Dieu merci, c’est terminé. Finalement, les choses se sont bien passées. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la perspective du déplacement du pape en Turquie m’inquiétait depuis plusieurs semaines. Cette visite, je l’avais non seulement inscrite dans la rubrique « à suivre de près » mais je me la représentais comme un nuage supplémentaire susceptible d’alourdir une atmosphère mondiale déjà trop électrique. Comprenez-moi bien, je n’ai rien contre le fait que le chef de l’Église catholique se rende en terre musulmane. Bien au contraire : le dialogue interreligieux est plus que jamais nécessaire et, à l’inverse de nos habituels allumés du cerveau, je n’ai vu, dans ce voyage, aucune trace d’une « campagne de croisés contre l’Islam et les musulmans ».
Mais, et cela n’étonnera personne, comment pouvais-je être serein dans la conjoncture actuelle ? « Et s’il se passait quelque chose de grave ? » a été la question qui me taraudait, d’abord par amitié pour le peuple turc mais aussi par intérêt en tant que musulman. Je sais, on va me dire que personne n’est responsable des actes d’autrui, surtout s’il s’agit d’extrémistes. Pure rhétorique. Nous savons tous à quel point la responsabilité collective s’applique aujourd’hui aux musulmans comme elle s’est appliquée aux Arabes dans les années 1970. Qu’un acte de violence aveugle ait lieu quelque part, qu’une foule d’hommes aux yeux exorbités se déchaîne, et l’on se sentira, qu’on le veuille ou non, concerné pour ne pas dire tenu coupable de silence complice et consentant. De fait, depuis bien avant les attentats du 11 septembre, nous sommes sur la défensive, tenus de nous justifier pour tout et n’importe quoi. Et c’est épuisant.
J’ouvre ici une parenthèse. Je pense souvent à un texte de feu Edward Saïd dans lequel il racontait comment il fut, un jour d’avril 1995, harcelé par des coups de téléphone incessants de la part de journalistes étasuniens désireux de recueillir coûte que coûte ses commentaires. C’était quelques heures à peine après l’attentat d’Oklahoma City. Pour les médias, cet acte de violence perpétré, on l’a su un peu plus tard, par Timothy McVeigh (que l’on qualifie d’ailleurs rarement de terroriste, mais c’est une autre affaire), ne pouvait qu’être lié au Proche-Orient, aux Arabes et aux barbus… Fin de la parenthèse.
Bien sûr, un pape est toujours bien protégé mais allez savoir ce qui peut arriver par les temps qui courent. C’est pourquoi j’ai trouvé, dès la confirmation du voyage et malgré toutes les réserves que m’inspirait l’homme, que Benoît XVI avait du cran. Il aurait pu reporter ce déplacement, attendre que les feux qu’il a allumés avec son fameux discours prononcé à l’université de Ratisbonne s’éteignent définitivement. Cela aurait sûrement soulagé les autorités turques et nous avec. Peut-être même, avec la plus parfaite des mauvaises fois, vous aurai-je infligé une chronique dénonçant ce report ou cette annulation.
Au lieu de cela, le pape a fait face, et il est heureux que ce voyage ait pu avoir lieu. Allez, avouons-le, personne ne s’attendait à pareille tournure. Ayant lu le maximum de choses publiées en amont de cette visite, je n’ai rien trouvé qui annonça les deux grandes surprises du séjour papal. Commençons par la première. Contrairement au cardinal Ratzinger, le pape Benoît XVI ne semble pas opposé à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne (UE). Certes, il n’y a pas eu de déclaration officielle - c’est le Premier ministre turc qui l’a révélé - et le Vatican n’a pas vraiment confirmé. Mais il n’a pas démenti non plus et, en langage diplomatique, cela s’appelle une confirmation implicite, laquelle n’a d’ailleurs pas échappé aux médias.
Je fais partie de ceux qui pensent que l’une des meilleures choses qui puisse arriver au monde musulman est l’entrée de la Turquie dans l’UE. Évidemment, les choses sont mal parties (notamment à cause de Chypre qui, à défaut d’être une puissance, m’a dit un jour un confrère de Nicosie, a fait le choix d’être une nuisance…). Mais rien n’est encore perdu, et c’est pourquoi je suis ravi de cette prise de position du pape qui a le mérite de reléguer à l’arrière-plan le débat stérile sur l’Europe « club chrétien ».
Mais ce n’est pas le plus important. Ce qui restera dans les annales, c’est ce moment de prière de Benoît XVI sous les voûtes de la mosquée bleue. Ce fut un geste fort, un pont jeté vers une communauté qui, à travers le reste du monde, fait figure d’agresseur et qui se sent elle-même agressée. On va me dire que cet homme est incohérent, qu’il rudoie un jour les musulmans pour les flatter le lendemain. On va me reprocher de baisser ma garde et d’oublier le discours de Ratisbonne ainsi que la « leçon » faite aux musulmans à Cologne durant l’été 2005. On n’aura peut-être pas tort.
Il reste que je suis étonné et déçu de voir que ce moment de partage, cette communion spirituelle inédite entre un mufti et un pape dans un lieu saint, n’a guère ému les foules musulmanes. Quelques images de télévision, quelques rares commentaires et éditoriaux et puis c’est tout. Ne sommes-nous capables d’émotion que lorsque nous nous sentons insultés ? Où sont les grandes tirades ? Les opinions étalées sur deux pages ? Mais que l’on se rende compte : le pape a prié dans une mosquée !
Et si nous réfléchissions à notre tour ? Et si, par exemple, les dignitaires d’Al-Azhar ou de l’Organisation de la Conférence Islamique se fendaient d’un communiqué annonçant, en signe de bonne volonté, que le sort des minorités chrétiennes en terre d’Islam est de la responsabilité de tous les musulmans et que doivent être bannies les menaces et les persécutions qui les font fuir, peu à peu, de la terre de leurs ancêtres ? Voilà une réponse qui serait à la hauteur de ce qui c’est passé à Istanbul. Mais, je rêve peut-être.
En tous les cas, cette main tendue du pape m’a fait du bien. À sa manière, elle signifie qu’il faut que nous cessions d’avoir peur les uns des autres. Je ne suis pas naïf. Il y aura d’autres moments difficiles, d’autres épreuves, mais rien ne pourra effacer cette « prière de la mosquée bleue ». Surtout, j’ose espérer que cette démarche papale ne sera pas mal interprétée par nos excités du djihad. En se rendant à Istanbul, en priant dans une mosquée, Benoît XVI a mis notre religion sur le même plan d’égalité que la sienne. Ce serait lui faire insulte que d’affirmer ou d’oser penser qu’il s’agit d’un acte de contrition ou d’allégeance. Ne confondons pas main tendue et révérence.
Ce commentaire est symptomatique : quand bien même les hommes de bonne volonté se tendront la main, il y aura des gens haineux à l’égard des religions et des cultures qui ne sont pas les leurs & pour 1 raison simple : Ils ne supportent pa que l’on ne soit pas comme eux, c’est à dire européenset vivant dans l’opulence, athés, et idéologues tendance marxistes.
Ils ont réponse à tout, et au nom de la démocratie, bafouent la démocratie, la liberté d’expression, bref ils utilisent les méthodes, dont ils accusent les autres de se servir ….
bonjour , je pense que l’auteur de ces lignes était journliste ou ministre en Algérie.
Je constate que , pour lui , seul Chypre pose problème pour l’entrée du régime militaro-islamo-maffieux d’ankara ( exactement comme chez lui à Alger) dans l’Union Européenne …Pas un mot sur le génocide arménien et celui plus actuel des Kurdes….Tiens tiens…. 2ème ressemblance avec le régime militaro-islamo-maffieux algérien : la persecution de tout ce qui n’est pas arabo-islamique : les Kabyles et aussi tous les Brebères d’Afrique du Nord ( Maroc-Algérie-Lybie…), les kurdes ( Iraq, Iran, Turquie, Syrie) , les Chrétiens ( Coptes en Egypte et tout chrétien Libanais ) , les popuations africaines au Soudan ( Darfour , Sud-soudan) , Mauritanie, Tchad… Donc c’est bien commode d’être les victimes ; le rôle de bourreau ( depuis 14 siècles !!!) n’étant pas facile à assumer … Vive La Kabylie AUTONOME !!!!
Tout d’abord je réponds à ton interrogation un peu dissimulée il s’agit d’un journaliste algérien
Ensuite, je ne comprends pas ton acharnement sur l’auteur. A ce que j’ai lu il parlait des relations entre les religions chrétienne et musulmane alors que ton message porte sur l’oppression" (si je puis m’exprimais ainsi) de certaines populations tout autour de la méditarannée. Pour tout te dire je ne vois pas le lien ni le rôle de l’auteur dans toute cette histoire.
Enfin, concernant la babylie (et je déduis de la dernière phrase de ton message que tu es kabyle) partout dans le monde l’heure est au rassemblement si on veut peser sur le déroulement des choses. Et ne me taxer pas d’arabe raciste ou de partisane du panarabisme car je suis bérbero-arabo-africaine par mes origines et j’ai grandi dans une famille de culture berbere plus qu’arabe. Mais je suis pour que chacun puisse trouver sa place quelque soit son origine ethnique ou religieuse et sans passer par des scissions qui ne servent qu’à balcaniser le monde plus qu’il ne l’est déjà.
Comme disait Katib Yacine (écrivain algérien) je suis algérien par mes ancêtres et internationnel par mon siècle (à méditer !!).
Et alors si on a envi de vivre de l’huile d’olive en quoi ca te gène ?
et aujourd’hui de quoi on vit avec ton "algérie unie" ?
tu sais de quoi vivent les palestieniens ? tu sais que leur bande de gaza est une bande de sable ou rien ne pousse et pourtant tu veux qu’ils soient indépendant ? et le front policario ? tu sais que c’est aussi un bout de sable ou rien ne pousse et pourtant tu n’y verrait rien a redire pour à ce que cette bande de sable ou vivent quelques dizaines de milliers de sarahoui arabes et qui n’ont que des chameaux soient libres.
Quant il s’agit des kabyles, c’est tout de suite, les lecons de morale, les menances et les arguments creux.
On vit avec vous depuis 50ans, vous nous avez rien apporté de bon, alors maitenant basta, on veut vivre dans nos montagnes, avec nos olives, mais sans vous, car on veut plus vous voir.
Gardez votre pétrole, mangez le, et quand il n’y en aura plus mangez vous entre vous. !!!
Lewnes