De l’avis de tous les initiés à la chose publique en Tunisie, le dernier discours présidentiel devant le corps diplomatique tunisien constitue un exemple tout à fait symbolique et représentatif d’une paranoïa exacerbée.
À défaut de pouvoir la traiter, il ne serait pas inutile de méditer sur cette pathologie présidentielle, sans cesse entretenue par les flagorneurs et les laudateurs du régime, les conseillers-scribouillards soucieux de leurs privilèges et les journalistes-mercenaires qui feignent d’ignorer que le pays est à la dérive, que la contestation y est quasi-généralisée, le pouvoir d’achat anéanti, le mal-être incitant toujours plus de jeunes au suicide ou à l’émigration clandestine au péril de leurs vies…
Lors de ce discours légendaire, le Généralissime Ben Ali n’aura qu’un mot d’ordre, qui revient comme une vieille ritournelle, en direction des ambassadeurs et autres consuls-flics accrédités à l’étranger : contre-carrer l’opposition et les dissidents dans les pays où ils jouiraient de plus de liberté et seraient coupables de traîtrise à l’égard de leur Patrie. Il faut dire qu’à constater l’état auquel Ben Ali a réduit les libertés en 19 ans de dictature militaro-policière, on ne peut assurément qu’être plus libre, où que l’on soit, ailleurs que dans cette vaste prison et sur cette terre à l’air irrespirable, depuis qu’un agent de renseignement, que rien ne prédestinait aux plus hautes fonctions, et les clans mafieux, qui lui sont alliés, ont empoché la République.
Ainsi donc, les années de braise se succèdent sans que le cauchemar cesse.
L’arrogance de ce pouvoir sanguinaire et corrompu tente même de se donner bonne conscience en projetant sur ses dissidents et dénonciateurs toutes les horreurs qu’il accumule lui-même depuis bientôt deux décennies.
À croire Ben Ali et les écrivassiers qui lui rédigent ses discours paranoïaques, la Tunisie vit un complot permanent et sans précédent dont l’origine trouverait sa trame à l’étranger : l’Union européenne qui condamne sa dérive autoritaire et l’appelle à respecter ses engagements internationaux en matière de droits de l’homme ; les avocats qui se révoltent car soumis à un goulot d’étranglement ; les magistrats sommés de prononcer des jugements décrétés à Carthage ou au ministère de l’Intérieur ; les islamistes amalgamés avec les terroristes d’El Qaïda ; les jeunes cybernautes etc.
Ce régime aux abois où s’installe imperceptiblement l’angoisse d’une fin de règne voit des terroristes et des comploteurs partout alors qu’il est en réalité le premier sinon le seul responsable de l’impasse politique et de la dérive mafieuse qui gangrènent la vie publique.
Ainsi, la perversité de ce régime a atteint son paroxysme ces dernières années à travers ce que Freud définissait comme la projection du coupable. Le père de la psychanalyse avait en effet théorisé cette forme de psychopathie grâce à la fâmeuse expérience du miroir qui renvoie au propre auteur d’abjections l’image la plus odieuse et la plus sordide de lui-même. C’est cette image insoutenable de soi que notre tyran refuse d’admettre en organisant sa transposition sur ses dissidents.
Le montage de cassettes pornographiques et des procès iniques contre les opposants et leurs familles, les accusations mensongères et le dénigrement systématique de ces derniers par le biais de la presse mercenaire, de tracts anonymes et, plus récemment, les sites internet à la solde du pouvoir en sont la preuve la plus éclatante.
Est-il encore temps de soigner pareille incurie ?
Force est de croire que non ! Et l’avis, cette fois, de six médecins compétents n’en serait qu’un juste retournement des choses…
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La gouvernance par la violence, la torture, l’injustice et surtout l’abus. Je regardais hier soir la télévision tunisienne, j’étais écoeuré de voir autant de tunisien saluer le passage de Ben Ali. Je me suis donc posé la question :"Sont-ils sadomasos ou inconscients ?" A moins que cela soit la peur de ne pas faire ce que la police ordonne ? Les O.N.G dénoncent de plus en plus de cas à la "SAMEH HARAKATI" et la Tunisie semble ignorer cette catastrophe humanitaire. J’en suis blasé…