« La Saga des Masques » met à nu les comédiens sur les planches. Derrière les jeux d’acteurs, les psychoses et névroses font surface.
Schizophrénie, paranoïa, narcissisme… non, on n’est pas chez le psy mais au théâtre ! Entre rêve et réalité, souvenirs et fantasmes, la pièce La Saga des Masques présente en une dizaine de tableaux l’inconscient de comédiens. Des comédiens qui jouent des comédiens, c’est bien de cela qu’il s’agit.
Mirette Cassis, dans son petit rôle de soubrette, n’a qu’une pauvre tirade : « Madame est servie ». La femme dévoile dans son jeu sa colère et son puissant désir de devenir une « vraie » comédienne, d’avoir le premier rôle. Cartoon Rivers, pantin désarticulé, tente lui de s’échapper de sa condition de marionnette. Fauvette Pipistrelle, chanteuse tragico-réaliste, s’enferme dans des chansons mélancoliques sur quelques notes de piano. Il y a aussi Lila Lila, la caricature de l’actrice-comédienne avec son accent à l’italienne, méprisante au possible ; ou encore Calibre Cornflakes, l’homme qui se verrait bien en haut de l’affiche, façon « Scarface ».
Les personnages sont parfois attachants mais aussi pathétiques lorsque tombe leur masque. La déraison plane tout au long de la pièce. La déraison au sens de Flaubert, pour qui « le métier des comédiens est un exutoire par où s’épanche leur déraison ».
À l’origine un projet de fin d’études, La Saga des Masques est devenue un spectacle professionnel. Les élèves-comédiens, récemment diplômés de l’école parisienne Charles Dullin, révèlent ici leurs qualités d’interprétation sous l’égide de leur professeur-metteur en scène Marc Delaruelle. Les personnages sont une partie d’eux-mêmes, un témoignage de leur propre introspection.
Du théâtre contemporain enivrant où le public est pris à partie et intégré au jeu, c’est aussi ça La Saga des Masques. Plus qu’une célébration du théâtre, cette pièce est une véritable psychanalyse du métier de comédien.
La Saga des Masques, De Marc Delaruelle, Avec : Xavier Bazoge, Moustafa Benaibout, Laura Domenge, Clémence De Vimal, Pauline Ferrara, Christopher Imbert, Cécile Martin, Jennifer Gabriel, Amélie Piot, Vincent Steinebach, Emile Vachon.
Du 7 au 30 avril | Au Théâtre du Petit Saint-Martin | 17, rue René Boulanger – 75010 Paris | Tarifs : 15€ / 20€