Le chanteur Mano Solo est mort dimanche 10 janvier. Il avait 46 ans. Gloomy Sunday.
Dimanche froid. Ciel gris. Un peu bas de plafond. Réveil à 13 heures. Pas le temps de digérer les trois premiers cafés. Et ce maudit portable tout juste allumé qui sonne. "Je sais que tu l’aimes bien, Mano Solo est mort". A 46 ans…Dimanche foutu. Et merde 15 ans de vie qui défilent. Depuis le premier CD offert par une tantine fan de Bashung (elle porterait pas la poisse un peu ?). La Marmaille Nue (1993), album originel du chanteur. Chanteur atteint du Sida, héritage de son jeune goût de la piqure, fils de Cabu le dessineux et de Isabelle Monin militante écolo disent les journaliste qui sortent en rafale sur Internet depuis l’annonce de son décès ce 10 janvier. Et retracent au débotté son passage punk, son univers musical, ses engagements, son combat contre la maladie. En laissant de côté l’essentiel.
Ce cri d’amour, ce chant d’espoir et cette soif de vie dont se sont enivrés les trop peu nombreux qui goutèrent à ses chansons. Et les ont compris.
Séropositif pour son premier album, atteint du Sida dès le deuxième, "les Années sombres", l’auteur banlieusard s’est trouvé catalogué. Dans les médias, chanteur du malheur, auteur en sursis… Pour les proches de ses inconditionnels aussi. Musicien déprimant. Une rengaine encore vivace le jour de sa mort. "Ben c’était attendu non, depuis le temps qu’il se plaint et qu’il l’annonçait". Une seule réplique possible. "Ta gueule".
Et une litanie d’argument, de souvenirs. Comme autant de chansons, où Mano Solo a magnifié vie et envie. D’avoir un enfant malgré la maladie (Pas du gâteau), d’aimer (Aimer d’amour, Soif de la vie), de se relever malgré les coups (Il m’arrive encore).
Coup de fil à un pote. "Mano est mort". "On boit un coup". "Pas qu’un". Les albums tournent. Quatre gars dans un mini appart’ à se remémorer les concerts, les interviews. "Si au moins les gens comprenaient que ses chansons c’était un remède à la déprime"
2000. Sortie de son album "Dehors" qui vaudra au critique de Libération de se faire allumer par l’auteur sur son propre site. Soi disant un opus plus ouvert. Solo en discussion au Forum Fnac de Marseille. Simple. Apaisé. " Faut bien voir qu’on a de la chance aussi en France. On peut dire Chirac est un con sans aller en taule. Plus jeune ça m’amusait de m’engrainer pour rien avec les flics. C’était pas malin mais bon j’ai mûri". Un révolté, pas un allumé.
1997. Tournée pour "Je sais pas trop". Concert au Dôme de Marseille. Cuivres, cordes et Mano, quasi immobile sur sa chaise. Et des larmes qui viennent avec une chanson. "Je suis venu vous voir avant de partir, y avait personne ça vaut mieux comme ça, je savais pas trop quoi vous dire, même si je vous laisse le pire".
Au moins reste-t-il désormais l’ensemble de ces "chansons à la con". Qui, après sa mort, résonneront…
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