La médiatrice du révérend quotidien se plaint de ne plus pouvoir « vérifier, relativiser, approfondir » l’info sur Sarko. La faute au froufroutant président, ou aux journalistes ?
Amis de la presse écrite, sortez vos mouchoirs : c’est bientôt la fin du Monde. Oui, le grand quotidien vespéral va se saborder prochainement. Non, nous ne faisons pas référence aux récents propos du président démissionaire (voir ci-contre) du directoire, Pierre Jeantet, qui réclame une nouvelle recapitalisation de l’ordre de 75 à 80 millions d’euros et va mettre en œuvre un nouveau plan d’économies qui inquiète dans les couloirs de la rédaction. Non si Le Monde, ce journal de référence que le monde entier nous envie s’apprête à mettre la clé sous la porte, c’est tout simplement parce que ses dirigeants jugent que le journalisme n’a plus d’avenir. C’est ainsi que l’on peut interpréter la dernière chronique de la médiatrice, Véronique Maurus, d’habitude mieux inspirée.
Qu’écrit notre amie face aux critiques de lecteurs reprochant au journal du soir une complicité supposée avec le pouvoir de Super Sarko ? Que le froufroutant président, ami des top models, a tendu un « piège » (c’est le titre de sa chronique) aux valeureux journalistes chargés de couvrir l’actualité en France. Quel est ce piège ? Véronique Maurus l’expose avec moult détails et on ne peut que reproduire l’intégralité du passage : « De retour de Chine, jeudi 29 novembre, il donne une interview télévisée. Le lendemain, record de citations dans tous les domaines abordés (banlieues, loyers, 35 heures, EDF, Taïwan). On est à la veille du week-end ; le temps de contacter les spécialistes, les alliés ou les opposants, de se plonger dans les dossiers, d’analyser les propositions et, le lundi 3 décembre, Sarkozy est déjà à Alger. Impossible d’ignorer cette visite délicate, dans un climat houleux, mais difficile, là encore, d’en tirer le bilan. Le mercredi, le président français est à peine de retour qu’il lance un message, par-delà les frontières, aux ravisseurs d’Ingrid Bétancourt, avant d’annoncer, le vendredi, un train de mesures pour les PME, puis de recevoir Kadhafi à Paris le lundi suivant. » Quel perfide, ce Sarkozy ! Car l’habitué du Fouquet’s sait parfaitement ce qu’il fait. Il sait par exemple que « le décryptage bute sur les moyens » et que « séparer l’information vraie de la communication, vérifier, relativiser, approfondir demande non seulement du recul mais aussi une armée de rédacteurs spécialisés ».
Ah, le lâche. Il ne perd rien pour attendre. Dès qu’il aura quitté l’Élysée, on le traînera devant un juge d’instruction courageux pour avoir commis ce forfait contre la vaillante presse tricolore. Conclusion de Véronique Maurus : « Contre l’emprise des communicants (en politique mais aussi dans d’autres domaines comme l’entreprise, le sport ou la culture), les recettes traditionnelles, indépendance, honnêteté, rigueur, etc., ne suffisent plus. Les médias américains, face à la guerre en Irak, l’ont montré. Ce n’est pas une excuse, mais cet exemple prouve que la solution miracle n’a été trouvée nulle part. » La lecture de cette chronique terminée, une seule pensée nous vient à l’esprit : Le Monde va fermer ses portes. Si le grand quotidien du soir reconnaît qu’il ne peut plus « vérifier, relativiser, approfondir » – ce que l’excellent Philippe Ridet, chargé de cirer les souliers à talonnettes de Super Sarko avait du reste déjà théorisé il y a quelques mois –, on se dit que la direction prépare le dépôt de bilan.
Plus sérieusement, on peut s’interroger sur cette propension de quelques cadors du Monde à assurer qu’on ne peut pas traiter différemment l’information concernant notre virevoltant président. Est-ce pour justifier le refus d’enquêter ? Justifier la fascination pour Sarko Ier ? Bien évidemment, de nombreux journalistes font correctement leur travail, y compris au Monde. Mais il faut admettre qu’à la lecture de la chronique de Véronique Maurus, on peut se poser des questions
Il y a une solution simple pour les journalistes qui ont encore une ethique : Qu’ils cessent de s’interesser et de diffuser les "communications" (sic) des pipoliticiens, qu’ils ne se rendent plus a leurs conferences de presse, qu’ils cessent de repeter les depeches AFP et qu’ils cessent de repondre aux convocatons comme des toutous. Puis, qu’a la place, ils fassent leur boulot et enquetent sur les ACTES des pipoliticiens et, specialement, sur leurs corrutions.
Bref, c’est le minimum de competence d’un journaliste qu’il fasse la difference entre l’abstrait et le concret, entre les mots des pipoliticiens et leurs actes, puis qu’il s’occupe des FAITS. Y’a plus rien a dire sur la propagande globale des pipoliticiens, sinon que c’est de la propagande et qu’il est ethique de l’ignorer !