Les pandores tunisiens sont des bourreaux de travail, des fonctionnaires qui ne reculent devant aucun sacrifice. Et qui ne comptent pas leurs heures sup’. Certains vont jusqu’à bosser le week-end !
Pour empêcher que se tienne dimanche dernier, la journée de lutte contre la torture à Gaâfour (nord-ouest), la flicaille tunisienne a mis les bouchées doubles. Chaque année, les militants des droits de l’homme tunisiens se recueillent sur la tombe de Nabil Barakati, membre du parti communiste local mort sous la torture dans le commissariat de Gaâfour, le 8 mai 1987. Une mauvaise habitude aux yeux du régime, qui a réagi avec la simplicité qui lui sied : pas de militant, pas de manifestation… Les nervis du président Bac moins 3, Zine Ben Ali, ont donc tout bonnement bloqué l’accès de la ville. Au-delà des intimidations et des agressions usuelles, des barrages policiers et des patrouilles ont été mis en place à toutes les sorties de la cité.
Dans un bel élan de zèle, quelques personnalités ont été arrêtées avant même de prendre la route vers le lieu de la manifestation. Hamma Hammami, Radhia Nasraoui (opposition) et Kamel Amroussia (syndicat d’étudiant Uget) ont été arrêtés à Tunis et dans sa banlieue. À Bizerte (nord du pays), le quartier où réside Me Anouar Kousri (Ligue tunisienne des droits de l’homme LTDH) a été encerclé par un imposant dispositif policier pour l’empêcher de faire le déplacement. Au final, la pêche a été bonne. 8 personnalités ont été mises à l’ombre, avant d’être relâchées dans l’après midi. Quant à ceux qui sont parvenus à atteindre Gaâfour en train, tels Habib Ziadi, membre du bureau directeur de la LTDH, et Abdallah Garram, syndicaliste et militant des droits de l’Homme, ils ont été réceptionnés par un comité d’accueil composé de plusieurs policiers. Après avoir pris le soin de filmer la scène, les pandores ont ramené les deux hommes manu militari à la station des « louages » pour les renvoyer à Tunis.