Socrate ou Descartes à la télé ? On ne saura jamais comment c’était… Mais Alain Finkielkraut, en tout cas, c’est spectaculaire. Car cet homme endure une Passion, au sens christique du terme. Regardez-le se tordre les mains, les lèvres, creuser les épaules, se tortiller sur son siège(« Le temps de penser », LCP 18/1, 20h).
Le penseur souffre dans sa chair. De quoi ? De l’époque. De Villiers-le-Bel. « On a tiré sur des policiers »,« tout cela est absolument terrible », « le risque,c’est de voir la nation française se transformer en auberge espagnole », « l’école risque de mourir », « la lecture des grands auteurs n’est pas négociable ».
Martyr de la modernité, Finkielkraut ne conceptualise rien. L’écran dégouline d’affect, d’angoisse, d’indignation, mais de pensée, point. Un aveu cependant : Saint Alain confesse qu’il aime le « divertissement » et qu’il regarde « trop de matchs de foot » dans son fauteuil. Heureusement « il y a en [lui] autre chose » (« J’ai un Surmoi »). Encore un qui regarde la télé comme on va au bordel…
Avec Michel Serres, pas de lamento ni de mea culpa ! Filmé au fil de l’eau par Catherine Bernstein, cet ancien élève de l’Ecole Navale, philosophe et capitaine au long cours, adore comme Descartes les sciences « dures »(« Empreintes », France 5 , 18/1). Car « le philosophe veut être encyclopédique. C’est impossible mais c’est nécessaire ». La guerre ? « Le meurtre des fils par d’abominables vieillards ». Un cours en amphi ? « C’est comme faire l’amour avec six personnes ». Les philosophes ? « Ils n’ ont pas de disciples, ils ne sont pas des gourous ».
Boudé par la Sorbonne, Michel Serres n’eut jamais la gloire médiatique d’un Foucault, ni l’aura d’un Deleuze. Il n’en conçoit aucun ressentiment, consolé par le Collège de France et l’Académie française. Bilan : Finkielkraut et Serres à la télé, deux bons moments dans leur genre…. On s’est cultivé ? Mais non, bien sûr, grâce au service public, on a juste fait de la « politique de la civilisation » !
Pour vous guerir du désespérant Finki, angoissant de tics et de nervosités mal plaçées, lire le petit livre de Fontanelle. Les sanpiternelles prises de pétitions de Finki contre l’antirascisme, l’internet, les langues, le rap, les palestiniens … sont justes idiotes et dégoutantes ! Je m’etonne que les médias fassent une telle haie d’honneur à un personnage haineux et excité ! A le voir on dirait qu’il pense qu’il suffit d’avoir l’air ultra convaincu pour dire la vérité ! Mieux vaut lire Badiou Rancière ou Bensaid que celui n’a de cesse de pourfendre l’antirascisme comme si il valait mieux être rasciste !
Je me souviens de Finki qui opposait sarko le joggeur au temps philosophique de la marche, le corps hystérique au corps mesuré… Mais Lui, voyez son corps sur les plateaux tv, soupirs déplacés, voix forçée, sueurs expressives, réthorique agressive, contorsions nerveuses… Bref un véritable hystero de l’identité nationale et de la lutte contre l’antirascisme et du multiculturalisme et de l’internet et du rap et du blak blak blak et j’en passe et j’en oublie… Revoir sur Daylimotion le débat chez Taddei ou vous verrez Finki se faire LAMINER par Daniel Bensaid… Cassez l’ego réthorique de Finki et il ne reste plus qu’un corps qui sue !!
"La télé de service public doit être critiquée, ce blog et le livre qu’il poursuit en sont la preuve. Mais la critiquer n’importe comment, ce n’est pas lui rendre service, c’est se servir d’un sujet facile à bon compte.
Bakchich.info est plutôt un média de bonne qualité, et ce grâce à son patron Nicolas Beau, ancien du Canard Enchaîné. Mais quand il dit que Finkielkraut, lors d’une émission sur LCP/AN, "ne conceptualise rien", il dit n’importe quoi. Finkielkraut est certes critiquable, sur plusieurs plans : il se dit censuré alors qu’il est l’intellectuel le plus médiatique de France depuis trente ans, il est parfois judéomane, c’est-à-dire anti-antisémite à l’extrême, et il est paradoxal puisqu’il parle de l’antiracisme comme du communisme du 21ème siècle. Mais dire que Finkielkraut "ne conceptualise rien", et accuser la télé publique de ne pas permettre de "se cultiver" en l’invitant, c’est n’importe quoi.
Il est sans doute le philosophe médiatisé vivant qui a le plus conceptualisé, René Girard et Edgar Morin mis à part. Son oeuvre en atteste, une vingtaine d’ouvrages en 30 ans, sur plusieurs thèmes fondamentaux comme : la défaite de la pensée (la critique du relativisme culturel ambiant), le juif imaginaire (la critique de l’appropriation des oripeaux des victimes), et la critique de la modernité (notamment via la critique de la technique et de l’école actuelle).
Nicolas Beau, qui a écrit un bon livre sur BHL, croit que Finkielkraut est un BHL bis, simplement parce qu’il passe autant dans les médias. Grossière erreur : c’est tout le contraire. BHL ne conceptualise rien, c’est sûr, Finkielkraut conceptualise tout, c’est tout aussi sûr."