Le 19 novembre dernier, dans le cadre d’une opération anti-drogue au collège de Marciac (Gers), des gendarmes et des maîtres-chiens ont fouillé des élèves. Suffisamment brutalement pour que la ministre de l’Intérieur demande une enquête interne et pour que Zoé, 14 ans, témoigne. Voici son récit.
Le père de Zoé, Frédéric DAVID : Le week-end dernier, j’accueille ma fille Zoé – elle a 14 ans – de retour du collège de Marciac (Gers)… Elle me raconte son mercredi au collège… colère à l’intérieur de moi… révolte… que faire ? J’ai demandé à Zoé d’écrire ce qu’elle me disait là. Elle a accepté. Voici donc son témoignage, avec ses mots à elle.
« Il nous l’avait dit, le CPE, que des gendarmes allaient venir nous faire une prévention pour les 4ème et les 3ème. Ce mercredi là (19/11/2008), toutes les classes sont entrées en cours comme à leur habitude, en suivant les profs. A peine 10 minutes plus tard, nous étions assis, deux gendarmes faisaient déjà le tour de la salle où nous étions. La prof avec qui nous étions, les regardait en nous disant « Ils font leur ronde !?? ». Elle n’était à priori au courant de rien bien sûr. Soudain, la porte s’est ouverte, laissant entrer deux gendarmes… Enfin non, pas exactement ! Il y avait un monsieur chauve habillé en militaire (le dresseur de chien en fait !) et un gendarme très gros. Le chauve nous a dit : « Nous allons faire entrer un chien ! Mettez vos mains sur les tables, restez droit, ne le regardez pas ! Quand il mord, ça pique ! » Enfin il a dit ça, à peu près… Je me rappelle surtout du « Quand il mord, ça pique ! » Après, il est sorti deux minutes et est revenu avec deux autres gendarmes et le chien. Les gendarmes se sont placés aux deux extrémités de la classe tandis que le dresseur regardait son chien déjà à l’oeuvre. Le chien s’appelait Bigo. Bigo s’est acharné sur plusieurs sacs, en mordant et arrachant tout ce qui dépassait.
Quant à la prof, elle restait derrière son bureau bouche bée.
Le chien s’est attaqué au sac de mon amie, à coté de moi. Le dresseur a claqué des doigts en disant : « Sortez mademoiselle, avec toutes vos affaires ! » Elle a rangé son sac, s’est levée et s’est apprêtée à sortir mais le dresseur l’a repris vite : « Et ton manteau ! » Elle a rougi et emporté aussi son blouson. Plusieurs personnes de la classe sont ainsi sorties. Le chien vient alors sentir mon sac. Voyant que le chien ne scotchait pas, que rien ne le retenait là, le dresseur lui a fait sentir mon corps avant de s’empresser de me faire sortir. Dehors m’attendait une petite troupe de gendarmes… Enfin, non, pas dehors : nous étions entre deux salles de classe. Me voyant arriver, ils se dépêchèrent de finir de fouiller une autre fille. Mon amie était déjà retournée dans la classe. Quand ils eurent fini, ils s’emparèrent de mon sac et le vidèrent sur le sol. Un gendarme me fit vider les poches du devant de mon sac. Il vérifia après moi. Je n’étais pas la seule élève. Avec moi, il y avait une autre fille qui se faisait fouiller les poches par une gendarme. Ils étaient deux gendarmes hommes à la regarder faire. Le Gendarme qui fouillait mon sac vida ma trousse, dévissa mes stylos, mes surligneurs et cherchait dans mes doublures. La fille qui était là fouillée elle aussi, se fit interroger sur les personnes qui l’entouraient chez elle. Elle assurait que personne ne fumait dans son entourage. Ils la firent rentrer en classe.
C’était à mon tour ! La fouilleuse me fit enlever mon sweat sous le regards des deux autres gendarmes… Je décris : Un gendarme à terre disséquait mes stylos, un autre le surveillait, un autre qui regardait la fouilleuse qui me fouillait et le reste de la troupe dehors. Ne trouvant rien dans ma veste, elle me fit enlever mes chaussures et déplier mes ourlets de pantalon. Elle cherche dans mes chaussettes et mes chaussures. Le gars qui nous regardait, dit à l’intention de l’autre gendarme : « On dirait qu’elle n’a pas de hash mais avec sa tête mieux vaut très bien vérifier ! On ne sait jamais… » Ils ont souri et la fouilleuse chercha de plus belle ! Elle cherche dans les replis de mon pantalon, dans les doublures de mon tee shirt sans bien sûr rien trouver. Elle fouilla alors dans mon soutif et chercha en passant ses mains sur ma culotte ! Les gendarmes n’exprimèrent aucune surprise face à ce geste mais ce ne fut pas mon cas ! Je dis à l’intention de tous : « C’est bon arrêtez, je n’ai rien ! » La fouilleuse s’est arrêtée, j’ai remis mon sweat et mon fouilleur de sac m’a dit : « tu peux ranger ! ». J’ai rebouché mes stylos et remis le tout dans mon sac et suis repartie en classe après avoir donné le nom du village où j’habite. De retour en classe, la prof m’a demandé ce qu’ils ont fait. Je lui ai répondu qu’ils nous avaient fouillé. Je me suis assise et j’ai eu du mal à me consacrer aux maths !
Tout ça c’est ce que j’ai vécu, mais mon amie dans la classe à côté m’a aussi raconté. Le chien s’est acharné sur son sac à elle et elle a eu le droit au même traitement. Mais ses affaires sentaient, alors ils l’ont carrément emmenée à l’internat où nous dormons. Le chien s’est acharné sur toutes ses affaires m’a-t-elle dit. Le gendarme lui a demandé si elle connaissait des fumeurs de hash, vue qu’ils ne trouvaient rien. Elle leur a simplement répondu que le WE dernier elle a assisté à un concert ! Le CPE l’a ramené ensuite au collège et elle m’a raconté. Après les cours, le principal a rassemblé tous les élèves et nous a dit que bientôt allait avoir lieu une prévention pour tout le monde.
Une prévention ? Avec des chiens ? Armés comme aujourd’hui ? Une élève de 4ème nous a dit que le chien s’est jeté sur son sac car il y avait à manger dedans. Elle a eu très peur. Les profs ne nous en ont pas reparlé… Ils avaient l’air aussi surpris que nous ! Tous les élèves de 3ème & 4ème ont du se poser la même question : Que se passe-t-il ? Et tous les 6ème et 5ème aussi même si ils n’ont pas été directement concernés ! »
Zoé
Qu’en pensez vous ? Que dois je faire ? Qui parle de violence ? Il me semble important d’écrire ici que, ni le principal, ni quiconque du collège a jugé important de communiquer sur ces faits ( !?) Nous sommes lundi 24/11/2008, il est 15h30 et si Zoé ne m’en avait pas parlé, je n’en saurais rien. Combien de parents sont au courant ? Les enfants « victimes » – et je pèse ce mot – de ces actes sont en 4ème et 3ème. Ils ont donc entre 12 et 14 ans ! Je n’en reviens pas….
Frédéric DAVID
Frédéric DAVID : « Conscients aujourd’hui de l’impact de la forte mobilisation publique suscitée par les « événements » du mercredi 19 novembre au collège de Marciac, satisfaits également de la prise en compte de notre appel citoyen, et entendant les décisions annoncées par les ministres concernés, NOUS AVONS DÉCIDÉ D’ANNULER LE RASSEMBLEMENT PRÉVU CE VENDREDI 5/12 à MARCIAC.
Je souhaite personnellement remercier ici les nombreux soutiens (individuels ou collectifs) qui m’ont accompagné dans cette démarche. Sans vous, rien de tout cela ne serait arrivé ! Merci pour vos précieux conseils, pour vos simples mots qui m’ont permis à chaque fois de ne pas me sentir seul.
Etre debout, et vouloir que nos enfants aient besoin de toujours être respectés ! La violence morale ou physique ne fait qu’engendrer une réponse violente !
L’engagement paie et peut déclencher de véritables mouvements. C’est une victoire, mais restons vigilants, la conscience en éveil ! Restons citoyens ! Restons adultes ! Nos enfants ont tellement besoin de nous en ces temps si troubles !
Un père, Un homme, Frédéric DAVID »
"Répondre poliment et sans gros mots" : No, we can’t.(Ha les ☻ !♥♦☻♣♠♪♀ !)
Rapport de la commission sur l’établissment de l’âge pénal à 12 ans (Source La croix) : "Certains membres de la commission, notamment des avocats et des policiers, auraient préféré l’âge de 10 ans."
Et aussi (et toujours, soupir…) : Si votre seul outil est un marteau alors votre problème est un clou.
Et enfin : un pensée pour tous les gens en colère et tous les collègiens qui tombent des nues.
>>Personne ne doute que plus jamais aucun des élèves de cet établissement ne s’approchera du moindre pétard après une telle démonstration.
Mouahaha, je me rappelle au lycée (il y a tout juste 10ans) des flics avaient aussi fait une descente (mais c’était beaucoup moins bourrin qu’aujourd’hui), on avait eu droit à des discours débiles de prévention (un flic avait même fait de la provoque en ouvrant une fenêtre dans la salle de classe et en beuglant un "ça sent le shit ici !"). Vous croyez vraiment qu’on avait arrêter de tirer sur des pétards ? Quel naïveté !
C’est un faux problème tout ça, c’est complètement absurde, la recherche stérile de bouc émissaire. La dépénalisation règlerait tous les problèmes (mieux même si l’état s’occupait de la vente il y aurait moins de produit coupé et pourri qui circulerait), toutes les études montrent qu’il n’y aurait pas plus de fumeurs. Encore plus radical, mais il faut bien que la vérité soit dite, la dépénalisation et la gestion des drogues dures est aussi la solution : moins de produits dangereux, disparition des mafia de la drogue, pas plus de consommateurs et une gestion des drogués sévères qui coûterait moins cher à la société que tout ce combat vain contre la drogue (voyez à ce propos les articles qui circulent à ce sujet en Amérique du Sud). La prohibition (comme pour l’alcool) n’est pas du tout la solution.