L’anatomiste allemand Gunther von Hagens, dit aussi « Docteur la mort », expose à Londres près de deux-cents véritables corps humains.
« Docteur la Mort » a encore frappé. Il y a trois ans Gunther von Hagens réalisait des autopsies à la télévision anglaise pour enseigner l’anatomie au grand public. Il expose maintenant près de deux-cents spécimens humains pour expliquer le fonctionnement de notre corps. Visite à Londres de cette exposition fascinante.
Squelettes, organes, muscles, vaisseaux sanguins, Gunther von Hagens n’épargne rien à la vue du public. L’anatomiste allemand expose près de deux-cents spécimens humains au centre 02 à Londres. A la fois dérangeante et passionnante, « Body Worlds and the Mirror of Time » [1] dévoile le cycle de la vie d’une manière particulièrement crue. Le visiteur est embarqué dans une exploration du corps dans tous ses états.
Le début est soft. Un embryon est posé sur une table. Il baigne dans un liquide transparent et n’a que huit semaines. Il est aussi grand qu’une noisette et l’on peut déjà apercevoir son visage, ses bras et ses jambes. Mais ensuite la visite se corse. Un peu plus loin, le corps d’une femme enceinte sans peau est exposé. On peut apercevoir son enfant de quelques mois dans son ventre. Puis on découvre un joueur de basket ball attrapant son ballon, un jockey sur son cheval (lui aussi décharné) et un peintre concentré devant sa toile. Gunther von Hagens ne lésine pas sur la mise en scène.
Il présente tous ces cadavres comme des marionnettes avec muscles, organes et os à l’air. La frontière entre l’anatomie et l’art plastique paraît mince dans le monde de Gunther von Hagens. Est-il un scientifique ou un artiste ?
« Gunther von Hagens veut sensibiliser le public sur les forces et faiblesses de notre organisme. Il utilise sa science pour éduquer et expliquer par exemple les méfaits du tabac et de l’alcool », précise Gareth Strangemore-Jones, chargé de la communication de l’exposition. Des organes sains et malades sont en effet exposés dans des vitrines comme ce poumon gris infecté par la nicotine. Des coupes de cerveaux humains permettent aussi de comprendre les effets des migraines ou de la maladie d’Alzheimer.
Gunther von Hagens sait pourtant exploiter la fibre sensationnelle. Le slogan « véritables corps humains » est spécifié sous le titre de chacune de ses expositions qui a lieu au Canada, en Belgique ou encore aux Etats-Unis. Un argument de vente pour cet anatomiste hors du commun.
Mais qu’est-ce qui a poussé ce savant fou à exposer de véritables corps humains ? « Il en avait marre de voir les organes exposés comme des pickles [2] dans des bocaux », affirme avec un certain humour son chargé de communication. L’anatomiste a donc inventé son propre procédé appelé « plastination ». Pour conserver les corps, il injecte du polymère à la place des graisses, de l’eau et du sang. En durcissant, cette matière donne aux organes et aux sujets un aspect plastifié. Résultat, il faut avouer qu’après quelques minutes, on oublie presque que l’on est face à de véritables corps humains.
Cette exposition a été réalisée grâce aux dons de personnes décédées. « Tous les individus présentés ont accepté de donner leur corps à la science dans un but éducatif », précise Gareth Strangemore-Jones. En tout cas, cet argument n’a pas suffit pour permettre l’installation d’une des expositions de Gunther von Hagens à Paris. Refusé à La Villette, l’exposition « Our Body » a donc eu lieu cet été à Lyon.
Ce « Docteur la Mort », ainsi surnommé dans la presse allemande, soigne particulièrement son image. Toujours vêtu d’un chapeau noir, il veut ainsi imiter Docteur Nicolas Tulp, un anatomiste du XVIIe siècle peint par Rembrandt. Le chapeau noir signifiait à la Renaissance l’indépendance des anatomistes face aux normes sociales de leur temps. Sans aucun doute, Docteur Von Hagens fait également partie de ceux qui déroutent les normes sociales de notre époque. Avec « Body Worlds and the Mirror of Time », il confirme à nouveau son statut d’avant-gardiste dans sa manière d’enseigner l’anatomie au grand public. Reste à voir quelle sera la prochaine surprise qu’il sortira de son chapeau noir !
Une exposition à voir avant le 23 août 2009 au centre d’exposition 02 à Londres.
Site internet officiel de l’exposition :
http://www.visitlondon.com/bodyworlds/index
Je vous invite a lire le texte en préambule de la pétition pour la suspension de l’exposition de Lyon. http://www.hermeneute.com/ourbody/ ?cat=3 Il n’est pas question de s’effaroucher sur la présence de vrais cadavres en se voulant le garant d’une quelconque bonne morale. Mais plutôt de s’interroger sur la véritable provenance des corps ainsi que sur l’aspect tout à fait mercantile de d’une manifestation prétendument scientifique.
Je tiens également à joindre ce lien http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/vie-1/d/les-condamnes-a-mort-chinois-des-reservoirs-dorganes_8734/ en complément.
Je suis assez déçu que Bakchich se fasse l’écho de cette exposition et dresse ce portrait trop flatteur de Hagens. j’aurais compris tel article dans Libé et cie. j’attend de bakchich moins de complaisance envers la culture "spectaculaire" et le CAC 40 des artistes contemporains. J’ai trouvé le CV de L’auteur(e) de ce "papier" sur le net ceci explique peut-être cela.
http://209.85.129.132/search ?q=cache:GufYDRwkwdIJ:laurene.casseville.free.fr/IMG/doc/CV_Laurene_Casseville_francais_2008.doc+LAURÈNE+CASSEVILLE&hl=fr&ct=clnk&cd=3&gl=fr
Salutation d’un mauvais esprit