde. Troisième option, le Conseil tente de coopter un autre membre que l’ancien prétendant au poste de président du Medef.
Au moins, Guillaume Sarkozy a compris qu’il vaut mieux se méfier des grands patrons.