Autopsiée, la victime a dans le ventre des frites du même calibre que celles cuisinées par l’assassin supposé, son ancien amant qui habite au-dessus. On est à Bruxelles ! Outre les frites, les flics analysent les déchets de l’égorgée (au couteau à pain), trouvent des seringues dans sa poubelle (elle était toxico), butent contre un pot de chambre et laissent tourner le CD de vieux slows pour alléger l’ambiance.
On est à la télé, pas dans un polar. Dimanche soir, dans « le flic, la juge, l’assassin », sur France 3, « Strip Tease » filmait l’enquête sur le meurtre de Farida, toxico et prostituée. T’as voulu voir Bruxelles et on a vu Bruxelles !
Premier acte : tout accable Alain, voisin et ancien amant de la victime. Taulard, ex-boucher, toxico sujet à des trous de mémoires, il est confondu par des témoins, des écoutes téléphoniques et une caméra de surveillance. Il nie. Le commissaire est certain de tenir le coupable. Son compte est bon. Et puis coup de théâtre ! Une seconde bande vidéo montre qu’un autre homme est monté chez Farida ce soir-là.
Deuxième acte : le flic et la juge changent d’avis (heureusement !) et mettent la même rage à pincer le suspect (un immigré pakistanais) qu’ils mettaient à enfoncer, une heure plus tôt, Alain-qui-a-la-mémoire-qui-flanche. A base d’indices et de pifométrie…
Pourquoi la juge (« des fois, c’est bien qu’on tape les gens, monsieur »), le flic (si sympa) et l’assassin (présumé) ont-ils accepté la présence rapprochée de la caméra ? C’est le mystère de « Strip Tease », l’émission qui ne commente rien et dont on espère un jour connaître le procédé de fabrication. L’exhibitionnisme contemporain serait-il si puissant ? Et notre voyeurisme aussi… Ici, tout est servi chaud et bien crade, avec la caméra pointée sur la fosse à égout de la société : taudis, drogue, poubelles, chaussettes puantes (si précieuses pour l’ADN…) et pots d’urine en prime. On en a pour notre redevance. Bien plus fort que Jacques Brel ! Après « Strip Tease », c’est sûr, nous ne pouvons plus regarder nos frites de la même façon.
"des fois, c’est bien qu’on tape les gens, monsieur"
Etes-vous sûr de la phrase ? je me souviens plutôt d’un
"des fois, je sais bien qu’on tape les gens, monsieur", dénigrant sans conviction certaines méthodes ..