Printemps oblige, la Jamahiryya libyenne fait son ménage dans un peu tous les domaines. Et en premier lieu dans les rangs de la famille règnante.
En fin et ordonné stratège, Kadhafi a commencé à remettre de l’ordre dans ses affaires depuis l’Aïd Al-Fateh, date de la commémoration du 38e anniversaire de son arrivée au pouvoir. Comme quoi il y avait du boulot et ce un peu dans tous les domaines. La faute, en fait, à la fin de la « période de transition ». Levée de l’embargo de l’ONU, retour au sein de la communauté internationale, nouvelle fréquentabilité du pouvoir, autant d’évènements qui ont mis un sacré souk dans la maison libyenne. Et rendu plus que nécessaire une vraie remise à plat du système de la part du sémillant colonel ainsi que la réaffirmation de son autorité. En d’autres termes, claironner qu’il est désormais inutile de spéculer sur des clans ou des hommes qui gravitent autour du pouvoir. Le seul qui décide toujours est le Guide Moâmmar.
Premier rappelé à l’ordre, le fiston Seïf El Islam. Déjà en perte de vitesse (cf. Libye, se passer des Seïf services), le rejeton Kadhafi s’est vu retirer la radio privée « Allibia », qui appartenait, jusque-là, à la société « One Nine » (1/9, c’est-à-dire la date de la révolution le 1er septembre 1969). Le petit joujou médiatique a été rattaché à la radio officielle « Al-Jamahiriya » contrôlée par les Comités révolutionnaires, ennemis de Seïf.
Autre mauvaise nouvelle pour Seïf des rêves, la récente nomination du colonel major, Al-Mouâtassem Billah Kadhafi, au poste de conseiller auprès du Conseil de sécurité nationale. Cet organisme, regroupant les fidèles parmi les fidèles au sein de toutes les composantes de l’armée, des différents services de sécurité et des Moukhabarates (renseignements) sera chargé de dessiner la politique générale visant à sauvegarder la sécurité et la stabilité du pays. Si le Premier ministre, Al-Baghdadi al-Mahmoudi, un pur produit des Comités révolutionnaires préside les réunions restreintes de ce Conseil, Al-Mouatassem Billah demeure, cependant, le véritable gérant de cette nouvelle boîte. Quelques heures seulement après l’officialisation de la mission du Conseil, le jeune colonel major a affirmé que ce nouvel instrument sécuritaire oeuvrera pour la réalisation et la coordination des politiques de développement, de sécurité, de défense, et même celles relatives aux Affaires étrangères. En gros, tous les domaines fertiles en grisbi sur lesquels lorgnait Seïf.
Ces mots prononcés sonnent le glas de sa mythomanie, et de celle de son entourage, qui le présentait comme l’incontournable passage obligé à toutes les entreprises étrangères, notamment pétrolières et d’armement qui frappent toujours aux portes de la caserne de Bab Al-Azizia (au sein de laquelle siège la Quiada libyenne). Du coup, le reste de la smala Kadhafi s’agite et espère. Si Al-Moâtessem, le numéro 3 dans le classement des enfants du deuxième mariage de Kadhafi participe aujourd’hui aux commandes, le dernier, le lieutenant, Khamis, aura certainement sa chance. Car, il semble que le père préfère les militaires comme lui plutôt les civils. Sans doute l’amour du képi.