Ça saute aux yeux. En ce début de mois d’août, le quartier Nord-parisien de la Goutte d’or s’est vidé d’une bonne partie de ces âmes. « Ils sont retournés au bled », explique Azdine en lapant son kawa bien chaud. Dehors, une pluie diluvienne frappe le macadam aussi gris que le ciel. Quelques silhouettes impassibles accélèrent le pas. D’autres, moins pressées et plus timorées, se réfugient sous le premier porche croisé. « Ils ne nous ont même pas laissés le soleil, ils l’ont ramené en Afrique ! », s’esclaffe-t-il avec ses comparses de comptoir. Autour d’un second kawa agrémenté d’une clope, Azdine raconte que cette année, il ne retournera pas au Maroc, sa terre mère, pour plusieurs raisons. Pas assez d’euros à claquer en dirhams. Une année d’éreintant labeur sur les marchés dans les pattes. Et puis, « pas vraiment l’envie ni le moral pour organiser le voyage ». Pour ses quatre bambins et sa femme, Barbès village se substitue à Casa.
Pour nombre d’émigrés africains installés chez les gaulois, le séjour estival dans le pays d’origine suscite une posture ambivalente. Entre engouement et amertume. « Cela dépend essentiellement de la position sociale du migrant », analyse Nacira Guénif-Souilamas. Selon le maître de conférence à Paris 13, « le retour se passe bien pour les gens qui ont investi dans le pays d’origine et qui jouissent d’un surcroît de prestige. Mais, beaucoup retournent au pays sans avoir atteint le niveau social escompté. Tous les efforts nourris ne se sont pas réalisés… » Et ils pâtissent péniblement du manque de reconnaissance des proches. Désillusion de la poule aux œufs d’or déplumée tel un vulgaire piaf.
Autre son de cloche pour Mokrane, la soixantaine, qui partage sa vie de retraité entre Oran et la banlieue parisienne, depuis maintenant quatre décennies. Une famille de chaque côté du port, deux vies parallèles. Pour lui, le retour au bled est avant tout un retour chez lui. « Ma vie est scindée en deux, mais je n’ai jamais rompu avec le bled, même pendant les années noires. » À l’instar de ses amis chibanis marqués par la nostalgie de l’exil économique, il observe avec détachement et amusement le retour des jeunes. « C’est positif qu’ils veuillent connaître leurs origines. Mais, entre le discours d’ici et leurs attitudes là-bas… », hiatus il y a.
Bilal, 27 ans, le concède sans ambages. Quand il retourne à Alger, comme chaque été, « il arrose la famille » de cadeaux en tout genre. Sapes et autres produits Hi-tech, il claque en moyenne 3 000 euros, deux fois son salaire de coursier, pour jeter la poudre aux yeux des siens. « Le plaisir de faire plaisir », explique-t-il en bourrant à ras-bord sa caisse allemande rutilante, achetée d’occas’ à crédit. Il se voit déjà déambuler dans la coquette rue Didouche Mourad by night avec les cousins. La classe. Né à Paris où il a grandi et où il vit toujours aujourd’hui, cet « immigré de seconde génération » revendique pleinement ses attaches. Et pour lui, comme pour ses potes, pas moyen d’esquiver un passage estival au bled. « Même si parfois deux semaines suffisent amplement » à Momo, originaire du Nord du Mali, où « y’a rien à faire ».
Qu’importe, quand ces fils d’immigrés palabrent de leur Afrique dans les faubourgs du 18e, le respect et l’admiration déguisent les déceptions en série avec, dans les esprits, le fantasme de la valorisation du bled. Volubiles, c’est le plus souvent avec la flamme dans les yeux qu’ils manient la rhétorique identitaire. Pourtant, de l’autre côté de la méditerranée, tout n’est pas si idyllique… « L’expérience du retour s’apparente à un voyage initiatique qui revisite le pays des parents dont l’histoire résonne en eux. Ils ne retournent pas, ils vont. Et ils y vont avec leur grille de lecture occidentale et leur mœurs hédonistes » précise Mme Guénif-Souilamas.
Vaille que vaille, à travers les frasques, les délires, les légendes nichées dans leurs imaginaires, et les récits de leurs aînés, ces jeunes là plaident pour le bled… tant qu’ils n’y sont pas.
Vu du Maroc
Après trois ou quatre jours d’un pénible périple au cours duquel ils auront été la risée de tous, dans leurs autos au toit bardé de denrées en tout genre, les voilà au bled, enfin, ces exilés économiques. Les voilà enfin, dans leurs belles autos achetées d’occase à crédit, parfois juste le temps du séjour et pour faire bonne figure, à visiter leurs familles dans les quartiers les plus glauques des métropoles marocaines. Les voici à chercher ici une reconnaissance qu’ils n’ont guère là-bas, où ils ne sont guère que maçons, peintres en bâtiment, ou arpètes quelconques. Les voilà qui redécouvrent, ou découvrent, pour certains, que le fait d’être français ne confère pas davantage de privilèges ici que là-bas, puisqu’ils sont, ici, marocains avant tout, ce que ne manquent pas de leur rappeler perpétuellement les autorités et la police. Tentent-ils de faire les beaux dans les endroits branchés dont les portes leur seraient fermées à Paris ? Voilà qu’on les toise, qu’on les prend de haut, eux qui, voilà pas si longtemps, n’étaient que les serviteurs de cette caste dominante - car le Maroc fonctionne dans une société de castes - et qui ne sont, aujourd’hui, bons qu’à brûler des voitures. C’est bien à cause d’eux que la bourgeoise marocaine, en shopping chez Vuitton sur les Champs, n’est considérée que comme une épicière inculte. Cette réussite sociale dont ils tentent de maintenir l’illusion ne tient pas plus ici qu’en France, et c’est un drame. Alors ils s’en retournent à Paris, mettent l’auto en vente, et reprennent le train-train hideux de l’exilé perpétuel, qui n’est pas chez lui en France, malgré qu’il y soit né, et plus chez lui chez lui, où on ne lui reconnaît même plus le droit de vote.
Pas facile d’être un Maghrébin d’Europe, on n’est plus chez soi nulle part !
salut salut je suis un petit mag’ du nord est de la france qui n est pas chez lui sur terre mais qui y est quand meme né ,na ! j aimerai juste ajouter 2 ou 3 pensees bien que je ne soit pas du niveau de Pascal. que ce soit en france ou en algérie ,la seule différence se situe au niveau du soleil, mais pour le reste… ca sent la corrup’ des deux cotes sauf qu en france on a des menotes invisibles mais terriblement efficace tu vas chercher tes graines chez monsanto ,ton argent chez CA a credit ou pas de toutes facons il est pas a toi, ton journal chez dassault, mais pour le tour en avion faut repasser, j arrete la ..
non tout ca c est encore pas grave ,le pire c est qu il y a des gens qui se levent matin en pensant que ca va allez mieux et que la democratie ca marche, d ailleurs y a pas photos quand on compare le bled a la france ,eux ils ont vote pour un general et nous c etait soit une femme ecervelee ,soit le plus grand copain de big brother.
rigolez pas ils ont etaient aux urnes et ils ont votes
allez mes freres c est sur ces notes pleines d espoir que je vous dit salut en vous souhaitant de rencontrer quelqu un qui vous ferat sortir de ce monde impie
PS Bakchich que tu soit payant c est normal que tu disent des gros mots non alors un peu de decence
tendre bisou