Lecteurs, vous choisissez l’implication contre l’indifférence. A la distance blasée, vous opposez l’engagement civique.
La rédaction de Bakchich vous dit : bravo ! Il faut parfois défendre son pays contre son propre gouvernement. Retour sur "l’affaire Baudis".
On apprend plus vite quand on souffre. L’humanité devrait avoir appris. Elle l’a fait. Mal. Ce qu’elle ignore, c’est qu’apprendre ne signifie pas forcément apprendre quelque chose… mais bien souvent le sentir. L’humanité n’a pas compris ce qu’elle a appris et se repose dans la fluidité de sa mémoire vaine. Un monde se crée, qui n’appartient à personne, qui ne satisfait personne puisqu’il n’est l’œuvre que de quelques-uns : les possédants ! les puissants !
Aux principes incontournables de la vie : exactitude, simplicité, sincérité (objectivisme), se substituent la mollesse d’un grand vide idéologique et moral, esthétique et éthique dont le but n’est autre que d’instaurer de nouveaux préceptes basés sur le pouvoir, l’argent, la consommation. Préceptes visant plus précisément à transformer l’homme en tube digestif dépendant (une bouche et un trou du cul, sans liaison utile entre les deux), obnubilé par sa capacité d’ingurgitation. Que signifiera vivre demain alors que nous sommes déjà hors de nos envies et de notre vocabulaire ?
Alors tout de suite l’insoumission !… ou bien les « aliénés », les laissés-pour-compte de toutes sortes, seront victimes exemplaires de l’utopie de paix qui s’organise autour d’un noyau de solitude. Cette révolte ne peut évidemment se faire que dans l’ombre, elle doit, à notre niveau, n’être qu’intellectuelle et sans victimes. Les cibles sont fortes mais ne sont pas légions, il se trouve simplement qu’elles agitent des leurres afin de paraître plus nombreuses : la montée de la « nouvelle » droite extrême, l’intégrisme financier, l’insécurité sociale, et se taillant la part du lion dans vos commentaires, la voyoucratie institutionnelle, qui auraient tôt fait de disparaître sans le sous-développement et la misère. On ne crie pas quand on a faim, on cherche déjà à manger.
Les cibles nous sourient et nous narguent à l’image de cette tête de liste UMP dans le Sud-Ouest aux européennes de 2009, Dominique Baudis, charmant dans sa tenue de Messie à réinventer le monde, l’Orient en particulier. Nos peu nombreuses balles ne devront pas se tromper de cible(s).
Comme nos confrères de la presse écrite ou parlée (Sud-Ouest, La Dépêche du Midi, Sud Radio) ayant repris l’information de Bakchich sur les copieuses notes de frais de Dominique Baudis (explosion en 2009 du budget de la présidence Baudis à hauteur de 350 000 euros pour l’année de « frais ») nous ne voulons pas non plus être les théoriciens d’un absolu rêvé. La lutte armée a besoin de moyens pour acheter des armes, la lutte intellectuelle a besoin de moyens pour fabriquer ses idées et les faire comprendre. Certains diront, piètre lutte que la lecture de Bakchich (pensez à vous abonner !). Certainement, peut-être même avons-nous revu nos prétentions rebelles à la baisse, mais il ne peut s’agir aujourd’hui que de résistance, d’une forme de résistance. Donner la parole aux internautes, citoyens du monde ou artisans de la cage d’escalier, tenus à l’écart de la société marchande ou tout simplement tenus au silence, est une des mailles du filet qui s’organise autour de la mondialisation extrême, des tendances esclavagistes du grand commerce et de la logique libérale.
Pour répondre à certains internautes anonymes, Bakchich n’a jamais procédé à de l’investigation clés en main. Et si la source des informations est importante, si une information ne sort jamais fortuitement, la véritable question est de savoir si cette fuite instrumentalisée permet aux journalistes qui vont la vérifier de s’approcher de la vérité.
Bakchich pratique un journalisme de confrontation, de révélation. Nous, journalistes d’investigation, sommes des faits-diversiers en ce sens que notre matière brute est faite de dérèglements de la vie politique, économique, judiciaire, etc. Notre fonction première n’est pas de rassurer les esprits et d’apaiser les consciences mais au contraire d’éveiller, de stimuler. Nous sommes des désenchanteurs du monde, pas des moralistes. Il arrive que de l’accidentel surgisse l’essentiel, que de l’anecdotique émerge le fondamental, que de l’éphémère naisse le durable. En bousculant et dérangeant, les « affaires » contraignent à la réflexion citoyenne, nourrissent le débat public, suggèrent des remises en cause. C’est le cas de l’épiphénomène Baudis mis en perspective avec la classe politique française.
Bakchich pratique un journalisme d’engagement – pas au sens partisan, mais au sens d’engagement démocratique. Peut-être notre propos n’est-il au fond que de responsabiliser le citoyen par le biais des souffleurs d’indignation que sont les internautes. Merci !