Le journaliste Carl Bernstein a enquêté huit ans sur l’ex-First Lady qui court après l’investiture démocrate aux présidentielles américaines. Résultat : Hillary a bien du tempérament, mais quelques problèmes avec la vérité. Et aussi avec son trop encombrant mari Bill
Le pari était osé. Il y a neuf ans, en 1999, alors que Bill Clinton occupait encore pour quelques mois le bureau Ovale de la Maison Blanche, le vieux renard du journalisme d’investigation Carl Bernstein (qui révéla le scandale du Watergate, avec son confrère Bob Woodward) entreprit un travail de longue haleine : écrire une biographie d’Hillary Clinton, promise, selon lui, à prolonger l’ambition d’un couple inédit.
Le journaliste était fascinée par les capacités d’adaptation de la First Lady d’alors, tour à tour étudiante féministe mal fringuée, avocate brillante, supportrice en chef de son mari volage, conseillère catastrophique de son époux-président, épouse trompée, humiliée et tenace, ayant traversé sans ciller les courants dévastateurs de l’affaire Monica Lewinsky, s’apprêtant à s’investir dans une carrière politique de sénateur à New-York. Avant de briguer l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle de novembre 2008.
Carl Bernstein a tenu bon. Il a amassé des dizaines de témoignages, des confidences de ses meilleurs amis, des documents et lu tout ce qui est paru sur elle. Et il livre enfin le fruit de son enquête dans un ouvrage qui tente de cerner « Hillary Clinton, une femme en marche », paru l’an dernier aux Etats-Unis et (bien) traduit en français ces jours-ci.
Le résultat ? Un pavé dense et passionnant qui dévoile quelques-unes des principales forces de cette femme d’acier, qui sont autant de failles sur le chemin qui peut la conduire des primaires - pour l’instant très disputées avec le sénateur noir Barack Obama, que Bernstein n’avait pas vu venir – à la Maison Blanche.
La première est son expérience. Elle en regorge. Dès 1974, Hillary faisait partie de l’équipe des juristes qui planchait sur la destitution du président Richard Nixon, empêtré dans ses mensonges et des ingérences après l’affaire du Watergate, avant qu’il ne démissionne de lui-même. Du coup, lorsque le Sénat, à majorité républicaine, tenta, en 1999, de voter la déstitution de son mari Bill, lui aussi piégé par ses mensonges dans l’affaire Lewinsky, Hillary savait que la procédure n’avait pas, cette fois, assez de consistance juridique.
Elle tint bon, soutenant son mari coureur de jupons jusqu’au bout. Mais autant pour sauver son couple que pour préserver sa propre carrière politique à venir. L’expérience de ses 8 années passées dans les coulisses du pouvoir, et des épreuves endurées, tout près de Bill, fait donc évidemment partie de ses atouts de candidate. Mais sa capacité à dissimuler ses sentiments, à masquer la réalité, jette aussi des ombres sur son personnage.
« Depuis ses années dans l’Arkansas, Hillary Rodham Clinton a toujours eu une relation difficile avec la vérité » écrit Bernstein. Elle n’a, en effet, jamais pu dire toute la vérité : sur son père autoritaire, sur son échec aux examens du barreau à Washington, sur les compulsions sexuelles permanentes de son mari Bill, sur les différents scandales qui ont émaillé les deux mandats Clinton, sur ses projets présidentiels. Aujourd’hui encore, elle tord les positions qu’elle a prises en 2003 lorsqu’elle soutint aveuglément la guerre en Irak de George W. Bush, pour se donner une nouvelle contenance devant une opinion revenue de l’aventurisme bushien.
Presque admirateur, Bernstein énumère ses traits de caractère : à ses yeux, Hillary est une femme intelligente, énergique, enthousiaste, qui possède « de l’humour, du tempérament, une force intérieure, de la spontanéité en privé, un pouvoir de vengeance (presque mortel ), un ancrage dans la vraie vie venu de profondes blessures et un langage de charretier ». Mais le journaliste se plaint aussi de sa figure actuellement trop consensuelle, trop lisse, trop composée. Et du fossé immense qui s’est toujours creusé entre ses « causes justes » et ses actes.
La deuxième force apparente d’Hillary est aussi une arme à double tranchant. Elle s’appelle Bill. Car c’est bien un tandem politique inséparable dont Bernstein raconte l’histoire. Un duo d’artistes, s’accompagnant dans les ascensions comme dans les abîmes. Bill a toujours fasciné Hillary, qui a toujours fasciné Bill. « Il ne fait aucun doute que le voyage des Clinton continue d’être une entreprise conjointe » note l’auteur.
Cette fois-ci, Bill est là, derrière l’estrade, éternellement souriant, premier supporter de son épouse, toujours prêt à en rajouter dans les clins d’œil de séducteur et les phrases assassines. Et ce crooner naguère efficace a des allures de menace pour Hillary. Car le rictus est coincé, le héros fatigué. Les électeurs n’ont pas forcément envie, en 2008, de revivre le film des années 90, l’ambiance saxo et cigare humide à la Maison Blanche. « Certains redoutent une véritable restauration, ils craignent de revoir débarquer à Washington tout le grand cirque des Clinton » a expliqué Bernstein, lors d’une conférence à Paris la semaine passée.
Bill Clinton l’avait expliqué sous forme de boutade en arrivant à la Maison Blanche en 1992 : « Vous en aurez deux pour le prix d’un ». C’est bien le problème d’Hillary aujourd’hui. Elle incarne l’expérience et la ténacité. Mais pas la nouveauté ! Si les Américains souhaitent un changement complet des visages au pouvoir, c’est ce qui pourrait faire trébucher cette « femme en marche ».
« Hillary Clinton, Une femme en Marche », Carl Bernstein, BakerStreet, 732 pages, 24 euros
Pour relire quelques chroniques sur Hillary Clinton en campagne, cliquez ici :
Pourquoi le mardi d’Obama était vraiment "Super"
Hillary se marre, McCain a la frite, 12/1/08
Hillary, une va-t-en guerre culottée, 29/12/07
Mon mari n’est pas secrétaire d’Etat. Moi, je le suis"… Et gare à ceux qui demanderaient à Hillary ce que pense son mari Bill sur tel ou tel dossier international !
Interrogée sur l’opinion de l’ancien président américain, son mari Bill, sur une question internationale alors qu’elle se trouve en tournée en Afrique, Hillary Clinton s’est emportée sans une once d’humour. Il s’agissait en réalité d’une erreur de traduction…
Pour a part je crains que quel que soit le vainqueur des primaires démocrates il n’y ait de fortes chances pour que ce soit Mc Cain qui soit élu de toute façon.
Et puis sur une note plus personnelle, je trouve désolant de constater que le racisme anti-femme reste le racisme le plus virulent et que rien ne sera fait pour améliorer cette situation, comme quoi les combats féministes n’en sont qu’à leurs débuts.
Malau
Je pense que le "combat des femmes" a connu de grandes réussites
Il y a eu et il y aura des femmes au pouvoir. cf : Gloria Arroyo, Ellen Johnson Sirleaf, Angela Merkel, Cristina Kirchner, Michelle Bachelet etc. Il y a une vice presidente en afrique du sud, une vice presidente du gouvernement en espagne etc.
le "racisme anti femme" n’est pas plus fort ou moins fort qu’une autre forme de racisme, il faut stopper le délire qui fait l’actualité qu’à partir des usa
les usa ne sont pas le centre du monde. Une femme au pouvoir aux usa ne changera pas le monde. Il faut respecter les pays qui ont mis des femmes au pouvoir et ne pas tout centrer sur les usa et l’occident.
Et pour traiter directement du sujet. Clinton au pouvoir c’est prévoir un autre bush (neveu, cousin, nièce, fille etc.) dans les prochaine années. Les familles régnantes, c’est la vitrine du pays…
Démocratie ?
Je crois que vous avez tort d’automatiquement assumer que si Clinton n’est pas elue, cela sera du "racisme" anti-femmes. Non, si elle n’est pas elue, le coupable sera son etat civil. That’s right. Le nom Clinton et tout ce que ca comporte de connotations negatives, tant passees que presentes. Leur manie d’assumer que la Presidence est "due" a la dame Clinton, est extremement irritant pour les americains, meme leurs plus fervents supporters.
Les gens seraient disposes, comme ils l’etaient avant de renconter Obama, a donner la Presidence a Hillary, mais quand ils ont pu, cote a cote comparer les deux et ont pu voir la soif du pouvoir de Clinton, tout ce qu’elle est disposee a faire, y compris tricher, mentir, faire du chantage emotionnel, utiliser son mari comme chien d’attaque pour creer une division entre les races, etc. pour arriver a ses fins, les gens ont commence a changer d’avis.
En fait ils sont persuade qu’apres 8 ans de "divisionisme" de Bush, ils auraient droit a la meme chose avec la Clinton. Et ca, mes amis, l’Amerique ne le veut pas. Sans compter que Bill Clinton s’accroche aux cliches des annees 90, ou son charme etait devastateur. En cela il me rappele les vieux beaux des annees 50 ou 60, qui pensent que leur methode de drague fonctionne toujours dans nos annees 2000.
Autre erreur est celle d’assumer que Mac’Insane sera elu. Les gens ont vraiment BESOIN de passer a une ere nouvelle, pas offerte par BushCain.
Un papier bien fait mais sans aucun intérêt : on a l’impression de l’avoir déjà lu dix fois.
Rien sur le bilan Clinton : 23 millions d’emplois crées en huit ans, une dette publique divisée par deux, autant de progrès sur le front de la paix qu’il y a eu de déterioration sous les 8 ans de Bush…
L’écart entre les deux époques, démocrate puis républicaine, est pourtant plus spectaculaire qu’il n’a jamais été.
Backchich serait-il un site people de plus ?
Une pâle réplique sur Internet de l’Express et du Point ?