…journaliste, avocat ou opposant mais il ne vaut mieux pas.
En Algérie, on peut être sous le coup d’un mandat d’arrêt, être condamné par défaut à six mois de prison ferme et en être le dernier informé. C’est ce qu’a appris le journaliste Areski Aït Larbi après avoir déposé, en mai 2006, une banale demande de renouvellement de passeport. Un mois plus tard, ne voyant rien venir, il se présente à la préfecture et un fonctionnaire lui explique : « votre passeport est bloqué par la police ». Areski Aït Larbi, journaliste indépendant, correspondant à Alger « non accrédité », comme il se présente lui-même, du Figaro et d’Ouest France, n’est pas du genre à se démonter. Avec son avocat, il dépose une requête le 14 juin 2006 au parquet général qui au bout de trois mois et plein de jours plus tard, l’informe de l’existence de ce mandat d’arrêt et de sa condamnation. Une condamnation dont il n’avait jamais été informé dans une affaire de diffamation remontant à avril …1994. Oui oui, l’affaire remonte à douze ans. Entre temps il avait même obtenu, en juillet 2000, un passeport en bonne et due forme. Depuis notre confrère a dû commettre quelques articles qui ont ravivé la mémoire de la police qui se soumet la loi à sa convenance. Affaire à suivre.
En Algérie, on peut être une avocate honnête, respecter la loi comme la prunelle de ses yeux et se faire traiter comme le dernier des malfaiteurs. C’est ce qu’a appris cet été l’avocate Hassiba Boumerdassi inculpée d’avoir violé les dispositions législatives régissant l’organisation et la sécurité des prisons. En clair, la justice lui reproche d’avoir remis des documents, le compte rendu d’une audience le concernant, à l’un de ses clients à l’intérieur d’une prison, sans autorisation. Une infraction passible de cinq ans de prison et, pourquoi pas, d’une interdiction de continuer à exercer son métier d’avocate. Il est vrai que les tribunaux seraient ainsi débarrassés d’une dame de qualité qui, comme l’écrit Amnesty International, est connue pour « son travail en faveur des droits humains » et qui, souvent sollicitée pour des affaires liées au terrorisme, se rend compte que quelque chose ne tourne pas rond au pays de la réconciliation nationale…pendant que des procès bâclés continuent de se tenir. Affaire à suivre.
En Algérie, on peut apprendre par un quotidien, Liberté, que son fils porté disparu est en fait monté au maquis et qu’il a rejoint le GSPC, un groupe armé pour la prédication et le combat. C’est ce qui est arrivé à Ali Benhadj que l’on ne présente plus. Je ne suis pas sûre que cette information ait rassuré le leader de l’ex-FIS, mais comme il est interdit de parole, déchu de ses droits politiques et civiques, personne ne lui a demandé son avis. Quant au quotidien Liberté qui publiait à la Une cette information, de deux choses l’une, soit il est de mèche avec le GSPC qui lui envoie ses bulletins d’adhésion, soit il est de mèche avec qui vous savez…Affaire à suivre.
En Algérie, on ne s’étonne plus de rien mais on n’en pense pas moins…et si je puis me permettre un conseil, si vous voulez vivre dans ce pays magnifique, évitez d’être journaliste, avocat ou opposant politique.