Cette semaine, pas grand-chose à me mettre sous les dents, c’est ramadan. Bon ramadan, dit comme ça en français, ce n’est pas très joli alors je vous le fait en arabe, saha ramdankoum.
Théoriquement tout le monde le fait et c’est sans doute le mois où l’on se rend compte combien en Algérie nous sommes massivement musulmans. Pendant la journée à l’exception de quelques hôtels avec étoiles, là où se logent les étrangers de passage, il est impossible de trouver un seul café ouvert. Pas une gargote païenne, pas un verre d’eau, pas une miette de pain. Mon ami allemand de passage à Alger, « pour la première fois », n’en revient pas : « on ne peut même pas mâcher son chewing-gum sans sucre ? ». Non, rien. Alors il se promène dans les rues d’Alger à l’heure du f’tour, l’heure attendue par tous les jeûneurs, l’heure où l’appel à la prière annonce la fin du jeûne.
Il n’y a pas un seul être humain dans la rue à l’exception de mon Allemand d’ami qui se promène en écoutant le bruit des cuillères et des fourchettes, humant l’odeur de la chorba, et s’enivrant de cette parfaite solitude. Il en revient les yeux allumés, « je n’avais jamais vu ça ». Pourtant il en a vu des pays arabes. Mais au Moyen-Orient existe une forte minorité chrétienne, copte égyptiens, maronite libanais… qui eux ne jeûnent pas. En revanche, il ne sait pas mon ami allemand, si dans ces pays le prix de la courgette « flambe » autant qu’ici.
C’est notre marronnier, dès le premier jour de Carême. La presse se lamente devant la mauvaise foi des commerçants qui saignent le bon peuple, la veuve et l’orphelin, en multipliant par deux le prix des plus vulgaires des légumes et de la reine du ramadan, après la prière bien sûr, la viande. Et pendant que les prix flambent, comme chaque année, de fatigués fonctionnaires du ministère du Commerce à moins que ce ne soit du ministère de l’Agriculture viennent ânonner à la radio de valeureuses statistiques de production desquelles il ressort que rien ne justifie ces hausses des prix. Et, pourtant ils montent…C’est incompréhensible s’extasient ces pauvres fonctionnaires qui en appelle à la population, rendu coupable de mal faire ses courses. J’en ai même entendu un qui disait doctement : « si vous avez besoin d’un litre d’huile, mais pourquoi en achetez-vous cinq ? ». Voilà, cela va encore être de notre faute si l’Etat fait carême de ses missions de contrôle des prix et s’il est incapable d’imposer aux mafieux qui font la loi sur le marché un minimum de règles commerciales.
Ils sont devenus tellement fort à force de faire fortune que nos malheureux fonctionnaires payés comme des pauvres smicards ne font même plus semblant d’avoir « un plan » pour que force reste à la loi. Non, c’est comme ça, alors si les prix augmentent, faîtes carême matin et soir et Dieu vous le rendra.